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Portrait d’une diversité croissante

Troupe de danse africaine au festival franco-ontarien du Centre-Sud (Photo : Emanuel da Silva)

Photo : Troupe de danse africaine au festival franco-ontarien du Centre-Sud (Photo : Emanuel da Silva)

Par

Emanuel da Silva et Diane Farmer

Le patrimoine Noir, Le patrimoine francophone

Published Date: mai 18, 2012

L’Ontario compte le plus grand nombre de francophones en dehors du Québec. Ce chiffre a certes augmenté depuis 1951, mais cette croissance est loin d’être aussi marquée que celle des communautés anglophone ou allophone, si bien qu’en pratique, la proportion de francophones en Ontario a diminué.

Les communautés francophones plus petites sont confrontées à d’importantes difficultés qui découlent de taux de natalité faibles, d’une hausse de la migration de sortie des jeunes et du vieillissement de la population. Aussi la hausse du poids démographique des francophones a-t-elle été érigée en priorité par les autorités fédérales et provinciales, en se reposant largement sur l’immigration. Si l’on exclut le Québec, c’est en Ontario que la plupart des immigrants francophones choisissent de s’installer, surtout à Toronto et à Ottawa.

Malgré cela, les deux tiers des Franco-Ontariens n’habitent pas dans ces zones métropolitaines. La capitale nationale est la plus bilingue des deux villes avec seulement 23 pour cent des francophones de la province, contre un peu moins de neuf pour cent à Toronto.

On observe donc une évolution du paysage social et linguistique, qui voit les communautés francophones historiquement établies en dehors des principales métropoles canadiennes et principalement d’origine européenne perdre du terrain et des emplois au profit de grands centres urbains plus vastes, mobiles, diversifiés et multilingues (mais où l’anglais prédomine encore) qui attirent davantage d’immigrants et de jeunes.

À l’instar de l’ensemble de la population canadienne, les communautés francophones de l’Ontario connaissent une diversification ethno-raciale qui s’explique largement par l’immigration internationale (Europe, mais aussi Afrique, Asie et Moyen-Orient) et les migrations internes au Canada. Il est ressorti du recensement de 2001 que 10,3 pour cent des Franco-Ontariens se considéraient comme une minorité raciale, chiffre qui culminait à 25 pour cent à Toronto.

L’évolution des communautés francophones urbaines de Toronto et d’Ottawa et les changements qui ont accompagné la nouvelle économie mondialisée ont rendu plus complexe l’idéologie nationale de la dualité linguistique située au cœur des infrastructures de langue française fondées en Ontario pendant les années 1960 et 1970. En outre, cette pluralité ethno-raciale a constitué un défi pour les identités historiques, la création de communautés et la solidarité entre Franco-Ontariens déjà installés.

Ces mutations récentes ont amené les communautés francophones à revoir leurs conceptions de l’identité en faveur de visions plus inclusives de la citoyenneté. Les institutions comme les écoles francophones sont les principaux lieux permettant aux personnes venues de différentes zones de la Francophonie d’interagir et de se rassembler.

Dans l’ensemble, l’immigration est le moteur du développement dans le domaine des services en langue française. Néanmoins, des obstacles subsistent. Il convient de mieux soutenir les nouveaux arrivants et leur famille pour combattre la marginalisation systémique. Parmi les défis spécifiques à relever figurent la reconnaissance des titres de compétences étrangers, le racisme, l’accès limité à la formation en langue anglaise et la disponibilité de services en langue française pertinents, ainsi qu’un soutien insuffisant aux approches globales d’intégration sociale et économique.