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Étude de cas : Palais de justice du district de Thunder Bay

Palais de justice  du district de Thunder Bay (Photo : Courthouse Hotel)

Photo : Palais de justice du district de Thunder Bay (Photo : Courthouse Hotel)

Par

Kiki Aravopoulos

L'économie du patrimoine, Les bâtiments et l'architecture, La communauté, Réutilisation adaptative

Published Date: oct. 01, 2019

Adresse : 277, rue Camelot, Thunder Bay
Propriétaire
: David Sun, entrepreneur/investisseur
Partenaires
: Ascend Hotels
Fonction initiale
: Palais de justice
Emploi actuel
: Hôtel et centre de conférence/site événementiel

L’ancien palais de justice du district de Thunder Bay est érigé sur une arête surplombant la formidable formation topographique du Sleeping Giant. Construit en 1924, cet édifice de style Beaux-Arts édouardien néoclassique a fermé ses portes en 2014, les terres restant en possession du gouvernement de l’Ontario. Vendue à l’investisseur David Sun en 2017, cette propriété est protégée par une servitude protectrice de la Fiducie du patrimoine ontarien afin de garantir qu’elle reste un symbole provincial et que toute modification éventuelle respecte les principes avisés de la conservation patrimoniale.

Après deux années de travaux d’adaptation, le palais de justice a rouvert ses portes en mai 2019, sous le nom de Courthouse Hotel. Pratiquement inchangée, la façade extérieure conserve ses principales caractéristiques patrimoniales, à l’image des garnitures et des éléments architecturaux en calcaire dolomitique de Tyndall. Devant, la propriété est toujours agrémentée d’une vaste pelouse offrant une vue imprenable sur le Sleeping Giant. À l’intérieur, la salle d’audience fait désormais office de grand salon, avec son plafond à caissons, ses colonnes corinthiennes, sa frise d’oves et ses boiseries.

Dernièrement, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec le propriétaire, David Sun, pour en savoir plus sur le vaste projet de conservation intégrée qu’il a mené dans cet édifice patrimonial de premier plan.

La salle de bal du palais de justice de Thunder Bay (Photo : Courthouse Hotel)

1. Comment avez-vous appris que le palais de justice de Thunder Bay était à vendre? Étiez-vous à la recherche d’un édifice patrimonial dans l’idée de mener un projet de conservation intégrée? Aviez-vous déjà investi dans des biens de ce type?

J’ai déniché l’annonce de vente du palais de justice de Thunder Bay sur le système MLS et j’avoue que ce bien m’a plutôt intrigué. C’est le premier édifice patrimonial de mon portefeuille. J’ai vu qu’il recélait un fort potentiel, ce qui m’a incité à entreprendre mon propre projet de conservation intégrée.

2. Quel a été le plus gros défi à relever pour assurer la conservation intégrée du palais de justice de Thunder Bay? Quelle étape du projet a été la plus gratifiante?

De manière générale, cette expérience s’est révélée incroyablement enrichissante. Bien entendu, un projet de cette nature s’accompagne de nombreux défis. La servitude protectrice de la Fiducie du patrimoine ontarien nous imposait notamment de préserver divers éléments, mais au-delà de ces exigences, nous avons fait tout notre possible pour conserver et intégrer au maximum l’histoire et la personnalité de cet édifice au sein de notre hôtel. Par exemple, la porte de certaines chambres d’appoint à l’étage – anciennement des bureaux – était surmontée de panneaux de verre qui me plaisaient énormément et que je tenais à préserver. Nous avons dû composer avec le Code de prévention des incendies et le Code du bâtiment pour veiller au respect des normes de sécurité modernes, en touchant le moins possible à tous ces ornements d’origine si caractéristiques.

3. Comment avez-vous géré les exigences de la servitude protectrice, du Code du bâtiment, des normes d’accessibilité et du groupe hôtelier? Avez-vous constaté des contradictions? Comment êtes-vous parvenu à concilier tous ces paramètres?

Le Courthouse Hotel est un établissement sous label Ascend Hotel Collection du groupe Choice Hotels. Ascend Hotel Collection est un réseau d’hôtels insolites mettant à l’honneur le patrimoine historique. La majorité des hôtels de la chaîne sont installés dans des édifices patrimoniaux revêtant une vraie importance culturelle dans leur collectivité, ce qui correspondait parfaitement à notre projet. De ce fait, nous n’avons rencontré aucune des problématiques généralement associées aux enseignes hôtelières où tout est normalisé. Nous avons pu intégrer facilement la marque Ascend Hotel, sans aucune contrainte ou presque.

4. Combien de personnes sont employées à l’hôtel? Combien d’intervenants ont participé au projet de conservation intégrée? À quels corps de métier avezvous fait appel (charpentier, plombier, électricien, etc.)? Avez-vous recruté localement?

L’hôtel compte actuellement 15 employés. Au total, six entrepreneurs différents sont intervenus dans le projet de conservation intégrée, le nombre d’ouvriers (charpentiers, plombiers, électriciens, etc.) variant selon le stade du processus. Tous les contrats ont été conclus localement, y compris avec les entreprises de décoration et d’aménagement intérieur.

5. Comment la collectivité a-t-elle réagi?

Nous avons reçu un accueil on ne peut plus favorable de la part des membres de la collectivité. C’est tellement agréable d’entendre et de lire tous ces commentaires élogieux sur la transformation que nous avons opérée. C’est très gratifiant d’apprendre que l’on nous remercie d’avoir mis ce lieu à la disposition de la collectivité, qui peut en profiter à loisir. D’anciens juges, avocats, employés et jurés se sont arrêtés à l’hôtel pour voir comment nous avions réaménagé l’ancien palais de justice. C’est vraiment extraordinaire de découvrir l’histoire de cet édifice et d’écouter toutes les anecdotes de la population.

Source : Entretien avec Kiki Aravopoulos, coordonnatrice du Programme d’acquisition des servitudes auprès de la Fiducie du patrimoine ontarien. Photos avec l’aimable autorisation de David Sun.