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Choisir son camp : la présence française à la frontière de Détroit pendant la guerre de 1812
"Après la bataille. Voici la description de Laurent Durocher : « … après la défaite de Winchester, de nombreux habitants ont fui avec leur famille jusqu’à la frontière avec l’Ohio. D’autres sont allés à Détroit. Les Britanniques ont essayé à plusieurs reprises de persuader les Indiens de détruire ce qui restait de l’établissement de la rivière Raisin, mais les Potawatomis ont protesté et ont déclaré qu’ils avaient […] donné la terre aux premiers colons et qu’ils avaient été indemnisés en conséquence […] et qu’ils ne toléreraient pas que [les colons] soient dérangés dans leurs habitations. » En octobre 1813, les habitants du territoire du Michigan leur ont rendu la pareille en intervenant au nom des Amérindiens qui souhaitaient négocier un armistice avec les autorités militaires américaines à Détroit, afin de leur permettre de retourner dans leurs villages et de vivre en paix avec leurs voisins."
Les batailles de la guerre de 1812, menées à la frontière de Détroit, ont eu d’importantes répercussions sur la vie des colons, majoritairement français, installés dans la région. Lorsque la Grande-Bretagne restitue le Michigan aux États-Unis en 1796, la rivière Détroit devient une frontière entre le Haut-Canada et ce qui deviendra en 1805 le Territoire du Michigan.
Dans le sud-ouest du Haut-Canada, les autorités créent le comté d’Essex en 1792, même si ses limites sont modifiées en 1800 pour inclure la rive sud de la rivière Détroit. Dans le même temps, de l’autre côté de la frontière, le gouvernement américain crée le comté de Wayne en 1796. Jusqu’en 1817, le comté de Wayne est le seul comté du Michigan et il englobe l’intégralité de la péninsule inférieure.
En 1812, quelque 6 500 Américains d’origine européenne habitent dans la région de la rivière Détroit, dont la moitié côté américain. Environ 700 personnes vivent à Fort Détroit tandis que moins de 300 personnes vivent dans les villes de Sandwich et d’Amherstburg. Le reste de la population réside dans les établissements agricoles que les colons français venus de la région correspondant au Québec actuel ont établis des deux côtés de la rivière Détroit. Lorsque la guerre de 1812 est déclenchée, ces colons français constituent la majorité de la population européo-américaine tant du comté d’Essex que de celui de Wayne. Du jour au lendemain, les membres de la même communauté française passent du statut de voisins à celui de combattants aux allégeances divergentes.
Pendant la guerre de 1812, la milice du comté d’Essex est divisée en deux régiments. Les Français représentent la moitié des soldats du premier régiment et la quasi-totalité du second régiment. Des noms comme Boucher, Campeau, Duchesne, Laframboise, Meloche, Nadeau, Pillette, Réaume et Tremblay apparaissent dans la milice d’Essex.
Dans la partie sud-est du Territoire du Michigan, la milice du comté de Wayne est également divisée en deux régiments, et la majorité de leurs capitaines, lieutenants et soldats sont eux aussi Français. Par ailleurs, des dizaines de Français du comté de Wayne servent d’espions pour les États-Unis en raison de leur connaissance de la région et de ses populations autochtones.
Les Français des milices d’Essex et de Wayne se rencontrent au champ de bataille à plusieurs reprises durant la guerre de 1812, en particulier lors de la bataille de Frenchtown (22 janvier 1813 au Michigan – victoire britannique) et du siège de Fort Meigs (du 28 avril au 9 mai 1813 en Ohio – victoire américaine).
Le nombre de victimes chez les colons français des comtés d’Essex et de Wayne est peu élevé comparé à celui déploré du côté des soldats britanniques et américains. Malgré tout, plusieurs Français périssent durant la guerre de 1812. Au-delà de ces pertes, la plupart des colons français installés à la frontière de Détroit ont immensément souffert de la destruction de leurs propriétés et du massacre de leur bétail. Plusieurs années seront nécessaires à ces colons pour récupérer des pertes subies durant la guerre de 1812.