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L’histoire de Chatham-Kent

Un campement militaire au parc Tecumseh vers 1885. Depuis 1794 et la construction d’un chantier naval ordonnée par John Graves Simcoe, ce parc est une réserve militaire.

Photo : Un campement militaire au parc Tecumseh vers 1885. Depuis 1794 et la construction d’un chantier naval ordonnée par John Graves Simcoe, ce parc est une réserve militaire.

Par

Dave Benson

Les bâtiments et l'architecture, La communauté, Les paysages culturels

Published Date: févr. 11, 2010

Le très riche patrimoine culturel de Chatham-Kent remonte à bien avant la colonisation européenne. Il s’est constitué lorsque d’immenses villages entourés de palissades et les Indiens neutres occupaient les berges de la rivière Thames et les rives des lacs Érié et Sainte-Claire.

La rivière Thames a attiré les colons français et loyalistes dès le début des années 1780. Originaires de Pennsylvanie, des missionnaires moraves – qui étaient persécutés – ont aussi remonté la rivière Thames et ont créé le village de Fairfield, en 1793. Le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe a jugé que les fourches de la rivière Thames (aujourd’hui Chatham) étaient un emplacement très important d’un point de vue stratégique; il y a construit un campement militaire ainsi qu’un chantier naval en 1794. De même, Lord Selkirk a établi en 1804 sur la rivière Sydenham une de ses premières communautés, Baldoon, qui constituait jusqu’à très récemment la ville de Wallaceburg.

En 1812, la colonisation avait pris une telle ampleur que les colons pouvaient rassembler une milice digne de ce nom pour défendre la région. Cette avancée a subi un coût d’arrêt lorsque les troupes américaines ont poursuivi les Britanniques et les Premières nations à l’automne 1813; des moulins ont été brûlés, Fairfield a été détruite et le chef Tecumseh a été tué au cours de la bataille de la Thames.

Dans les décennies qui ont suivi la guerre de 1812, la colonisation s’est poursuivie sur les berges de la rivière Thames. Parallèlement, le défrichement du sentier Talbot a facilité l’arrivée de nouveaux immigrants sur les terres fertiles bordant les berges du lac Érié. Morpeth, Wheatley, Port Alma et Port Crewe sont devenus des ports de chargement, permettant le développement de l’agriculture dans l’arrière-pays. Durant cette période, Chatham-Kent a été l’une des principales destinations de réfugiés fuyant l’esclavage, et les colons noirs se sont installés en grand nombre à Buxton, Dawn et Chatham.

Dans les années 1850 et 1860, un des premiers gisements de pétrole a été découvert près de Bothwell. Bien que le boom pétrolier ait été de courte durée, le patrimoine de la région en combustibles fossiles ne s’est pas démenti, comme le démontrent la découverte de champs de gaz et l’établissement de la société Union Gas, au début du XXe siècle.

La construction de quatre importantes voies de chemin de fer entre 1854 et les années 1880 a exercé une grande influence sur le type de peuplement et le développement économique de Chatham-Kent. Un grand nombre d’anciennes communautés portuaires ont été éclipsées par des villes comme Highgate, Charing Cross, Ridgetown et Tilbury où s’arrêtait le chemin de fer. La convergence de plusieurs de ces lignes à Chatham a permis à la ville de connaître un développement industriel et commercial rapide ainsi qu’une croissance démographique fulgurante à la fin du XIXe siècle. La ville est devenue un leader en matière d’exportation d’outillage agricole et la capitale de fabrication de véhicules hippomobiles au Canada. De même, le trafic sur la rivière Sydenham et le chemin de fer ont contribué au développement de Wallaceburg, nommée la « ville du verre » en Ontario.

À la fin du XIXe siècle, les innovations technologiques ont favorisé la production agricole à Chatham-Kent. Plus de 50 000 acres de marais de basse altitude ont été asséchés grâce à la construction de digues, de canaux de drainage et de tunnels souterrains profonds. On estimait que ces terres étaient les plus fertiles de l’Ontario et que l’opération d’assèchement était l’une des plus importantes menées en Amérique du Nord. Chatham-Kent a ainsi vu sa production et son rendement agricoles se développer grâce à de nouvelles cultures, telles la betterave à sucre et le maïs de semence hybride.

La région de Chatham-Kent a connu un développement important et profond. À en juger par le passé, sa croissance future promet d’être spectaculaire.