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Priorité à la communication à l’Exposition nationale canadienne

L’exposition de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada à l’ENC, 1923.

Par

Alicia Cherayil et Jacqueline Edwards

La communication

Date de publication :20 mars 2019

Photo : L’exposition de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada à l’ENC, 1923. Collection de photographies d’archives de l’ENC.

L’Exposition nationale canadienne (ENC) a été fondée en 1879 dans le but de promouvoir le développement de l’agriculture, de l’industrie et des arts. D’abord baptisée « Toronto Industrial Exhibition » (exposition industrielle de Toronto), la foire a officiellement pris le nom d’Exposition nationale canadienne en 1912, pour mieux représenter ce qu’elle était devenue : « la vitrine des nations ». L’ENC a suivi les évolutions de la société canadienne : après l’agriculture traditionnelle, l’attention s’est progressivement portée sur l’industrie, et la foire proposait des expositions opportunes sur les derniers progrès de la technologie.

Depuis 140 ans, la foire est l’occasion pour le public de découvrir – souvent pour la première fois – de nombreuses avancées technologiques dans les domaines des télécommunications, de la radio, du cinéma et de la télévision. En 1879, l’un des premiers téléphones canadiens y est exposé : un certain M. Potter et un scientifique du nom de Roseburgh présentent ses fonctionnalités au public. Près d’une décennie plus tard, en 1888, l’allocution de Lord Stanley (qui a donné son nom à la célèbre Coupe Stanley) devant les visiteurs de la foire est enregistrée sur le phonographe à feuille d’étain de Thomas Edison.

Une publicité figurant dans le programme de l’édition de 1910 de la foire, qui mettait en vedette les « Inter-Phones » de la Northern Electric and Manufacturing Company, promettait aux hommes d’affaires comme aux agriculteurs canadiens un accès pratique à la communication instantanée. Les chefs d’entreprise étaient directement visés : « Parlez à vos employés à l’autre bout du fil sans quitter votre siège. Ne perdez plus de temps à vous déplacer. » [Traduction] La compagnie Northern Electric s’adressait également à un public résidentiel, auquel elle promettait confort et tranquillité d’esprit. Une publicité pour le téléphone de la Northern Electric, figurant dans le programme de l’édition de 1914 de l’ENC, offrait la garantie suivante : « Des communications instantanées sur les bulletins du marché, les tempêtes, les maladies, l’assistance dont vous avez besoin, etc. ... Depuis votre maison ou votre ferme, restez en lien étroit avec le monde extérieur. » [Traduction]

Le véhicule de diffusion radiophonique du Toronto Star, vers les années 1920.

Le véhicule de diffusion radiophonique du Toronto Star, vers les années 1920. Collection de photographies d’archives de l’ENC.

Dans les années 1920 et 1930, les innovations technologiques en matière de musique, de radio et de télévision ont renforcé encore un peu plus les liens à l’échelle du Canada. En 1920, la Compagnie Marconi installe un émetteur radio dans le pavillon du chemin de fer (aujourd’hui le pavillon de la musique), fait jouer de la musique sur un phonographe et la diffuse par le biais d’un appareil récepteur situé dans le bâtiment d’horticulture, environ 100 mètres (320 pieds) plus loin. La musique ne se cantonnait plus à une seule pièce. En 1922, le Toronto Daily Star (aujourd’hui le Toronto Star) va encore plus loin : afin de démontrer le potentiel de la radio sans fil, le quotidien fait circuler un véhicule de diffusion radiophonique aux quatre coins de la foire pour donner des nouvelles du monde à des milliers de personnes.

Les manifestations de ce type se sont poursuivies jusque dans les années 1930. Plusieurs stations de radio, dont CFRB et la radio amateur VE9CNE, s’installaient à l’ENC pour la durée de la foire, transférant sur place toutes leurs activités de radiodiffusion et de studio. Des programmes comme « ABC of Broadcasting » (1935) présentaient le cycle de la radiodiffusion, depuis l’enregistrement en studio jusqu’à la diffusion dans les postes radio des salons de tout le pays.

L’exposition de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada à l’ENC, 1923. Collection de photographies d’archives de l’ENC.

Dans le domaine du cinéma, le gouvernement de l’Ontario a joué un rôle important pour faire découvrir aux Torontoises et Torontois des images du reste de la province. En 1932, l’Ontario Motion Picture Bureau présente des « courts métrages intéressants » avec des actualités des jours précédents, souvent quelques heures à peine après le déroulement des faits. Dès 1939, les Canadiennes et Canadiens découvrent un premier aperçu de la télévision à l’occasion d’une manifestation présentant un studio de télévision complet, organisée par le Toronto Daily Star et RCA Victor. Juste quelques mois plus tôt, la télévision avait été présentée pour la première fois aux États-Unis, à l’exposition universelle de New York

Dès 1941, d’autres innovations comme les transmissions de facsimilés (plus connus sous le nom de télécopies), et même des technologies de voix artificielle, sont présentées à l’ENC. Exposé avec la permission de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada, le Voder – contraction de « Voice Operation Demonstrator » – permettait de reproduire toute tonalité ou tout son émis par une voix humaine, par le seul truchement des courants électriques. Des téléphonistes spécialement formés utilisaient un ensemble de clés correspondant au système vocal humain pour faire parler une « étrange voix mécanique » baptisée Pedro.

Entre 1942 et 1946, l’ENC ferme ses portes pour servir de base et de centre de démobilisation des forces armées déployées pendant la Seconde Guerre mondiale. Dès 1947, l’Exposition nationale canadienne reprend ses droits, et les dernières nouveautés en matière de technologie des communications – ainsi que les autres avancées majeures – sont présentées à des millions de Canadiennes et Canadiens curieux de les découvrir. Depuis les démonstrations de radars, en 1948, jusqu’à la présentation de son « Colour Network » (le premier réseau de télévision couleur en circuit fermé au Canada), en 1964, en passant par les simulations de réalité virtuelle, en 1996, l’ENC est à la pointe des nouvelles technologies de communication.

En 2016, l’ENC crée son « Innovation Garage » (garage de l’innovation) – une manifestation de trois jours mettant en vedette les jeunes entreprises les plus brillantes, les nouvelles technologies et les innovations. Le « Garage » est devenu un lieu où les visiteurs de la foire peuvent toucher, goûter et ressentir la technologie, et interagir avec des innovateurs, ce qui rappelle les origines de l’ENC, dont l’objet est de faire découvrir le meilleur des nouvelles technologies. L’ENC continuera de suivre les évolutions du monde et restera toujours une vitrine permettant de célébrer et de présenter les nouvelles technologies.

La vitrine des nations, 1924. Collection du programme d’archives de l’ENC.

Photo: La vitrine des nations, 1924. Collection du programme d’archives de l’ENC.

L’exposition de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada à l’ENC, 1923.

Photo: L’exposition de la Compagnie de Téléphone Bell du Canada à l’ENC, 1923. Collection de photographies d’archives de l’ENC.