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Wilma Morrison : une vie d’activisme

En 2007, Wilma Morrison reçoit un Prix du lieutenant-gouverneur pour l’ensemble des réalisations en matière de conservation du patrimoine ontarien de la part de la Fiducie du patrimoine ontarien. Ce dernier lui est remis par l’honorable Lincoln M. Alexander (à gauche) et par l’honorable David C. Onley, lieutenant-gouverneur de l’Ontario.

Photo : En 2007, Wilma Morrison reçoit un Prix du lieutenant-gouverneur pour l’ensemble des réalisations en matière de conservation du patrimoine ontarien de la part de la Fiducie du patrimoine ontarien. Ce dernier lui est remis par l’honorable Lincoln M. Alexander (à gauche) et par l’honorable David C. Onley, lieutenant-gouverneur de l’Ontario.

Par

Adrienne Shadd

Le patrimoine des femmes, Le patrimoine Noir

Published Date: nov. 10, 2011

À l’heure actuelle, bon nombre de membres de la communauté patrimoniale et d’habitants de la ville de Niagara Falls, en Ontario, connaissent le nom de la femme qui est presque à elle seule dépositaire de l’histoire des Noirs : Wilma Morrison. Ces dernières années, elle a reçu une pléthore de distinctions et de prix en récompense des initiatives mises en œuvre pour sauver la R. Nathaniel Dett British Methodist Episcopal Chapel et pour fonder la Norval Johnson Memorial Library. En janvier 2011, elle était l’une des 30 récipiendaires de l’Ordre de l’Ontario – la distinction la plus élevée accordée par la province à ses citoyennes et ses citoyens – en hommage aux efforts qu’elle a entrepris pour faire vivre la mémoire des pionniers d’ascendance africaine et favoriser leur reconnaissance.

L’activisme en faveur des droits de la personne – dont elle a fait preuve à l’époque où ce terme ne faisait pas encore partie de notre vocabulaire courant – est une facette moins connue de sa vie. Wilma Morrison a grandi à Hamilton. Dans les années 1940, elle intègre un groupe de jeunes de la Stewart Memorial Church qui surveille les restaurants locaux ayant alors la réputation de refuser les clients noirs. Confrontés à un groupe d’adolescents, les restaurants acceptent de servir ces jeunes sans qu’aucun incident ne soit à déplorer; cette activité ouvrira la voie à un accueil équitable dans les restaurants, les clubs et les dancings de la ville. Ce groupe organisera également une manifestation assise d’une journée à la patinoire Alexandra lorsque l’entrée des locaux lui sera refusée. Wilma Morrison insistera en outre pour rencontrer le service des pompiers et les services de police afin de savoir pourquoi ils n’embauchent aucun Noir ou représentant des autres minorités. Cette initiative sera source de progrès au sein du service des pompiers, qui finira par recruter des Noirs.

Wilma Morrison a toujours voulu devenir enseignante, mais les écoles normales de l’époque ne permettent pas aux étudiants noirs de s’inscrire. La boucle est donc bouclée lorsqu’elle se voit décerner un doctorat honorifique par l’Université Brock en juin 2010.

Alors que la population canadienne applaudit le rôle de terre d’accueil joué par notre nation auprès des esclaves fugitifs du chemin de fer clandestin, l’histoire exceptionnelle de Wilma Morrison nous rappelle que le Canada a lui aussi connu les heures sombres de l’ignorance raciale et de l’intolérance.