Partager:

Porter haut ses couleurs : Une entretien avec Gaétan Gervais

Première levée du drapeau franco-ontarien à l’Université d’Ottawa en 1974. (Archives de l’Université d’Ottawa, AUO-PHO-NB-6-1983-6).

Photo : Première levée du drapeau franco-ontarien à l’Université d’Ottawa en 1974. (Archives de l’Université d’Ottawa, AUO-PHO-NB-6-1983-6).

Par

Gaétan Gervais

Le patrimoine francophone

Published Date: mai 18, 2012

Quand le drapeau franco-ontarien est créé dans les années 1970, ce n’est pas vraiment comme symbole d’une résistance contre quelqu’un ou quelque chose, mais plutôt comme emblème appelé à faire écho parmi les francophones.

Dans un entretien avec Gaétan Gervais, professeur émérite à l’Université Laurentienne figurant parmi les artisans de la genèse de ce drapeau, nous apprenons comment ces couleurs ont permis de fédérer une communauté pourtant dispersée à travers l’Ontario, depuis les Franco-Ontariens de l’Est le long de la frontière avec le Québec en passant par le Sud-Ouest de la province dans la région de Windsor et Welland, jusqu’aux peuplements historiques du Nord, et toutes les populations situées entre ces pôles.

« La création de ce drapeau répondait à un besoin de la communauté franco-ontarienne », déclare M. Gervais. « Cette minorité se sentait désorientée avec la montée du nouveau nationalisme québécois. »

L’association des étudiants de l’Université Laurentienne, fondée en 1974, répond à ce besoin de symboles permettant d’incarner et d’affirmer l’identité de la communauté.

« Tout a commencé au sein d’un petit groupe, et la définition du drapeau a pris du temps » se souvient le professeur. « Les symboles assurent la cohésion identitaire. Nous pensions que si les gens souhaitaient se revendiquer comme Franco-Ontariens, ils devaient en avoir la possibilité. Cela n’a pas fait beaucoup de vagues; les quelques réactions à propos du drapeau étaient majoritairement positives. »

La création du drapeau vert et blanc – vert pour évoquer les forêts du Nord et blanc pour la neige hivernale – offre enfin un emblème rassembleur qui fait des adeptes dans toute la province au sein de différents groupes et régions.

« Au début, nous ne sortions le drapeau que quelques fois par an », se rappelle M. Gervais. « Nous ne nous attendions pas du tout à ce qu’il devienne aussi populaire. Bien sûr, c’était ce que nous espérions, mais son succès a confirmé qu’il était utile et qu’il permettait de fédérer les gens. »

Au cours des 15 dernières années, le combat pour sauver l’Hôpital Montfort (1997), la manière dont les enseignants l’ont adopté et la reconnaissance en tant qu’emblème officiel par Queen’s Park en 2001 ont marqué l’essor du drapeau franco-ontarien.

« Il est clair que le drapeau trouve un écho auprès de la population », avance M. Gervais. « Il a vraiment touché une corde sensible. »

Aujourd’hui, ce drapeau assume une signification et un rôle différents. Il continue d’incarner l’identité francoontarienne, mais il rappelle aussi à tout un chacun notre héritage français. Si le drapeau a marqué les esprits, ce n’est pas comme extension de la population francophone du Québec ni comme étendard d’une minorité distincte de l’Ontario, mais comme quelque chose d’intermédiaire. Porter haut ses couleurs nous rappelle notre passé et nous unit, afin de perpétuer cette tradition.