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Des collectivités qui épousent nos paysages

Tom Thomson, Canoe Lake, Mowat Lodge, 1914, huile sur contreplaqué, 21,4 x 26,7 cm. Collection de la Galerie d’art Tom Thomson, Owen Sound. Don de la Fiducie du patrimoine ontarien et des héritiers de Stewart et Letty Bennett, 1988.

"Depuis 1956, la Fiducie du patrimoine ontarien a dévoilé des plaques commémorant 17 peintres."

Par

Beth Anne Mendes

Les arts et la créativité

Date de publication :15 févr. 2013

Photo : Tom Thomson, Canoe Lake, Mowat Lodge, 1914, huile sur contreplaqué, 21,4 x 26,7 cm. Collection de la Galerie d’art Tom Thomson, Owen Sound. Don de la Fiducie du patrimoine ontarien et des héritiers de Stewart et Letty Bennett, 1988.

L’Ontario est la patrie d’artistes canadiens de toutes disciplines. Depuis le milieu du XIXe siècle, les peintres en particulier s’efforcent de capturer le sentiment d’harmonie unique qui caractérise l’Ontario. Des aquarelles du XIXe d’Elizabeth Simcoe, dépeignant les origines du Haut-Canada, aux toiles de Jack Chamber immortalisant London et sa région au cours des années 1960, le paysage de l’Ontario a inspiré de nombreux peintres professionnels et amateurs. Du fait d’une tradition de soutien profondément ancrée dans les collectivités, leurs œuvres prolifiques continuent d’être appréciées par des admirateurs enthousiastes.

Elizabeth Simcoe (1762-1850) a produit une série d’esquisses et d’aquarelles qui sont autant de témoignages directs du paysage ontarien de la première heure. Même si des artistes comme Paul Kane (1810-1871) et Cornelius Kreighoff (1815-1872) ne sont pas des paysagistes à proprement parler, les cadres de leurs scènes de vie coloniale en plein air constituent une source d’information sur la région et le temps.

L’influence pastorale des peintres britanniques tels que John Constable (1776-1837) imprègne le travail de nombre de leurs confrères ontariens du tournant du XXe siècle. Homer Watson (1855-1936) est fortement influencé par Constable, tout comme les premières œuvres d’Arthur Lismer (1885-1969). De même, le marché de l’art nord-américain de l’époque subit de plein fouet l’influence des marchés britannique et européen. Les œuvres d’art étrangères arrivent sur le marché canadien par Montréal et New York. Outre la majesté des chutes Niagara, la plupart des paysagistes ontariens de la période préfèrent représenter des tableaux marqués par la présence de personnes qui capturent l’essence du monde extérieur.

Le glissement de cette approche vers le paysage s’opère en 1912, lorsque Tom Thomson (1877-1917) peint ses premières scènes vivaces du parc Algonquin. À l’aide de croquis audacieux, de couleurs vives et de coups de pinceau brefs, à l’instar de certains peintres postimpressionnistes, Thomson immortalise les paysages spectaculaires du parc dans le style qui le caractérise. Ses contemporains, qui formeront plus tard le Groupe des sept, ne tardent pas à le suivre dans le parc, dans les régions de la baie Georgienne et de la rivière French ainsi que dans le district d’Algoma. Voyageant souvent en train, ces artistes peignent les paysages sauvages, accidentés et isolés du Nord de l’Ontario. Les forêts boréales, les affleurements rocheux et les voies d’eau majoritairement vierges du bouclier précambrien offrent une abondance de sujets, d’autant plus que les différences marquées provoquées par les changements de saison poussent les artistes à revenir peindre les mêmes endroits à plusieurs reprises. De par leurs interprétations uniques de la nature sauvage ontarienne, Tom Thomson et le Groupe des sept ont engendré un style canadien distinct.

Contemporain du Groupe des sept, David Milne (1882-1953) peint certaines de ses œuvres les plus remarquables dans la région du lac Six Mile, juste au nord d’Orillia. En tant que jeune paysagiste, Doris McCarthy (1910-2010) se rend au parc Algonquin, à Haliburton et à Muskoka pour peindre les paysages accidentés qui la rendront célèbre. Bien que McCarthy ait peint dans le Haut-Arctique et dans tout le Canada, elle aimait également peindre dans son propre jardin, au « Paradis d’une folle », à Scarborough. Les artistes ontariens continuent de peindre des paysages qui sont proches de chez eux. Des éléments urbains modernes se sont frayé un chemin jusqu’aux toiles de nombreux peintres, comme en témoigne l’œuvre de Jack Chambers (1931-1978). Christine Pflig (1936-1972) a peint nombre de ses célèbres paysages urbains de Toronto en regardant par la fenêtre de sa cuisine.

Dans toute la province, on trouve des galeries florissantes, des organismes et des événements qui soutiennent les artistes ontariens et le fruit de leur travail. Outre les grandes collections institutionnelles, comme celles des universités et du gouvernement de l’Ontario, pratiquement chaque ville de la province dispose d’un espace consacré à l’exposition publique d’art. Bien qu’originellement créés pour mettre en valeur un artiste ou une collection individuels, les lieux tels que la Maisonmusée Homer Watson de Kitchener, la Galerie d’art Tom Thomson d’Owen Sound ou la Galerie d’art Varley de Markham, ont évolué au fil du temps pour devenir des espaces accueillant et exposant volontiers le travail des autres. Des galeries comme l’Above Ground Art Gallery du Musée de Timmins, la Station Gallery à Whitby ou The Art Gallery (TAG) de Cornwall appuient fortement le travail des artistes locaux et leur accordent la priorité.

Les petites collectivités hébergent souvent des galeries et expositions d’art au sein de leur bibliothèque locale, d’un bâtiment patrimonial, d’un centre communautaire ou d’un bureau municipal. En 2010, la Ville d’Aurora a ouvert son centre culturel dans la Church Street School restaurée. Deux galeries d’art s’en partagent l’espace avec un musée et une salle de spectacle. À Brampton, le Peel Art Gallery Museum + Archives intègre aussi des bâtiments historiques dans ses locaux administratifs et d’exposition. En plus d’exposer des œuvres d’art, ces installations tissent également des liens avec leurs communautés au sens large en proposant des programmes publics et des événements spéciaux aux groupes scolaires, aux familles et aux adultes.

Les programmes d’artistes résidents sont répandus au sein des établissements d’enseignement et des galeries de l’Ontario, mais se retrouvent aussi dans certaines aires de conservation, certains parcs provinciaux, certains hôpitaux et certains centres de soins de santé. Les événements locaux de type « art dans le parc », populaires dans les années 1970, continuent de prospérer. Fréquemment associées à des marchés, festivals, foires ou campagnes de financement locaux, ces manifestations organisées en plein air donnent aux artistes professionnels et amateurs l’occasion d’exposer et de vendre leurs œuvres. À titre d’exemple, le festival-concours d’Ottawa, The New Art Festival, est organisé par les artistes pour les artistes et fête sa 20e édition en 2013. L’influence du mouvement de l’« art dans le parc » a également donné naissance récemment à des événements annuels plus importants, comme par exemple, à Toronto, Luminato, Nuit Blanche, ou l’Outdoor Art Exhibition sur Nathan Phillips Square. De plus, des circuits d’ateliers d’artistes locaux donnent aux amateurs d’art la possibilité de visiter les espaces de travail d’artistes et d’artisans de la région.

La taille et la géographie de l’Ontario, avec ses caractéristiques glaciaires, son abondance de cadres naturels, ses saisons contrastées et ses centres urbains dynamiques, ont toujours séduit l’esprit créatif des peintres. Alors que les artistes continuent de s’installer, de vivre et de travailler dans cette province caractérisée par une grande richesse et une grande diversité culturelles, nos institutions, nos collectivités et notre population férue d’art les encouragent et les accueillent avec fierté.

L’influence du mouvement de l’« art dans le parc » a récemment donné naissance à des événements annuels plus importants, comme par exemple, à Toronto, Luminato, Nuit Blanche, ou l’Outdoor Art Exhibition sur Nathan Phillips Square. (Photo : Ontario Travel)

Photo: L’influence du mouvement de l’« art dans le parc » a récemment donné naissance à des événements annuels plus importants, comme par exemple, à Toronto, Luminato, Nuit Blanche, ou l’Outdoor Art Exhibition sur Nathan Phillips Square. (Photo : Ontario Travel)

Adolphus George Broomfield (1906-1992), Inglewood Road, Caledon Mountains, Ontario, v. 1950, huile sur panneau. Collection de la Peel Art Gallery, Museum + Archives. Don de l’Art Gallery of Peel Association, 1999. Achat, John et Darlene Broomfield; l’artiste. © John et Darlene Broomfield

Photo: Adolphus George Broomfield (1906-1992), Inglewood Road, Caledon Mountains, Ontario, v. 1950, huile sur panneau. Collection de la Peel Art Gallery, Museum + Archives. Don de l’Art Gallery of Peel Association, 1999. Achat, John et Darlene Broomfield; l’artiste. © John et Darlene Broomfield