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Mise en lumière

Molly Shoichet (au centre) à l’Université de Toronto, 2016. Photo offerte par l’auteure.

Photo : Molly Shoichet (au centre) à l’Université de Toronto, 2016. Photo offerte par l’auteure.

Par

Molly Shoichet

Le patrimoine des femmes

Published Date: mars 20, 2018

Ma mère m’a fortement encouragée à poursuivre une carrière quand j’étais jeune. Les femmes de sa génération, même celles diplômées de l’université, avaient peu d’options devant elles, et la plupart dépendaient de leur vitesse à la machine à écrire. Avec mon père, elle nous a enseigné, à mes frères et moi, à explorer, à créer et à innover, à poursuivre nos rêves et à apprendre de nos expériences.

Bien des mères et grands-mères canadiennes ont frayé le chemin à leurs filles en s’introduisant dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme le génie, le droit et le commerce. Elles ont prouvé que, avec des études, elles pouvaient paver leur voie et réaliser leurs rêves.

Bien qu’il subsiste des obstacles à l’emploi, les possibilités offertes aux femmes au Canada n’ont jamais été aussi grandes. Il a été renversant de voir le mouvement #MoiAussi prendre si rapidement de l’ampleur alors que de courageuses femmes partout au Canada et dans le monde entier exprimaient leur indignation face au harcèlement sexuel et à l’inégalité des salaires.

Les femmes qui font carrière en sciences, technologies, ingénierie ou mathématiques (STIM) ont le privilège d’aider à façonner l’avenir – une aventure exaltante! Les universités canadiennes accueillent maintenant un nombre record de femmes dans les STIM, mais ces domaines clés restent des bastions masculins.

En tant que première scientifique en chef de l’Ontario, je suis enthousiaste à la perspective d’exploiter ma formation en recherche ainsi qu’en traduction et en communication au profit d’un public plus vaste pour aider à élaborer des politiques fondées sur des données probantes, à redéfinir l’investissement stratégique de l’Ontario en recherche, à rétablir la confiance à l’égard des sciences et à renforcer la réputation de notre province comme destination de choix pour l’innovation. Qu’il est stimulant de voir un gouvernement réserver un si bel accueil à une scientifique.

Je suis ravie d’assumer ce nouveau rôle, qui s’ajoute à ceux que j’ai connus à ce jour – scientifique, chercheuse, entrepreneure, mentor et mère. Je travaillerai en collaboration avec mes collègues du milieu universitaire, de l’industrie et de la fonction publique à la prise de meilleures décisions, qui s’appuient sur des faits.

Pendant mes études à l’Université de Toronto, j’ai eu le privilège de côtoyer des scientifiques et ingénieurs novateurs, auprès desquels j’ai agi comme mentor. Je fais partie d’un réseau de chercheurs intellectuellement curieux qui veulent surmonter les effets des AVC, de la non-voyance, du cancer du sein, de celui du cerveau, etc., pour améliorer notre compréhension de ces maladies tout en faisant avancer nos innovations vers une mise en marché.

Je sais que l’élaboration de politiques publiques peut laisser indifférents certains esprits parmi les plus brillants. Mais nous convenons tous de l’importance et de l’urgence de voir les gouvernements guidés par la science et les données probantes pour relever les plus grands défis de notre ère : les changements climatiques, une population vieillissante et l’incidence de technologies transformatrices.

Une grande part de ma réussite reflète l’influence des personnes qui m’ont entourée. Je pense à mes collègues et collaborateurs, à mes étudiants, au personnel administratif, aux techniciens et, surtout, à ma famille. Ensemble, nous avons la chance d’explorer, de créer et d’innover, de poser de grandes questions et de proposer de grandes réponses.

Pour résoudre de grands problèmes, il nous faut tirer parti de notre expertise collective. Jeune fille, j’ai vécu à l’époque du pouvoir au féminin, le « girl power ». Aujourd’hui mère de deux garçons, je saisis toute l’importance d’encourager tant nos garçons que nos filles à poursuivre une carrière dans les sciences. Au contact d’expériences variées, nous ferons surgir des idées nouvelles, apporterons des solutions originales et sortirons des sentiers battus.

Je reconnais que ce ne sont pas toutes les femmes qui veulent tout avoir (mariage, famille, carrière, bénévolat, etc.), ou en ressentent même le besoin. Toutefois, la possibilité de choisir est nécessaire, et elle ne se concrétisera que si hommes et femmes valorisent l’avancement professionnel des femmes. Nous avons la chance de vivre dans une province prospère et diversifiée qui accorde de l’importance aux études supérieures et où nous sommes nombreux et nombreuses à jouir de la liberté de choisir – notre profession, notre religion, notre mode de vie, etc. Nous avons la responsabilité collective d’élever des enfants qui reconnaissent que la diversité raciale et ethnique ainsi que la diversité des idées et des expériences ne sont pas des obstacles, mais des avantages.

L’Ontario, c’est là « où l’on se tient, où l’on devient » (A Place to Stand, a Place to Grow). C’est là où j’ai pu apprendre, questionner, grandir et m’épanouir, d’une manière unique au monde. À titre de scientifique en chef de l’Ontario, je travaillerai toujours à mettre en lumière le travail des chercheurs et chercheuses de l’Ontario, de ces hommes et de ces femmes de tous les milieux qui sont à l’avant-garde d’un savoir de pointe et qui tracent la voie dans l’économie du savoir.