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Préserver le patrimoine pour assurer l’avenir

La prison du comté (Huron Historic Gaol, 1839-1842) est classée lieu historique national

Photo : La prison du comté (Huron Historic Gaol, 1839-1842) est classée lieu historique national

Par

Erin Semande

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Published Date: mai 28, 2009

Goderich se dresse sur les rives du lac Huron, à proximité de l’embouchure de la rivière Maitland. Celle que l’on surnomme « la plus jolie ville du Canada » campe sur un vaste territoire nommé la parcelle Huron, ancienne propriété de la Canada Company, une compagnie fondée en 1826 pour les besoins de la colonisation. John Galt, le surintendant de la Canada Company, a d’ailleurs dessiné le plan de la ville de Goderich, dont la célébrité tient à ses rues disposées en étoile convergeant vers une place octogonale. Depuis près d’un siècle et demi, « The Square » constitue la plaque tournante des activités commerciales et communautaires de la ville grâce à son marché, son parc, son palais de justice, sa salle de spectacles, ses boutiques et ses restaurants.

L’histoire urbaine de Goderich prouve que la vitalité et l’atmosphère d’un lieu découlent directement de la préservation de son patrimoine, puisqu’en sauvegardant ses richesses patrimoniales, la ville a su conserver toute sa personnalité et tout son pittoresque. Depuis sa constitution en personne morale, en 1850, cette ville de 8 000 habitants a privilégié un développement durable et intelligent.

Goderich peut ainsi se targuer de posséder environ 300 édifices patrimoniaux et deux districts de conservation du patrimoine (DCP). En outre, certains biens désignés se sont vu octroyer des incitatifs financiers. La majorité de ces édifices – habitations, lieux de culte ou bâtiments dévolus au commerce – ont conservé leur fonction initiale; d’autres ont changé de vocation grâce à des projets de réaffection.

Ainsi, lors de l’édification du nouveau bureau de poste en 1961, l’ancienne poste (bâtie en 1891 par Thomas Fuller) est devenue l’hôtel de ville. Depuis 1981, ce bâtiment est protégé par une servitude protectrice de la Fiducie du patrimoine ontarien. En 2009, la municipalité a choisi de poursuivre la réfection de ce monument historique en restaurant sa façade et son intérieur, et en le dotant d’une extension respectant le cachet de l’architecture d’origine.

La ville de Goderich restitue l’atmosphère des sites historiques les plus emblématiques en organisant des visites patrimoniales le long de sentiers pédestres ainsi que des expositions dans ses musées et galeries. La prison du comté (Huron Historic Gaol, 1839-1842), classée lieu historique national, figure parmi les monuments les plus marquants des environs. Aujourd’hui reconvertie en musée, elle accueille les touristes et les groupes scolaires pour lesquels elle met en scène la vie des prisonniers du 19e siècle. La Livery Stable constitue un autre édifice incontournable. Bâtie en plusieurs phases entre 1840 et 1878, elle devait être démolie à la fin des années 1970. Toutefois, la municipalité de Goderich a entrepris de retarder la date de démolition, et le temps ainsi gagné a permis à la communauté de s’organiser pour collecter des fonds et reconvertir la construction. Rebaptisée « The Livery », celle-ci abrite aujourd’hui un centre théâtral et artistique sans but lucratif. Autre exemple de reconversion en lieu culturel : la gare ferroviaire du Canadien Pacifique (1907) accueille chaque année l’exposition du Goderich Arts Club, et constitue également le point de départ de nombreux sentiers de randonnée pédestre et cycliste ainsi que celui de la randonnée « Marine Heritage Walk ».

L’exemple de Goderich démontre à merveille que la préservation patrimoniale ne peut que bénéficier à la collectivité. En instaurant des activités culturelles au sein même de ses bâtiments historiques, la municipalité de Goderich a su créer une atmosphère propice à l’harmonie, un cadre intimiste qui fait tout le charme de la ville et la rend particulièrement agréable à vivre.

« Dans les années 1850, les activités commerciales ont connu un essor important. Parallèlement, les magasins, les hôtels et les opéras sont venus se greffer sur la “trame de développement” envisagée [pour la ville] », indique Heather Lyons, conseillère municipale. « Les habitants appréciaient d’habiter à proximité de leur lieu de travail. Aujourd’hui, le centre de Goderich présente des espaces sous-exploités ainsi que des terrains vacants très bien situés : autant de conditions favorables à une politique de revitalisation et à la construction contrôlée d’unités résidentielles dans le district des commerces, des affaires et des spectacles. »