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Len Gibson : pionnier de la danse en Ontario

Len Gibson (Photo : archives de l’Union of British Columbia Performers)

"Le regretté Len Gibson était un pionnier de la danse contemporaine, venu à Toronto où il a encouragé la communauté de danseurs afro-canadiens installée dans la province à s’imposer dans le monde de la danse canadienne."

Par

P. Afua Marcus

Le patrimoine Noir

Date de publication :10 nov. 2011

Photo : Len Gibson (Photo : archives de l’Union of British Columbia Performers)

À l’occasion de cette année déclarée Année internationale des personnes d’ascendance africaine par les Nations Unies, je songe à la danse dans les communautés issues de la diaspora africaine. Cette forme d’art est l’un des principaux domaines culturels qui jouent un rôle positif dans la vie des communautés afro-canadiennes de l’Ontario, physiquement et spirituellement.

Le regretté Len Gibson était un pionnier de la danse contemporaine, venu à Toronto où il a encouragé la communauté de danseurs afrocanadiens installée dans la province à s’imposer dans le monde de la danse canadienne. L’éthique de travail de Gibson a permis à cette communauté d’artistes, qui a étudié avec lui, d’entrevoir une carrière dans la danse. Parmi les membres notables de la communauté de danseurs afro-canadiens ayant travaillé avec Len Gibson, citons : Debbie Costello, Len Henry, Shani Williams et Vivine Scarlett.

Leornard W. Gibson dit « Len » est né le 13 novembre 1926 à Athabasca (Alberta). Sa famille s’installe ensuite en Colombie-Britannique. Ses parents sont venus au Canada en provenance du Sud des États-Unis et des Caraïbes. À l’âge de cinq ans, Gibson, danseur de claquettes autodidacte, se produit dans des spectacles locaux à Vancouver avec sa soeur Thelma. À 19 ans, grâce à une bourse, Gibson entame des études à New York auprès de Katherine Dunham, puis devient membre de la compagnie résidente de cette dernière. Sur place, il s’initie au style afro-cubain et prend des cours de claquettes, de jazz, d’espagnol, de percussions orientales, de création de costumes et de décors.

Il étudie avec Jose Limon et Syvilla Fort, entre autres grands pionniers de la danse. Dans les années 1960, Gibson participe à des tournées en Europe où il s’illustre comme acteur, chanteur, danseur et chorégraphe. Il est aussi l’un des principaux danseurs du Theatre Under the Stars de Vancouver, où il écrit et chorégraphie Bamboula, qui constitue une double première : il s’agit de la première comédie musicale produite par la Société Radio-Canada (SRC) depuis Vancouver, et de la première distribution interraciale à paraître en Amérique du Nord. Cette production devance en effet toutes les oeuvres avec une distribution interraciale présentées par des artistes américains.

Quand Gibson s’installe à Toronto, il ouvre le Studio of Dance Theatre Arts. Plus tard, il enseigne au Yorkville Performing Arts Studio. Gibson accumule les collaborations en tant qu’interprète, régisseur et chorégraphe au cinéma, à la télévision et à la radio dans des productions comme Un violon sur le toit, West Side Story, Blanches colombes et vilains messieurs, Hello Dolly!, Finian’s Rainbow et Indigo de Salome Bey.

Sa contribution notable à la scène de la danse de Toronto est documentée sur plus de 30 ans. Quand Gibson quitte Toronto, c’est pour retrouver Vancouver où il continue dans la danse, le théâtre et la télévision, jusqu’à son décès en 2010. En 2000, il reçoit le prix Harry Jerome récompensant l’ensemble de son oeuvre artistique. Black dancers in Canada lui décerne également un Prix de distinction. La postérité retiendra Gibson comme un pionnier de la danse et un pilier du métier.