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Les paysages sacrés dans les communautés ontariennes

Les détails minutieux qui ornent la barrière entourant St. George’s Cathedral, à Kingston, en font un élément notable du panorama de l’église

Photo : Les détails minutieux qui ornent la barrière entourant St. George’s Cathedral, à Kingston, en font un élément notable du panorama de l’église

Par

Marcus R. Létourneau

Les bâtiments et l'architecture, Les paysages culturels

Published Date: sept. 10, 2009

Les lieux de culte constituent un aspect visible du patrimoine de l’Ontario, mais ils s’inscrivent également dans un panorama culturel bien plus vaste pour inclure des structures connexes, des lieux de sépulture, des plans de vue, des ressources archéologiques et des éléments naturels. Les hauts lieux de la spiritualité des Premières nations font également partie des paysages culturels. Pris dans leur ensemble, ces paysages permettent de mieux comprendre chaque culte, ainsi que le développement et l’identité des différentes communautés. Porteurs de significations plurielles et parallèles, ils jouent un rôle capital dans l’histoire de l’Ontario.

L’acception du terme « paysage culturel » est complexe et peut désigner différents concepts. Le géographe James Duncan a ainsi indiqué qu’un paysage pouvait être compris comme « l’apparence d’une région, l’association des éléments produisant cette apparence, et la région elle-même ». Les communautés religieuses utilisent les paysages pour incarner leurs croyances sous une forme physique. Par conséquent, seule une approche holistique permet de comprendre et de protéger le patrimoine religieux et spirituel de l’Ontario.

Aux yeux de nombreuses communautés ontariennes, les paysages religieux et spirituels servent de point de convergence. Les églises et leurs structures connexes figurent parmi les premiers édifices échafaudés par les nouveaux établissements, et certains de ces bâtiments constituaient des sites d’importance majeure à l’échelon local. Les systèmes de croyances trouvaient leur expression à travers les presbytères, les lieux de congrégation, les dépendances des bâtiments religieux, les statues et monuments religieux, les écoles confessionnelles, les chapelles, les lieux de sépulture et l’aménagement du paysage.

Dans la plupart des cas, ces paysages concentrent un certain nombre de bâtiments dans un même périmètre. Ainsi, les terrains entourant St. George’s Cathedral, à Kingston, réunissent au sein d’un écrin de verdure soigneusement aménagé la cathédrale elle-même, la salle paroissiale et la tombe de Lord Sydenham. Les piquets de clôture sont surmontés d’ornements en forme de tiare épiscopale miniature. L’office et le cimetière inférieur sont également situés dans les alentours. Dans d’autres cas, les divers éléments composant le paysage culturel sont plus dispersés. Par exemple, à Minden Hills, le presbytère de St. Paul’s Anglican Church est séparé de l’église par la rivière Gull. Les lieux de culte ayant fait l’objet d’une reconversion continuent pourtant de témoigner de leur fonction initiale – citons par exemple le cas d’une ancienne maison commune Quaker de Kingston, qui est désormais une résidence privée.

Les paysages spirituels des Premières nations – tels que le parc provincial Serpent Mounds, les Barrages-de-Pêche-Mnjikaning et le parc provincial des Pétroglyphes – jouent un rôle à part entière dans l’histoire de l’Ontario. Ces sites, qui sont au cœur de l’identité et des croyances des Premières nations, devraient être considérés comme des paysages vivants.

De nombreux outils ont été élaborés pour sauvegarder les paysages culturels à dimension religieuse et spirituelle, parmi lesquels on peut citer la Loi sur l’aménagement du territoire (et la déclaration de principes provinciale associée) et la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. Pour que ces paysages puissent être protégés, ils doivent au préalable être identifiés et les dirigeants communautaires doivent comprendre toute leur portée. Des initiatives telles que « Save Our Sanctuaries », à Lakeshore, témoignent de l’importance de ces paysages aux yeux de nos concitoyens. Dans leur majorité, ces sites sont dynamiques, c’est-à-dire toujours habités et perpétuellement transformés. Notre priorité devrait être veiller à ce que ces transformations soient judicieuses. Mais bien d’autres difficultés et opportunités attendent les défenseurs du passé de l’Ontario – et de son avenir.