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Ce que les aînés m’ont appris

Couverture du livre du Dr Brian McInnes "Sounding Thunder: Stories of Francis Pegahmagabow"

Par

Brian Waabishki-makwa McInnes

Le patrimoine immatériel, Le patrimoine autochtone

Date de publication :08 sept. 2017

Photo : Couverture du livre du Dr Brian McInnes "Sounding Thunder: Stories of Francis Pegahmagabow"

La culture, dans sa couche la plus profonde, influe sur notre façon de voir le monde; notre propre manière de réfléchir et d’agir est intrinsèquement liée aux points de vue que renferme notre langue. Pour nombre d’Autochtones, la langue et la culture sont synonymes : pour connaître vraiment la première, il faut connaître l’autre.

Les aînés qui m’ont enseigné disaient toujours que la langue n’est pas une chose qu’on apprend, mais avec laquelle on grandit. Le processus doit inclure nos valeurs, nos pratiques culturelles et notre spiritualité. Apprendre une langue sans la riche trame de ses interrelations et connexions ne serait ni authentique ni complet. De nombreux moyens traditionnels par lesquels les Autochtones transmettaient la langue ont été détruits par des facteurs historiques, par exemple les pensionnats. Des stratégies de revitalisation efficaces des langues aident les locuteurs à grandir avec celles-ci, plutôt que de simplement les apprendre.

Les programmes de langue seconde dans la collectivité et en milieu scolaire aident les peuples des Premières Nations à acquérir une partie de leur parler et de leur culture traditionnels. Il faut nécessairement des mesures plus réfléchies pour que les langues autochtones soient revitalisées de façon durable. Les écoles d’immersion totale en langue et culture autochtones sont particulièrement prometteuses. Chaque enfant, autochtone ou non, devrait, dans le Canada d’aujourd’hui, avoir le choix de participer à ces programmes.

L’oppression linguistique et culturelle qui a marqué notre histoire a donné naissance à une situation déplorable pour toutes les langues autochtones du Canada. Dans nombre de collectivités, il ne reste pas de locuteurs, ou de ressources suffisantes, pour une redynamisation linguistique à grande échelle. Malgré cela, les collectivités sont résilientes et conservent un vif intérêt pour redonner à leur langue la place prépondérante qu’elle a eue. Les parlers autochtones, les premiers présents au Canada, méritent la même reconnaissance que nos langues officielles.

Nishnaabemiiying - kina gwa enchiiying kina-sh go naa eyaawiying ji-moozhtooying iw geget gwa Nishnaabewiying gidanishnaabewendam.

Nous pouvons vraiment ressentir ce que cela signifie que d’être Autochtone grâce à notre langue, et même ce que cela signifie de penser de cette façon.

J’ai enregistré ces mots de mon grand-oncle Duncan Pegahmagabow lorsque j’écrivais Sounding Thunder, un livre dans lequel j’explore en partie les relations entre la langue et la culture. Dans le contexte de l’identité et de la souveraineté, les mots de Duncan ont un sens profond pour garantir un état de nation durable. C’est une déclaration poignante qui affirme que la langue est une source de renouveau, de guérison et d’identité.

Dévoilement de la plaque provinciale honorant le chef Pegahmagabow, le 20 juin 2015, à Parry Sound

Photo: Dévoilement de la plaque provinciale honorant le chef Pegahmagabow, le 20 juin 2015, à Parry Sound

Dévoilement de la plaque provinciale honorant le chef Pegahmagabow, le 20 juin 2015, à Parry Sound

Photo: Dévoilement de la plaque provinciale honorant le chef Pegahmagabow, le 20 juin 2015, à Parry Sound