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Un trésor archéologique au cœur d’un parc provincial

Parc provincial des Pétroglyphes

"Les pétroglyphes de Peterborough forment la plus grande concentration de gravures sur roche autochtones connues au Canada. On compte plus de 900 dessins reproduisant une grande variété de formes animales et humaines, ainsi que des représentations artistiques symboliques et abstraites. Ces gravures témoignent de la richesse spirituelle des peuples algonquins qui les ont réalisées entre 900 et 1400 apr. J.-C. Tandis que Parcs Ontario est responsable de l’exploitation du parc, la Première Nation de Curve Lake agit en tant que gardienne spirituelle de ce site sacré (qu’elle appelle « Kinomagtewapkong », c’est-à-dire « les roches qui enseignent »). Curve Lake gère également le centre d’accueil afin de transmettre aux visiteurs la valeur spirituelle de ces roches."

Par

Katherine McIntyre

L'archéologie, Les arts et la créativité

Date de publication :15 févr. 2013

Photo : Parc provincial des Pétroglyphes

Article reproduit avec autorisation – Une traduction libre (Windspeaker, Volume 28, Numéro 4, 2010)

La plus grande collection de pétroglyphes d’Amérique du Nord est restée intacte pendant des siècles. En 1954, au cours d’un levé, trois géologues découvrent ces étranges dessins gravés sur un affleurement de marbre/ calcaire cristallin caché en pleine forêt boréale, juste à la lisière sud du Bouclier Canadien.

La presse est prévenue, mais ces gravures resteront intactes jusqu’à ce que deux experts de l’Université Trent dévoilent, en 1967, que plus de 900 pétroglyphes ont été gravés au fil des siècles par des peuples de Premières Nations nomades sur une étendue rocheuse de 24,6 mètres sur 14,6 mètres, au cœur de la forêt, à 40 kilomètres de Peterborough, en Ontario.

En règle générale, les pétroglyphes – de petites figures gravées dans la roche et représentant des scènes de la vie quotidienne – se trouvent sur des surfaces escarpées verticales dans des endroits inaccessibles et reculés des quatre coins du monde. Il en est tout autrement des pétroglyphes de Peterborough, auxquels on attribue un caractère sacré.

Ces mystérieux pétroglyphes figurent sur un affleurement de marbre cristallin blanc et lisse, telle une assiette géante s’étendant légèrement vers le sud-est et entièrement entourée par une forêt dense. On dit que les crevasses profondes observables à la surface mènent au monde spirituel et qu’un filet d’eau sous-terrain est un endroit où l’esprit s’exprime.

Si l’on ignore à quand remontent officiellement ces gravures, on estime que les Algonquins nomades ont découvert cette étendue de marbre entre 900 et 1400 de notre ère.

À l’aide d’outils en pierre ou en os aiguisés, ils ont dessiné leurs histoires dans la roche. Toutefois, parce qu’on n’y trouve aucune trace de la vie quotidienne, on pense que ces gravures racontent des histoires empreintes d’une profonde spiritualité ayant trait à la culture et aux croyances de ces nomades ancestraux.

Revenons maintenant à la fin du XXe siècle. Les histoires de cette roche unique commencent à faire le tour du monde et le gouvernement provincial de l’Ontario reconnaît l’intérêt historique spécial du site.

Lors de brèves consultations avec des représentants de la Première Nation de Curve Lake toute proche, le gouvernement provincial décide de s’impliquer dans la protection des gravures en aménageant un parc provincial. Une enceinte climatisée en verre est ensuite construite pour préserver les pétroglyphes, qui commencent à présenter des signes de détérioration sous l’effet des algues et des pluies acides, tandis que le parc alentour conserve, lui, sa nature de forêt boréale.

« L’enceinte en verre a suscité la controverse », déclare Anne Taylor, Ojibwa et archiviste en charge de la culture auprès de la Première Nation de Curve Lake. « Nous croyons que tout retourne à la nature. À l’origine, ces œuvres d’art rupestre étaient recouvertes de mousse qui les protégeait. Il suffisait d’écarter la mousse pour les admirer. Le verre et l’acier n’étaient peut-être pas les bons matériaux de construction. Et puis nous estimons que l’édifice n’est pas vraiment orienté vers l’est comme le veut notre coutume. »

« Néanmoins, précise-t-elle, ces roches constituent un lieu d’enseignement. Leur savoir est perceptible. Les gens viennent du monde entier en quête de ce qui manque à leur vie. Cet endroit est bénéfique! »

Dans le parc, des panneaux demandent aux visiteurs de rester silencieux et de respecter ces roches sacrées, qu’il est interdit de photographier. En revanche, les Aînés ont le droit de faire brûler de la sauge, du cèdre, de la hierochloé odorante et du tabac sur une pierre à offrandes lors des cérémonies sacrées qui se tiennent dans l’enceinte en verre.

La Première Nation de Curve Lake et Parcs Ontario ont bâti un partenariat unique en son genre. La Première Nation de Curve Lake est la gardienne principale du Parc provincial des Pétroglyphes et les membres de la tribu sont les gardiens officiels de ce qu’ils appellent fièrement leurs « Kinomagewapkong », c’est-à-dire « les roches qui enseignent ». Leur comité des pétroglyphes travaille de concert avec Parcs Ontario. Les étudiants de la réserve sont en charge de l’entrée et collaborent aussi à l’entretien du parc.

La petite boutique de cadeaux vend des articles fabriqués à la main par les membres de la réserve de Curve Lake, tandis que le centre d’interprétation « Learning Centre », consacré au Cercle d’influences ojibwa, est géré par Parcs Canada.

Afin de préserver ce refuge de sérénité et de tranquillité, on ne trouve pas de stands d’alimentation dans le parc. Seuls des sentiers de randonnée pédestre sillonnent les forêts, les terres humides et les crêtes rocheuses environnantes.

Le Parc provincial des Pétroglyphes se situe au 2249 Northey’s Bay Road à Woodview, en Ontario, et peut être joint par téléphone au 705 877-2552. Il est ouvert tous les jours de 10 h à 17 h jusqu’au jour de l’Action de grâces. Des soirées spéciales sont organisées tous les mardis et mercredis des mois de juillet et d’août.