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Kinomaage Waapkong – Les roches qui enseignent
Le patrimoine autochtone, La communication
Date de publication : mars 20, 2019
Photo : Centre d’interprétation du parc provincial Petroglyphs. Photo : Parcs Ontario.
Quand il se rend à Kinomaage Waapkong, connu sous le nom de parc provincial Petroglyphs en français, le visiteur est frappé par l’extraordinaire beauté du trajet en voiture qui le mène à l’intérieur du parc. Le spectacle est tout aussi magnifique sur le chemin du retour. Le caractère sacré du lieu apparaît comme une évidence et le site de pétroglyphes en attestera.
Kinomaage Waapkong a toujours revêtu une importance particulière pour les Premières Nations, et ce, bien avant la « découverte » des pétroglyphes. Nous savions qu’ils se trouvaient ici. Nos familles s’y rendaient en canoé. Les hommes repliaient la mousse et les matériaux détritiques qui protégeaient les gravures. Ils parlaient des enseignements. Les femmes reproduisaient les formes gravées dans leurs œuvres artisanales. Les enfants jouaient calmement et respectueusement, tout en écoutant les histoires et la voix douce de leurs grands-parents, de leurs tantes, de leurs oncles, de leur mère ou de leur père. Le site était ensuite de nouveau recouvert, ingénieusement dissimulé sous un tapis forestier jusqu’à la prochaine intervention de nos ancêtres pour nous rappeler qui nous étions.
Le regroupement de plus d’un millier de pétroglyphes dans un seul et même petit espace est à la fois incroyable et impressionnant. Nombre des enseignements qui accompagnent les formes gravées se sont perdus au fil du temps, mais de nombreux autres perdurent. Ces enseignements ont été transmis à d’innombrables générations, permettant ainsi aux apprenants d’en tirer parti dans leur propre vie.
De nombreuses Nations ont visité le site et, pour beaucoup, les enseignements et les interprétations diffèrent concernant les gravures. Tous sont pourtant valables et revêtent une grande importance.
Certains enseignements suggèrent que ce sont nos jeunes qui feront revivre nos traditions. Cela paraît évident en visitant Kinomaage Waapkong. Le site compte actuellement trois interprètes du patrimoine, un gardien du parc et deux préposés au point d’entrée qui partagent tous une ascendance avec les Premières Nations. Ces jeunes ont pris le temps de s’asseoir avec de nombreux aînés et détenteurs de savoir de Nations différentes, qui leur ont appris leurs histoires et leurs interprétations.
Ces enseignements ont profondément marqué le personnel et les visiteurs du parc, au point de changer leur vie. Les histoires et les enseignements qui sont associés aux gravures font partie de notre histoire orale depuis des générations. Les récits de voyage jusqu’au site sous prétexte de célébrer l’anniversaire du Roi ou de la Reine renvoient à une époque où régnait l’intolérance à l’égard du savoir autochtone. Les récits relatifs aux eaux guérisseuses font, quant à eux, désormais partie de notre histoire familiale.
Certaines des gravures font apparaître des systèmes de clan, qui évoquent nos responsabilités à l’égard de notre clan et les uns par rapport aux autres. Certains enseignements sont destinés aux femmes et font référence au lien qui les unit à la terre, à l’eau et à la lune. Ils portent sur nos rôles et nos responsabilités à l’égard de nos familles, de notre communauté et de nous-même. Les gravures nous rappellent le caractère sacré de la vie. D’autres enseignements sont destinés aux hommes. Ils portent sur les responsabilités et les obligations qui leur incombent de protéger, de nourrir et d’héberger les membres de leur communauté. Ils font allusion à la spiritualité de l’homme et à sa place dans la création.
Les formes gravées nous rappellent nos histoires sur la création, les histoires de Weneboozhoo, notre frère aîné, et de ses voyages. Les gravures nous renseignent sur les cérémonies et le transfert des connaissances. La pierre porte en elle la voix de nos ancêtres. L’eau qui coulait jadis sous la roche était, dit-on, la voix de nos enseignants et de nos guérisseurs.
Dans la culture anichinabée, les roches sont appelées M’Shoomisnaan, ce qui signifie « notre grand-père », car elles sont les témoins du temps passé et de tout ce qui s’est déroulé à cette époque. Les histoires que renferme la roche témoignent de notre relation avec la terre, l’eau et les êtres avec lesquels nous partageons l’espace. Les enseignements dont la roche recèle nous aident à bâtir les bases solides nécessaires à une vie harmonieuse. C’est ce que nous appelons Bimaadiziwin.
Qu’elles soient cachées dans la roche ou représentées à sa surface sous forme de pétroglyphes, les connaissances sont précieuses. Nos ancêtres avaient le sentiment qu’elles revêtaient une telle importance pour nous, en tant qu’êtres spirituels, qu’ils se sont sentis obligés de les graver dans la pierre. Comme pour toute chose sacrée, cela a donné lieu à une cérémonie. Le seul fait qu’une cérémonie ait été organisée en ce lieu explique que cette terre, ce site soit tenu en très haute estime, mais aussi honoré et respecté par de nombreuses générations et de nombreuses Nations.
Les cérémonies continuent de représenter une composante importante de Kinomaage Waapkong. Nous pratiquons le jeûne en ce lieu. Nous y organisons des cérémonies de la suerie. Nous venons y trouver du réconfort auprès de nos ancêtres. Nous y offrons notre Semaa, notre tabac sacré.
Nous y célébrons notre histoire. Nous y organisons des fêtes, notamment en l’honneur des roches et des connaissances dont elles recèlent. Nous apportons nos tambours et nous chantons pour notre M’Shoomisnaan. Nous chantons pour nos ancêtres afin qu’ils nous connaissent et qu’ils sachent que nos cœurs sont encore solides. Nous prions et nous exprimons nos pensées, nos inquiétudes, nos problèmes et nos joies. Nous continuons aussi à transmettre ces enseignements aux générations suivantes, à travers nos histoires et nos chansons.