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Nouvel édifice majeur au Canada : le Monument national de l’Holocauste

Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Par

Margi Oksner

Revoir le point de vue historique

Date de publication :07 sept. 2018

Photo : Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Le 27 septembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau a inauguré officiellement le Monument national de l’Holocauste à Ottawa. Ce monument est situé à l’angle nord-est des rues Booth et Wellington, en face du Musée canadien de la guerre. Il s’agit du plus grand monument construit dans la capitale depuis plus de 70 ans, venant modifier le paysage de la capitale pour tous les Canadiens et Canadiennes.

Pour bien comprendre comment et pourquoi ce monument a été créé, nous devons remonter à 2007. Laura Grosman, qui est alors âgée de 18 ans et étudie à l’Université d’Ottawa, apprend que le Canada est la seule nation alliée de la Seconde Guerre mondiale qui n’a pas de monument national de l’Holocauste dans sa capitale. Elle décide de changer cela. Munie d’images de mémoriaux du monde entier, de statistiques sur l’enseignement concernant l’Holocauste et d’une grande détermination, elle passe trois années à frapper aux portes du gouvernement. Finalement, avec le soutien direct du premier ministre de l’époque, Stephen Harper, le projet de loi C-442, projet de loi d’initiative parlementaire soumis par Tim Uppal, député conservateur d’Edmonton, est adopté. Le projet de loi C-442, Loi visant à ériger le Monument national de l’Holocauste, est promulgué par le gouverneur général le 25 mai 2011. L’année suivante, le Conseil d’édification du Monument national de l’Holocauste est constitué par John Baird, alors ministre des Affaires étrangères. Ce conseil, constitué de cinq personnes bénévoles venant de différentes régions du Canada, se voit confier le mandat de réunir 4,5 millions de dollars. Le gouvernement du Canada s’engage à verser une contribution équivalente, dans la limite de 4 millions de dollars supplémentaires, ainsi qu’à fournir le terrain pour édifier le monument.

En mai 2014, un jury attribue la conception du monument à une équipe dirigée par Lord Cultural Resources de Toronto, composée de l’architecte Daniel Libeskind, de l’architecte paysagiste Claude Cormier, du photographe Edward Burtynsky et de l’historienne de l’Université de Toronto Doris Bergen. Intitulé Un paysage de deuil, de souvenirs et de survie, le monument conçu comporte six structures en béton triangulaires qui forment les branches d’une étoile.

« L’étoile reste le symbole visuel de l’Holocauste, symbole que des millions de Juifs étaient contraints de porter par les Nazis pour les identifier en tant que Juifs, les exclure de l’humanité et les marquer en vue de leur extermination », explique Daniel Libeskind.

Les six triangles de béton renferment des zones spécifiques, comprenant un espace pédagogique présentant l’histoire du Canada et de l’Holocauste, trois espaces distincts invitant à la méditation, un lieu de rassemblement central ainsi qu’un espace en hauteur, tel une cathédrale, dans lequel brûle une flamme du souvenir. Des photographies d’Edward Burtynsky figurent sur les murs de chaque espace triangulaire, transportant les visiteurs au sein des paysages lugubres des lieux de l’Holocauste. S’élançant vers les édifices du Parlement voisins, les « escaliers de l’espoir » emmènent les visiteurs du lieu de rassemblement central à la terrasse supérieure. Autour du monument, un paysage rocailleux parsemé de conifères évoluera au fil des ans, représentant le passage du temps et la contribution des survivants canadiens à la culture et à la société du Canada d’aujourd’hui.

« Il a été extrêmement important de pouvoir concevoir et construire ce monument avec une équipe incroyable », explique Daniel Libeskind. « Ce monument constitue non seulement un espace public primordial pour la commémoration des personnes qui ont été assassinées durant l’Holocauste, mais il est également présent pour nous rappeler sans relâche que le monde actuel est menacé par l’antisémitisme, le racisme et l’intolérance. Le Canada défend les valeurs démocratiques fondamentales du peuple indépendamment des races, des classes ou des croyances, et ce monument national est l’expression de ces principes et de l’avenir. »

Le rabbin Daniel Friedman, président du Conseil d’édification du Monument national de l’Holocauste, a estimé que ce monument devrait constituer un passage obligé pour tous les dignitaires étrangers en visite et pour tous les écoliers. Lors de son discours à l’occasion de l’inauguration, il a déclaré : « Au cours des cinq dernières années, j’ai eu l’honneur de présider le Conseil d’édification du Monument national de l’Holocauste. Après avoir échangé avec des personnalités canadiennes de divers horizons concernant la vision du monument, nous avons conclu que le monument devait refléter trois éléments : il doit constituer un mémorial en l’honneur des six millions de Juifs et autres personnes assassinés par les Nazis; il doit reconnaître les contributions des survivants de l’Holocauste à la société canadienne; il doit enfin démontrer notre engagement national immuable de nous tenir en première ligne dans la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et l’intolérance partout dans le monde. »

Il a poursuivi ainsi : « Notre réussite témoigne de votre incroyable générosité. Je peux vous dire au nom de tous les autres membres du conseil que chacun d’entre vous a apporté une contribution extraordinaire. Nous avons organisé diverses réunions pour déterminer si nous avions le budget pour ajouter une rangée d’arbres, ou si le monument nécessitait une surveillance à temps plein; à chaque fois que nous pensions que quelque chose n’était pas faisable, l’un d’entre vous est intervenu miraculeusement pour rendre la chose possible. Chaque dollar a été comptabilisé et dépensé avec prudence afin d’édifier un monument de classe mondiale qui restera gravé dans le cœur et dans l’esprit de tous les visiteurs. »

Le premier ministre Justin Trudeau a inauguré le monument en déclarant : « Nous disposons désormais dans notre capitale d’un lieu permettant aux familles de se réunir pour apprendre, pour poser ces questions difficiles, pour faire leur deuil et pour se souvenir. Que ce monument nous rappelle de toujours ouvrir nos bras et nos cœurs aux personnes en détresse. »

Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Photo: Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Photo: Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Photo: Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)

Photo: Le Monument national de l’Holocauste (Photo : Doublespace Photography)