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Un entretien avec Laura Brandon

Laura Brandon, directrice de la recherche par intérim au Musée canadien de la guerre (Ottawa)

Photo : Laura Brandon, directrice de la recherche par intérim au Musée canadien de la guerre (Ottawa)

Par

Fiducie du patrimoine ontarien

Le patrimoine militaire

Published Date: févr. 14, 2014

La Fiducie du patrimoine ontarien a récemment discuté avec Laura Brandon, directrice de la recherche par intérim au Musée canadien de la guerre d'Ottawa, afin d'examiner le rôle de l'art militaire et des peintres de guerre dans la mesure où il permet de témoigner des événements qui se sont produits en Europe durant la Première Guerre mondiale.

Le Musée canadien de la guerre (Ottawa) (Photo : Harry Foster, Musée canadien de l'histoire)

Le Musée canadien de la guerre (Ottawa) (Photo : Harry Foster, Musée canadien de l'histoire)

Fiducie du patrimoine ontarien : À quoi ressemblait l'Ontario à l'aube de la Première Guerre mondiale?

Laura Brandon : La province était essentiellement divisée en zones urbaines et en zones rurales. En Ontario, le foyer urbain était Toronto. Les trois quarts de la population étaient d'origine britannique. La moitié du Corps expéditionnaire canadien était née en Grande-Bretagne. En règle générale, les habitants se considéraient comme étant britanniques et étaient des sujets britanniques (à quelques notables exceptions près, naturellement). Bien entendu, la diversité ethnique était bien plus grande en Ontario. Mais en termes de gouvernance, les Ontariens étaient des sujets britanniques.

FPO : Quelle était la place de l'Ontario au sein de l'Empire britannique?

LB : En gros, l'Ontario était perçu comme une région du Canada, donc la conception qu'on avait de l'Ontario à l'étranger était qu'il s'agissait du Canada. Mais il ne faisait aucun doute que les deux provinces qui étaient peut-être les plus importantes du point de vue de la connaissance de la mère patrie étaient la Colombie-Britannique et l'Ontario; elles étaient clairement considérées comme les plus loyales.

Pour ce qui est de la guerre elle-même, par contre, l'Ontario était très important, qu'on le distinguât ou non de l'ensemble du Canada. L'Ontario était indubitablement le centre industriel de l'effort de guerre canadien, produisant au bas mot un quart des munitions utilisées par les forces britanniques outre-mer. C'était un centre de financement majeur, voire prodigieux à vrai dire, puisqu'il a recueilli la moitié de la somme que le Fonds patriotique canadien avait alloué aux soldats et à leurs familles, et avait souscrit, grosso modo, la moitié des obligations de guerre émises par le gouvernement entre 1917 et 1918. En d'autres termes, l'Ontario était une province extrêmement engagée, et ce, à plusieurs niveaux. Par ailleurs, en termes de recrutement, des centaines de milliers d'Ontariens s'étaient enrôlés. Il est difficile de donner des chiffres précis parce que de nombreuses personnes provenant des quatre coins du Canada se sont enrôlées en Ontario. Mais le taux d'engagement était énorme. L'Ontario était vraiment très impliqué dans la Première Guerre mondiale.

FPO : Qu'est-ce qui donne un tel pouvoir aux images? Comment la guerre était-elle représentée pour l'Ontarienne ou l'Ontarien ordinaire, sur le front civil et à l'étranger?

LB : Il est toujours difficile de faire la différence entre l'art civique et l'art privé. L'une des choses dont je me suis récemment rendu compte grâce à un projet réalisé par Jonathan Vance à l'Université Western Ontario (il s'intéressait aux personnes qui s'étaient enrôlées dans le Corps expéditionnaire canadien) est le nombre remarquablement élevé de personnes qui étaient impliquées dans les arts visuels. Un siècle plus tard, les œuvres d’art nous rappellent à quoi le monde ressemblait avant l’ère de la photographie.

La photographie existait, elle n'était simplement pas aussi répandue, aussi omniprésente que de nos jours. Quand vous regardez les documents d'enrôlement, vous trouvez des graphistes, des architectes, des sculpteurs, des étudiants en arts, des peintres d'affiches, des peintres d'enseignes et des concepteurs, soit l’éventail complet des talents nécessaires. Le Corps expéditionnaire canadien (CEC) lui-même était visuellement doué, de façons parfois méconnues. Par conséquent, si le CEC bénéficiait d'aptitudes visuelles, vous pouvez être quasi sûr que le grand public était lui aussi rompu à la compréhension des événements mondiaux et de leur contexte par des moyens visuels.

Après que la guerre a éclaté, l'art a fait son apparition, dans un premier temps, sur les affiches de recrutement, qui étaient des images visuellement fortes représentant des soldats et la nécessité de recruter des soldats, ainsi que sur les affiches qui prêchaient le besoin de financement et de fonds pour soutenir l'effort de guerre. C'étaient ces genres d'images que les Canadiens, et les Ontariens en particulier, voyaient dans leurs quotidiens, journaux et revues. On a progressivement compris que l'art officiel était une bonne chose.

Il existait une corrélation directe avec le financement et le recrutement, dans la mesure où les images et l'art officiel étaient coordonnés et gérés par les mêmes institutions, les mêmes administrations. L'art devait être permanent, ce qui n'était pas le cas des affiches et des documents éphémères. L'art commandé dans le cadre de la guerre était destiné à être accroché dans une galerie d'art commémorative à Ottawa, où les futurs Canadiens pourraient venir se renseigner sur la Première Guerre mondiale.

Voilà un aspect de la question : la branche civique des arts visuels. La branche privée était alimentée par les talents de tous ces visualistes qui prenaient réellement part à la guerre. Qualifiée d'« art des tranchées » dans son ensemble, cette forme d'art inclut les œuvres d'artistes souvent renommés qui sont également devenus des soldats de la Première Guerre mondiale (p. ex., le membre du Groupe des sept A.Y. Jackson). Mais l'« art des tranchées » englobe aussi les œuvres d’artistes dont personne n'avait jamais entendu parler.

Une partie des recherches que je mène consiste à essayer de déterminer quel était le lien entre l'art civique et l'art privé. Je suis partie du principe qu'il y aurait une différence. Les personnes qui participaient directement au conflit le verraient sous un autre jour que celles qui étaient mandatées pour réaliser de grandes toiles commémorant certains événements importants, surtout des batailles. Et j'ai tenté de montrer que la culture de guerre des artistes officiels (qui produisaient des œuvres d'art civique) et celle des soldats artistes (qui produisaient des œuvres d'art qu'ils glissaient dans des enveloppes et envoyaient à leur famille au pays) étaient influencées par la même culture. Lorsqu'il s'agissait de sujets comme des batailles ou la mort, ni l'artiste civique ni l'artiste privé ne voulaient les peindre, et préféraient recourir au symbolisme, en représentant des couchers et levers de soleil ou un arbre bombardé pour suggérer que quelque chose de terrible s'était produit. En étudiant l'art de l'époque, on comprend à quel point l'effort de guerre était total entre 1914 et 1918, et quelles énormes répercussions il avait sur le tissu social de l'époque. Il s'infiltrait dans les moindres recoins.

Ce qui m'amène à votre première question : qu'est-ce qui donne un tel pouvoir aux images? C'est finalement une question de réaction émotionnelle. Les êtres humains ont toujours été sensibles au visuel. La généralisation de la littératie est un phénomène relativement récent dans la plupart des cultures. Même au courant du XIXe siècle, les taux d'alphabétisation de l'Ontario n'auraient pas été exceptionnels. C'est vraiment une réussite de l'ère victorienne qui n'avait que très peu d'impact avant les 200 dernières années. Auparavant, les gens apprenaient par le biais du visuel; nous sommes conçus pour appréhender le monde de cette façon. C'est pourquoi les images, qu'elles figurent sur des affiches ou des cartes postales, dans des revues ou des journaux, qu'il s'agisse de photographies, de peintures ou de sérigraphies, continuent d'avoir énormément d'effet.

Je dis souvent que, dans un sens, l'art militaire est proche de l'art religieux en termes d'influence. Prenez les cathédrales médiévales, par exemple, et leur recours aux arts visuels pour véhiculer des idées liées au christianisme : ces mêmes méthodes, instaurées plus tôt encore, au temps des Grecs et des Romains, restent identiques lorsqu'il s'agit du XXe siècle et de la Première Guerre mondiale. Le fait que nous considérons l'art comme une chose susceptible d'avoir une influence participe de notre identité en tant qu'êtres humains. Savoir le comprendre et l'interpréter fait en outre une énorme différence.

FPO : Quel était le rôle précis du peintre de guerre?

LB : Comme je l'ai mentionné précédemment, il existe plusieurs types de peintres de guerre. Il y a le peintre de guerre officiel et il y a l’équivalent non officiel, généralement appelé soldat artiste. Leurs travaux avaient des buts totalement différents.

Les artistes officiels réalisaient d'imposantes toiles prévues pour être exposées dans une galerie d'art commémorative de la guerre qui n'a finalement jamais vu le jour (elle devait être construite à l'emplacement de l'actuel Musée des beaux-arts, à Ottawa). Le but, dans ce cas, était purement historique. À l'origine du Fonds de souvenirs de guerre canadiens qui avait créé cet organisme, se trouvait un remarquable Canadien natif de l'Ontario nommé Lord Beaverbrook. Il avait été fortement influencé par ce qu'il avait vu lorsqu'il était arrivé en Grande-Bretagne, soit l'histoire évoquée dans une majestueuse demeure britannique par des cages d'escaliers décorées de portraits et dans d'imposants palais par d'énormes tableaux de batailles. En d'autres termes, il avait été touché par la manière dont l'histoire pouvait être capturée à jamais sur de grandes toiles.

Lord Beaverbrook pensait que cela pouvait être reproduit au Canada. Il a mis sur pied le programme visant à reconstituer, à tout jamais, la Première Guerre mondiale sous forme d'art destiné à la population canadienne. Son idée de départ était de disposer d'une quarantaine d'œuvres de grande taille qui illustreraient le travail du CEC durant toute la Première Guerre mondiale, du début à la fin; ces œuvres devaient être accrochées autour d’un dôme. Pour avoir une idée de ce à quoi cela aurait ressemblé, il vous faudrait contempler l'intérieur de la salle du Sénat, sur la Colline du Parlement d'Ottawa, où huit de ces œuvres, des toiles massives de huit pieds sur 12, sont accrochées depuis 1921. Ce programme a été créé par les autorités. Par conséquent, lorsque nous le qualifions de programme d'art militaire « officiel », le terme « officiel » renvoie au fait qu'il s'agit d'art visuel exprimant dans une certaine mesure quelle était la signification de la Première Guerre mondiale pour les autorités, par opposition aux personnes, et comment elles souhaitaient qu'on s'en souvienne.

En revanche, l'art privé avait une fonction entièrement différente. C'était le genre d'œuvres qui étaient envoyées chez soi, à la famille. Elles illustraient bien plus ce qu'était l'expérience de guerre au niveau personnel. Jusqu'à récemment, ces œuvres d'art avaient en majorité disparu dans les archives, parce qu'elles ne sont pas imposantes ou impressionnantes, et ne sont pas souvent signées par des artistes célèbres.

Pourtant, la plupart d'entre elles suscitent des émotions incroyables. Je pense à une œuvre que nous espérons exposer bientôt. Elle ne fait que deux pouces de haut sur sept de large, environ, et représente un champ de coquelicots. C'est un magnifique paysage de la Première Guerre mondiale, qui ne contient aucun message apparent quant à ce qui a été accompli tel jour ou pourquoi tel événement était important. Il résume la réaction d'un soldat face à un instant de beauté vécu en plein cœur de la guerre. C'est là, à mon sens, que réside l'importance de l'art privé : il ajoute une dimension à la vision civique de la guerre, qui correspond à une succession d'événements importants pour la nation ne permettant pas ces moments privés susceptibles de cacher un instant de joie, de plaisir ou de peine. La complexité de l'art militaire dans son ensemble s'en trouve renforcée. L’art privé permet d’illustrer l'expérience de la guerre de façon bien plus riche que ne pourrait le faire l'art officiel.

FPO : Comment l'art véhicule-t-il ou saisit-il de manière unique l'expérience de guerre?

LB : Je me suis concentrée sur l'effet que produit l'art selon moi. Mais j'ai ignoré le spectateur, qui constitue une partie importante de l'équation. Nous nous sommes rendu compte de cela lorsque nous avons monté une exposition intitulée « Tableaux de guerre » (organisée chronologiquement pour englober la Première et la Deuxième Guerre mondiale) il y a quelques années au Musée des beaux-arts de l'Ontario. Cette exposition suivait une trajectoire historique qui expliquait pourquoi les Canadiens avaient combattu durant ces guerres, ce qui avait été accompli et qui avait été impliqué. Mais lorsque nous avons montré la même exposition à Gatineau, au Musée des civilisations, nous avons reçu des commentaires de centaines de milliers de visiteurs sur leurs impressions de la guerre après avoir contemplé les toiles. Ces commentaires ne concernaient pas ce qu'ils pensaient de l'histoire ou de la contribution canadienne. Ils concernaient ce que les visiteurs ressentaient personnellement.

Par conséquent, bien que l'art militaire, aussi bien civique que privé, puisse partager un objectif que l'artiste lui aura attribué, le public (les visiteurs, les spectateurs) ne prête pas forcément attention à cet aspect. Les œuvres d'art génèrent leur propre sens et possèdent leur propre sens, qui est unique pour chaque personne qui les regarde.

Ces dernières années, l'art militaire ainsi que les monuments de guerre ont été décrits en des termes faisant appel à l'expression « lieux de mémoire ». À mon avis, la collection d'art militaire dans son ensemble, lorsqu'elle est exposée publiquement, mais aussi lorsque les gens peuvent la voir entreposée, fait office de « lieu de mémoire » où les gens viennent avec leurs connaissances, leurs propres souvenirs personnels. Ils peuvent ainsi presque entamer un dialogue avec l'œuvre d'art pour réfléchir à la guerre, à leurs propres expériences et à leurs propres idées en la matière.

FPO : La Première Guerre mondiale a-t-elle été le premier conflit à générer une culture visuelle aussi vaste et dynamique?

LB : Il y a toujours eu des peintres de guerre, mais peut-être pas toujours en première ligne. Les artistes ont toujours commenté la guerre. L'artiste espagnol Francisco Goya s'est exprimé sur une guerre ayant eu lieu en Espagne à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Un autre artiste nommé Jacques Callot a réalisé des gravures qui critiquaient la conduite de la guerre de Trente Ans, qui s'est déroulée au XVIIe siècle.

C'est seulement au milieu du XIXe siècle que la photographie a permis aux gens de saisir la brutale réalité de la guerre de Sécession. Les images de cette guerre, et des millions de photographies de ce conflit ont été prises, ont été publiées dans les journaux de tous les États-Unis, faisant entrer la guerre dans le foyer des citoyens américains. Ainsi, la guerre est probablement décrite de façon visuelle depuis l'âge des cavernes. Cela fait simplement partie de notre culture en tant qu'êtres humains.

Cependant, la différence avec la Première Guerre mondiale réside dans son ampleur. Nous sommes en mesure de parler de l'art militaire canadien, de l'art militaire produit par les artistes ontariens, mais chaque nation de la planète impliquée dans la Première Guerre mondiale avait un programme d'art visuel sous une forme ou une autre, ou des visualistes engagés dans la création d'œuvres d'art. Je pense que la présence considérable de l'art est propre à la Première Guerre mondiale parce qu'il s'agissait d'un conflit industrialisé d'une telle ampleur, ayant impliqué des millions de gens. C'est pourquoi l'art de la Première Guerre mondiale a eu un impact aussi significatif, parce qu'il avait une influence planétaire.

FPO : Les perceptions et les représentations de la Première Guerre mondiale ont-elles changé au cours du siècle passé?

LB : Les gens peignent toujours des scènes de la Première Guerre mondiale. Au fil du temps, cependant, différentes formes de savoir entrent en ligne de compte, différents contextes sociaux et différentes cultures. Et cela affecte le prisme au travers duquel nous observons ce qui appartient au passé.

Par exemple, l'une des choses qui surprend les gens en ce qui concerne l'art canadien de la Première Guerre mondiale est le nombre minime de toiles renfermant des coquelicots, compte tenu du fait que le coquelicot est à présent très étroitement associé à la Première Guerre mondiale. Bien que cela soit intéressant en soi, ce qui l'est tout autant est le fait que la Première Guerre mondiale a également eu une sorte d'effet correctif sur les images qu'on se faisait de la guerre. De nombreuses personnes, par exemple, ne connaissent la guerre qu'au travers de la photographie, qui est majoritairement en noir et blanc. Par conséquent, lorsqu'elles pensent à la Première Guerre mondiale, c'est en noir, blanc et gris, soit des couleurs plutôt lugubres pour représenter une période passablement sinistre. En revanche, le Musée canadien de la guerre possède des croquis issus de la collection d'art militaire de Lord Beaverbrook qui sont vivement colorés, avec des cieux bleu vif et des nuages blancs et veloutés. Ils témoignent d'une imagerie visuelle bien plus complexe associée à la guerre et aux théâtres de guerre.

L'une des choses qui demeurent vraiment essentielles lorsqu'on réfléchit à l'art militaire dans son ensemble, outre ses représentations et la manière dont il est perçu, est qu'il faut l'examiner sous toutes ses coutures pour véritablement comprendre quelles étaient les réalités quotidiennes un siècle auparavant et accepter le fait qu'au fil du temps, l'attention s'est portée sur certains aspects plus que sur d'autres. Par exemple, il y a 100 ans, l'intérêt de trouver des œuvres représentant des femmes était probablement limité, dans la mesure où la Première Guerre mondiale était principalement considérée comme une affaire d'hommes. Dans la société actuelle, davantage d'efforts seraient déployés pour veiller à mettre la main sur des œuvres ou des photographies de cette époque montrant des femmes, afin d'essayer de pallier cette marginalisation dans l'effort de guerre de la Première Guerre mondiale.

En outre, l’une des notions que l’on évoque lorsqu’on parle d’art militaire est celle du souvenir et de l'oubli. Prenons le cas d’un événement documenté il y a un siècle : c’est le degré de précision avec lequel ses différentes facettes sont mises en relief qui nuance notre compréhension de ce conflit à différentes époques. Ce qui importe dans une décennie n'est pas forcément important dans une autre. Mais en fin de compte, ce qui a été créé il y a un siècle sous forme d'art importe aujourd'hui parce que c'est en prise directe avec l'époque, cela l’illustre et cela vous permet de comprendre différents points de vue sur la même guerre.

À titre d'exemple, nous possédons la plus grande toile de guerre jamais réalisée pour le Canada, qui fait 40 pieds de large sur 12 de haut et a été peinte par l'artiste britannique Augustus John. Il ne l'a jamais terminée. C'est une œuvre curieuse dans la mesure où en l'observant, on s'aperçoit qu'il a placé un groupe de soldats et de chevaux canadiens au cœur d'un paysage français, avec des châteaux en ruine et la population locale, des chariots, des femmes portant des fichus et des enfants courant dans tous les sens. Quand je regarde cette œuvre, je me dis que pour l'une des œuvres les plus importantes de la Première Guerre mondiale, c'est une bien étrange façon de commémorer la guerre d'un point de vue canadien. Quand vous la regardez, elle est tellement européenne, tellement britannique. Quelle drôle de façon de commémorer la Première Guerre mondiale, sans parler d'en faire la pièce maîtresse de votre galerie d'art commémorative. Mais il faut remonter cent ans en arrière et se rappeler qu'au début de la guerre, les Canadiens étaient des sujets britanniques. Cette vision européenne de la Première Guerre mondiale ne leur paraissait pas étrange. Elle était familière à cette génération.

Il convient de garder cela à l'esprit et c'est ce que l'art nous aide à faire. Il nous aide à observer un moment dans le temps, il y a 100 ans, pour le comprendre et nous permettre d'y réfléchir 100 ans plus tard.

FPO : Désirez-vous ajouter quoi que ce soit d'autre à la lumière de vos propres opinions ou intérêts?

LB : Je pense qu'il est important d'avoir conscience qu'un très grand nombre d'artistes ontariens ont réalisé des œuvres d'art, que ce soit officiellement ou non, en raison de ces taux d'enrôlement; c'est susceptible d'intéresser les gens. Ils peuvent également trouver intéressant de savoir qu'ils peuvent découvrir ces œuvres et cette facette de la Première Guerre mondiale sur le site Web du Musée canadien de la guerre. Ce site renferme un certain nombre de ressources qui leur permettront de développer quelques-uns des thèmes que j'ai abordés.

Pour de plus amples renseignements sur le Musée canadien de la guerre, rendez-vous sur www.warmuseum.ca.

Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Photo: Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Photo: Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Photo: Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.

Photo: Œuvre d’art, avec l’aimable autorisation du Musée canadien de la guerre.