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Trouver notre place

Rencontre de Brock et Tecumseh, 1812, par C.W. Jeffreys, 1869-1951. Bibliothèque et Archives Canada, 1972-26-1360

Photo : Rencontre de Brock et Tecumseh, 1812, par C.W. Jeffreys, 1869-1951. Bibliothèque et Archives Canada, 1972-26-1360

Par

Stephen Smith

Le patrimoine militaire

Published Date: févr. 17, 2012

Le 18 juin 1812, à Washington D.C., le président américain James Madison signe la déclaration de guerre qui donne lieu à la guerre de 1812. La conquête du Canada, selon la célèbre phrase de Thomas Jefferson, serait « une simple promenade ». « Nous devons repousser les Britanniques hors de notre continent », déclare avec vigueur un député au Congrès; les Canadiennes et Canadiens seraient reçus « comme des frères et sœurs adoptifs ».

Un certain temps s’écoule avant que les coursiers ne transmettent le message de l’entrée en guerre au reste du monde – il faut près d’une semaine avant que la nouvelle n’arrive au Québec, et plus d’un mois avant qu’elle n’atteigne la capitale de l’ennemi britannique, Londres. De fait, personne ne prévient la garnison américaine qu’elle doit surveiller le détroit stratégique de Michilimackinac, où le lac Huron rejoint le lac Michigan – ce qui permet à une petite unité furtive de soldats réguliers britanniques (soutenus par les guerriers sioux et Chippewa) de conquérir le fort sans tirer un seul coup de feu.

Deux cents ans plus tard, alors que nous célébrons le bicentenaire de cette guerre, il peut parfois sembler que le retard de communication reste l’un des événements définissant le mieux un conflit qui a mis à feu et à sang la moitié Est du continent il y a tant d’années.

En réalité, de quoi s’est-il agi? Avons-nous gagné ou non? Pour une période aussi fondatrice de notre histoire, la guerre de 1812 reste simplement, pour bon nombre d’entre nous, l’histoire surprenante d’une victoire improbable contre notre intimidant voisin, le renversement d’une grande puissance militaire et économique par des groupes de fermiers courageux faisant front commun avec une poignée de tuniques rouges britanniques et leurs alliés autochtones. Et quoi d’autre? Peut-être le vague souvenir d’actes de bravoure de personnes portant le nom de Brock, de Tecumseh ou encore de Secord en des lieux tels que Queenston Heights, Beaver Dams ou Crysler’s Farm. En tant que Canadiennes et Canadiens, nous aimons penser que nous sommes responsables de la couleur blanche de la résidence du président des ÉtatsUnis. Et sans nous, quel serait l’hymne national américain?

Bien sûr, les choses sont un peu plus compliquées que cela.

Dans les mois à venir, il y aura de nombreux défilés d’anniversaire au rythme des tambours historiques et des salves de mousquets tirées par des personnes se prêtant avec sérieux au jeu de la reconstitution historique. Il n’y a rien de mal à cela. Mais nous devons faire contrepoids au divertissement en regardant plus attentivement ce qui s’est passé il y a toutes ces années et nous efforcer de jeter un regard neuf sur le passé pour réfléchir et débattre sur la signification véritable de ces événements dans le développement de notre nation naissante.

Comme toutes les guerres, celle-ci a été sanglante et brutale, elle a entraîné la peur et la misère. D’aucuns pensent que les principales leçons de la guerre de 1812 sont peut-être à trouver dans ce qu’elle n’a pas permis d’obtenir pour les Premières nations participantes et dans les espoirs déçus et les promesses brisées après le retour de la paix en 1814. Il est d’autant plus facile de célébrer les batailles et la bravoure qu’on adapte le passé afin qu’il s’intègre parfaitement aux questions contemporaines. Mais nous ne devons pas nous en contenter.