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Les lieux de culte dans les paysages culturels de l’Ontario rural

Un point de repère dans le comté de Haldimand : St. Anne’s Roman Catholic Church, son cimetière et le paysage rural environnant

Photo : Un point de repère dans le comté de Haldimand : St. Anne’s Roman Catholic Church, son cimetière et le paysage rural environnant

Par

Wendy Shearer

Les bâtiments et l'architecture, La communauté, Les paysages culturels

Published Date: sept. 10, 2009

Les paysages culturels du Sud rural de l’Ontario recèlent une myriade de ressources patrimoniales, tant du point de vue de l’environnement naturel que du patrimoine bâti, du tracé topographique que de l’exploitation des terres. Dans un tel cadre, les lieux de culte constituent des artéfacts et des points de repère essentiels. Ces monuments ont été érigés en des lieux très différents, aussi bien au sein de petites jonctions communautaires que sur des sites isolés disséminés le long de la grille des concessions et des petites routes qui constitue la trame du paysage agricole du Sud de l’Ontario.

Ces lieux de culte, parmi lesquels figurent certains des plus anciens édifices encore utilisés de nos jours, revêtent une grande importance architecturale et véhiculent de nombreuses valeurs associatives et contextuelles. L’édification de ces bâtiments est le fruit des efforts de collectivités désireuses de célébrer les éléments spirituels et cérémoniels de leur vie quotidienne. Ces lieux de culte sont donc devenus des lieux de mémoire, des monuments rendant hommage aux communautés qui les ont bâtis. Ce sont également des symboles qui évoquent toute la réalité du tissu social du panorama culturel rural, et qui accueillent les rassemblements communautaires, que ce soit pour des festivités ou des commémorations solennelles.

Bon nombre de ces lieux de culte exploitent la topographie naturelle, et utilisent les atouts du site où ils sont bâtis pour renforcer leur stature. Ce caractère distinctif vis-à-vis de leurs particularités contextuelles confère à ces édifices leur statut de point de repère. Ainsi, à Haldimand, la St. Anne’s Roman Catholic Church marie avec art les ressources de la topographie et de l’architecture pour rehausser son envergure et sa présence. Cette tendance, que l’on retrouve dans tout le Sud de l’Ontario, contribue sensiblement à l’esthétique du paysage.

Bien d’autres lieux de culte s’intègrent harmonieusement dans le paysage environnant. Ainsi, Port Ryerse Memorial Anglican Church est nichée au cœur d’une zone ombragée, au sein d’une agglomération rurale compacte. L’église bardée de planches avec couvrejoints présente une architecture distincte adaptée à sa finalité, mais elle n’en présente pas moins de nombreuses similarités avec les fermes et les habitations environnantes, puisqu’elle suit le schéma organique « en parcelles » typique de la topographie de la vallée bordant le lac Érié. De plus, l’histoire de la communauté, notamment ses liens avec les Loyalistes de l’Empire-Uni et son rôle dans la guerre de 1812, est retracée par les stèles du cimetière jouxtant l’église. La valeur contextuelle de l’église réside dans l’harmonie entre les caractéristiques de l’édifice, du cimetière et du site naturel qui les abrite.

La valeur associative des monuments religieux provient du fait qu’ils perpétuent la continuité temporelle et familiale. St. Andrew’s Church, une modeste église de bois située à Buxton, revêt une très forte valeur emblématique, puisqu’aux yeux de la communauté environnante et des descendants des premiers colons de la région, elle constitue l’expression symbolique de la liberté et de l’espoir. En effet, de nombreux réfugiés américains ayant fui l’esclavage se sont établis à Buxton. Depuis les années 1920, leurs descendants viennent régulièrement de tout le Canada et de partout dans les États-Unis pour commémorer leurs ancêtres.

Dans de nombreuses régions rurales, les lieux de culte sont les seuls vestiges qui témoignent des premières heures de la colonisation, et donc les seules structures qui perpétuent l’identité des premiers établissements. Tout comme autrefois, ils servent de lieu de contemplation, de partage, d’inspiration et de réconfort spirituel, mais à cette dimension religieuse s’ajoute désormais une dimension symbolique, puisque leur statut de haut lieu du patrimoine rural confère à ces bâtiments une valeur qui transcende leur simple structure matérielle.