Partager:

Les forts : patrimoine de l’Ontario

« A View of Amherstburg, 1813 », par Margaret Reynolds. Avec l’aimable autorisation de Parcs Canada, lieu historique national du Canada du Fort-Malden

Photo : « A View of Amherstburg, 1813 », par Margaret Reynolds. Avec l’aimable autorisation de Parcs Canada, lieu historique national du Canada du Fort-Malden

Par

Dennis Carter-Edwards

Le patrimoine militaire

Published Date: févr. 17, 2012

La guerre de 1812 marque le début d’une histoire fascinante pour de nombreux forts de l’Ontario.

Afin de protéger des points stratégiques dans tout le Haut-Canada, les Britanniques investissent des ressources considérables en vue de défendre la colonie contre l’envahisseur américain. Après la guerre de 1812, nombre de ces fortifications tombent en décrépitude. Toutefois, ces sites trouvent un second souffle avec la montée de la rébellion en 1837 et les attaques frontalières subséquentes. Les Britanniques mobilisent alors de nouvelles ressources pour rénover de nombreux forts. Puis, avec la Confédération, la responsabilité de ces sites est confiée au nouveau gouvernement canadien.

Certaines propriétés continuent de servir des objectifs militaires, alors que d’autres trouvent de nouveaux usages. La disparition progressive de certains forts attire l’attention de groupes de défense du patrimoine. En 1889, la Lundy’s Lane Historical Society se bat pour que l’on érige un repère commémoratif sur ce champ de bataille historique. L’action des groupes de défense du patrimoine évolue néanmoins au fil du temps, passant de la simple commémoration des sites à la promotion active de leur préservation, comme en témoigne le site de Niagara. En 1905, la Niagara Historical Society mène avec succès une campagne pour que le gouvernement s’engage à préserver le site historique de Fort George.

La menace pesant sur Fort York à Toronto donne lieu à une lutte encore plus intense. En 1903, le gouvernement fédéral vend la réserve militaire à la municipalité, laquelle accepte de préserver les terrains et de restaurer le site pour qu’il retrouve sa configuration de 1816. Or, contrairement à l’entente, les représentants municipaux prévoient de faire passer une ligne de tramway directement à travers le fort, démolissant ainsi plusieurs bâtiments le long du trajet. Sous la direction de la Société historique de l’Ontario, les tenants de la préservation du Fort-York s’engagent dans une campagne vigoureuse pour contrer ces plans.

Les résidents d’Amherstburg déploient des efforts encore plus ambitieux pour protéger les ruines de Fort Malden. En 1904, ils demandent au gouvernement fédéral d’acquérir le site et de le convertir en parc historique national. Malgré son intérêt, le gouvernement ne possède alors aucun moyen de créer de tels parcs. La Division des parcs du Dominion établie en 1911 se préoccupe davantage de la gestion des parcs et des forêts. Mais l’intérêt pour un programme national de défense du patrimoine gagne du terrain avec la création en 1919 de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

Les premiers travaux de cette Commission coïncident avec la cession du surplus de domaines militaires, qui est directement à l’origine de l’acquisition en 1924 de Fort Wellington, à Prescott, pour en faire un parc historique. Le précédent étant établi, le groupe de défense du patrimoine d’Amherstburg redouble d’efforts pour que Fort Malden soit également racheté.

Pendant la Grande Dépression, tous les gouvernements cherchent à stimuler la croissance économique et à lutter contre le chômage. L’Ontario s’engage dans un programme ambitieux de reconstruction des forts à Kingston et à Niagara. Ces projets visant à créer du travail ont favorisé l’emploi et renforcé le potentiel touristique des forts aux yeux des visiteurs américains. Ironiquement, ces monuments – construits à l’origine pour repousser les forces américaines – sont restaurés pour attirer les touristes des États-Unis.

Pendant la reconstruction des bâtiments de nos forts et la remise en état de leurs terrains, l’authenticité historique doit se plier à de nombreux compromis, étant donné que la philosophie sous-tendant la commémoration fait alors passer la satisfaction des visiteurs avant le réalisme de la reconstruction. Cela change dans les années 1970 lorsque la Division des parcs devient Parcs Canada et qu’un nombre croissant d’historiens, d’archéologues et de restaurateurs soutiennent la mise en place d’un solide programme national de commémoration du patrimoine.

Aujourd’hui, alors que l’Ontario se prépare à commémorer le bicentenaire de la guerre de 1812, le riche héritage représenté par ces forts et parcs historiques fait ressurgir de façon mémorable cette période cruciale de l’histoire de notre province.