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Outils de conservation des paysages culturels

Les servitudes protectrices ont permis à la Fiducie de protéger un complexe de structures agraires transférées au Country Heritage Park à Milton (Image de la maison Lucas).

Les paysages culturels

Date de publication : sept. 09, 2016

Photo : Les servitudes protectrices ont permis à la Fiducie de protéger un complexe de structures agraires transférées au Country Heritage Park à Milton (Image de la maison Lucas).

Les paysages peuvent sembler statiques, mais ils ne cessent de se transformer. Qu’il s’agisse d’influences de l’homme ou de la nature, les changements sont constants et souvent importants. Alors, comment faisons-nous pour assurer la sauvegarde d’éléments qui évoluent constamment? Comment réussissons-nous à reconnaître l’importance du lieu pour appliquer les outils qui serviront à sa sauvegarde? Tout d’abord, quels sont les outils qui existent? En Ontario, la sauvegarde peut être abordée de plusieurs angles, et ce, en fonction du paysage et du niveau de sauvegarde visé.

Il est de mise d’amorcer notre recherche en s’appuyant sur la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. Entre autres choses, cette loi permet aux municipalités et au ministère du Tourisme, de la Culture et des Sports de consigner et de désigner les biens patrimoniaux. Elle autorise également les municipalités à désigner des districts de conservation du patrimoine (DCP), qui assurent la protection des paysages englobant de multiples propriétés et structures. On compte en Ontario aujourd’hui plus de 120 DCP permettant la sauvegarde de districts commerciaux et résidentiels en grande partie en milieu urbain, et ce, dans plus de 40 municipalités – comme Barriefield à Kingston, le parc Waverley à Thunder Bay, le marché By à Ottawa, King Street à Cobourg et Rosedale à Toronto. On peut établir des DCP visant de multiples administrations afin de protéger les paysages culturels uniques comme c’est le cas pour le DCP industriel du Oil Heritage Park dans le comté de Lambton. Un DCP peut également être adopté pour une seule propriété, notamment pour le Fort York à Toronto.

La Loi sur le patrimoine de l’Ontario permet à une municipalité – ou à la Fiducie du patrimoine ontarien – de sauvegarder une propriété assujettie à un accord de servitude protectrice. Une servitude est conclue volontairement, enregistrée sur titre et est habituellement détenue à perpétuité. Elle prévoit l’interdiction et la réglementation d’activités qui ont une incidence sur les caractéristiques patrimoniales d’un bien et cela crée une relation qui assure l’intendance et la gestion d’un changement afin de préserver la valeur patrimoniale d’un lieu. À l’aide de cet outil, la Fiducie a été en mesure de sauvegarder ces lieux en tant que paysage culturel d’un ancien hôpital provincial à Smiths Falls au centre régional Rideau, soit un complexe de structures agraires réaménagées au Country Heritage Park à Milton ainsi que la stratification de l’histoire du parc Lansdowne à Ottawa et du Ruthven Park à Cayuga. Ce dernier exemple renferme des caractéristiques naturelles et culturelles – y compris un riche patrimoine lié aux Premières Nations.

Malgré l’importance de tous ces exemples, ils ne représentent qu’une infime partie des paysages culturels de la province. Les zones rurales et les sites industriels sont sous-représentés tout comme les lieux sacrés autochtones. Alors que les outils prévus dans la loi n’offrent peut-être pas toujours le meilleur moyen de protection, plusieurs outils de planification sont disponibles qui ont servi à créer un système officiel de sauvegarde des paysages culturels désignés. Mentionnons notamment les politiques municipales sur les paysages culturels, les lignes directrices en matière de conception, les plans secondaires et les lignes directrices sur l’élaboration d’un plan officiel se rapportant à l’énoncé de principe de la province. Les règlements de zonage peuvent également servir à réglementer les nouveaux développements ou à protéger les perspectives visuelles vers les édifices ou lieux importants ou à partir de ceux-ci. On peut recourir au Plan sur l’escarpement du Niagara, et à d’autres plans provinciaux, afin de protéger et de contrôler le développement dans des zones spéciales (p. ex., la réserve mondiale de la biosphère), que l’on pourrait considérer comme d’imposants paysages culturels en soi renfermant un nombre non révélé de paysages culturels dans bon nombre de communautés et d’administrations.

La surface n’a été qu’effleurée sur la façon dont nous pouvons reconnaître les paysages culturels. Grâce à tous ces outils disponibles, il faut toujours envisager comment nous pouvons établir et appliquer de nouveaux pouvoirs de planification législatifs et outils de gestion adaptés aux paysages culturels. Si la trousse d’outils de Patrimoine ontarien était enrichie afin de fournir une méthodologie servant à désigner et à définir les paysages culturels de concert avec les Autochtones, un processus et un système pourraient être établis afin de reconnaître et de sauvegarder les paysages culturels sacrés et d’en assurer l’intendance. Nous pourrions intégrer le patrimoine naturel et culturel au niveau de la planification de l’usage de la terre pour contribuer à en assurer la désignation de manière simultanée plutôt qu’isolée.

Ain de sauvegarder les paysages, il faut tout d’abord être informé. La désignation et l’intégration des paysages culturels au processus de planification représentent l’outil le plus efficace et ces efforts contribueront à adopter de nouvelles politiques de sauvegarde pour l’avenir. Lorsqu’il s’agit de sauvegarder les paysages culturels, il n’existe pas de solution facile. Malgré leur utilité, tous ces outils ne constituent pas des mécanismes exhaustifs et ils ne peuvent pas obliger l’application de l’usage continu, des traditions ou l’évolution des paysages qu’ils visent à sauvegarder. Or, il s’agit d’un bon tremplin et ils continueront d’être le fondement de l’ensemble des outils de sauvegarde qui suivront.

Le parc Ruthven à Cayuga, protégé grâce à la servitude protectrice, préserve des valeurs naturelles et culturelles – dont un riche patrimoine autochtone.

Photo: Le parc Ruthven à Cayuga, protégé grâce à la servitude protectrice, préserve des valeurs naturelles et culturelles – dont un riche patrimoine autochtone.

Des districts de conservation du patrimoine (DCP) peuvent être créés pour de multiples administrations afin de sauvegarder les paysages culturels uniques comme dans le cas des DCP industriels du Oil Heritage Park dans le comté de Lambton.

Photo: Des districts de conservation du patrimoine (DCP) peuvent être créés pour de multiples administrations afin de sauvegarder les paysages culturels uniques comme dans le cas des DCP industriels du Oil Heritage Park dans le comté de Lambton.