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Des récits qui nous définissent
"Par ce numéro de Questions de patrimoine, la Fiducie du patrimoine ontarien lance MonOntario – une vision au fil du temps, un projet qui prend la forme d’une conversation entre Ontariens, toute une année durant, sur qui nous sommes et qui nous aimerions devenir – un échange d’une nature aussi diversifiée et dynamique que la province elle-même."
Les récits sont puissants. Ils révèlent nos valeurs, nos plaisirs et nos souvenirs, les rites et les rythmes de nos vies, nos natures spirituelles, nos esprits créatifs, nos victoires et nos regrets. S’ils nous appartiennent, nos récits peuvent aussi s’avérer d’importants instruments pour communiquer nos réflexions et idées aux autres. Ils décrivent les liens qui nous relient au territoire et à la communauté, ou qui nous unissent les uns aux autres.
L’histoire culturelle de l’Ontario remonte à plus de 10 000 ans. Le 150e anniversaire de la Confédération nous apporte la possibilité de nous tourner vers le passé et d’apprendre, de regarder autour de nous et de réfléchir, de contempler l’avenir et d’imaginer. C’est un bon moment pour échanger nos récits, écouter l’histoire d’autrui, explorer ensemble les thèmes qui revêtent un sens, ont de la valeur et sont une source de beauté, et appliquer notre compréhension commune pour mieux discerner l’avenir.
J’ai eu la chance de rencontrer des Ontariens et Ontariennes de toutes les générations dans diverses collectivités partout dans la province. Je les ai entendus se raconter; j’ai ri et pleuré avec eux; j’ai partagé des repas, écouté des concerts, pris part à des festivals et à des cérémonies; j’ai visité des terres respectées et j’ai admiré des créations confectionnées et imaginées. Permettez-moi de partager avec vous quelques-uns des récits qui tissent la trame de l’Ontario, de vous parler des gens et des lieux qui façonnent notre province.
Nochemowenaing – un magnifique et paisible promontoire de terres sauvages que gèrent conjointement la Fiducie et la Première Nation chippewa de Nawash. Thonnakona – le lieu de repos de 1 760 ancêtres wendats et wyandottes. Le cimetière épiscopal méthodiste africain d’Otterville – l’un des rares lieux de sépulture préservés des pionniers noirs en Ontario. Le temple de Sharon – conçu pour représenter les croyances des Enfants de la paix dans sa structure géométrique audacieuse et le magnifique savoir-faire qu’il révèle. La synagogue Knesseth Israël (Junction Shul) – dont les fenêtres circulaires renvoient au mot hébreu signifiant la « vie ». Les ruines de l’église St. Raphael – un lieu de commémoration de la communauté catholique écossaise. La salle de prière du Centre ismaélien à Toronto. L’esprit de nos ancêtres est perceptible dans tous ces endroits remarquables, sacrés, qui expriment la sérénité.
Il y a aussi la nature, intrinsèquement liée à notre identité en tant qu’Ontariennes et Ontariens. Le Bouclier canadien, les Grands Lacs, les forêts et les cours d’eau ont imprégné notre âme dès les premiers établissements. Cela se perçoit et se vit en marchant sur le sentier Bruce, en maniant la pagaie en canot ou en pédalant sur une route de campagne. Devant le spectacle offert par le paysage pastoral de la « petite ceinture d’argile » ou par celui de la pointe d’un bassin versant de l’océan Arctique – la ligne de partage dans le Nord de l’Ontario où les eaux s’écoulent dans la baie d’Hudson vers le Nord ou l’océan Atlantique vers le Sud et l’Est – ou encore la vision créée par les aurores boréales sur l’île Moose Factory, nous sommes bouche bée.
L’interaction de l’œuvre humaine avec ces reliefs a donné naissance à des paysages culturels qui reflètent les couches complexes de notre histoire, évoquant qui nous sommes en tant que société, ainsi que la diversité et les valeurs de nos communautés à mesure qu’elles évoluent. Les prairies à herbes hautes de Bkejwanong, « là où les eaux se divisent » et où s’étendent les terres ancestrales des Ojibwés, des Outaouais et des Pottawatomis – lieu aussi connu sous le nom de l’île Walpole. Mnjikaning, « là où se trouvent les barrages », notamment les anciens barrages en bois de Rama, les plus imposants et les mieux conservés dans l’est de l’Amérique du Nord, grâce auxquels les peuples autochtones ont récolté du poisson pendant plus de 5 000 ans. Le centre historique de la ville de Goderich, un paysage urbain aménagé avec soin et faisant aussi foi de la résilience de cette communauté qui a rebâti son quartier pittoresque après le passage d’une tornade dévastatrice en 2011. Les séries de façades élégantes en brique de couleur chamois qui encadrent la rue principale du quartier historique de Seaforth.
Les Ontariens et Ontariennes s’expriment au moyen d’une architecture remarquable. Pour ma part, je suis émerveillée par l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario, par le respect, la noblesse et la grandeur qu’incarne ce monument, comme l’avait prévu son architecte Richard Waite. Je suis admirative devant l’œuvre de l’architecte Thomas Lamb : le splendide Centre des salles de théâtre Elgin et Winter Garden – dernier théâtre à salles superposées en exploitation dans le monde. J’éprouve un ravissement total devant l’expression artistique du Groupe des sept et d’autres peintres que font découvrir les murs du sanctuaire de l’église anglicane St. Anne à Toronto. Le Maple Leaf Gardens, la Colline du Parlement à Ottawa, l’hôtel de ville emblématique de Kingston, le château Dundurn à Hamilton, l’église Our Lady surplombant le quartier historique de Guelph. Tous ces lieux sont des points de repère dans la mémoire collective, des points de référence pour notre identité, et ils renforcent mon engagement pour la conservation.
L’Ontario compte des esprits immensément créatifs. Les mots de Thomas King, d’Alice Munro, de Michael Ondaatje et d’Al Purdy. La musique de Glenn Gould, de Gordon Lightfoot, de la Nathaniel Dett Chorale et de Sarah Harmer. Les tableaux de Norval Morrisseau, de Doris McCarthy, d’A.Y. Jackson, de Daphne Odjig. Les sculptures de Ben Henry. Tous ces artistes, et des myriades d’autres, nous parlent à leur façon de l’Ontario, élargissent nos perspectives et fortifient nos âmes.
Nous ne pouvons qu’être inspirés par l’histoire des inventeurs et concepteurs – Dre Vera Peters, Alexander Graham Bell, Dr James Collip, sir Sandford Fleming, Elsie MacGill et Dre Roberta Bondar – qui nous incitent à penser autrement au sujet du monde qui nous entoure.
Bon nombre des récits que nous avons présentés au moyen de programmes et de plaques provinciales m’ont mise au défi de voir les choses différemment. Les victimes de racisme et de préjugés ainsi que toutes ces personnes qui se battent pour défendre leurs droits et ceux des autres. Nellie McClung et Dre Emily Stowe, qui ont milité pour les droits des femmes. Hugh Burnett et la National Unity Association, qui ont lutté pour l’égalité raciale et la justice sociale, et dont les efforts ont jeté les bases de la législation sur les droits de la personne en Ontario. L’Homophile Association de l’Université de Toronto et d’autres militants précurseurs qui défendent les droits des LGBTQ et ont fait progresser les débats et discussions. Les survivants du Mohawk Institute et d’autres pensionnats, dont les voix sont enfin entendues. Tous ces récits et expériences nous inspirent à bâtir un meilleur avenir où seront reconnus les droits et contributions de tous les Ontariennes et Ontariens.
Les objets sont aussi d’importants porteurs de récits. La ceinture wampum à deux rangs, le Guswenta, qui témoigne de la première alliance entre les peuples autochtones sur l’île aux Tortues et les Européens. La masse exposée à l’Assemblée législative de l’Ontario, prise dans une bataille livrée en 1813 et retournée en gage d’amitié un siècle plus tard. Les films maison de la famille Fulford montrant celle-ci en train de distraire des héritiers de la Couronne britannique (les futurs rois Édouard VIII et George VI) dans le domaine familial à Brockville. Le portrait de Joshiah Henson, esclave en fuite et abolitionniste, qui a été offert à la reine Victoria en 1877. Et nous gardons tous des souvenirs personnels, des photos et des lettres, des archives familiales, des livres, des bricolages, des jouets d’enfants auxquels nous attachons une valeur sentimentale.
Tout le monde a une histoire à raconter. Il peut s’agir d’un événement particulier, comme la rencontre d’un héros, qui a orienté notre façon de penser, d’un lieu de mémoire, d’un objet revêtant un sens spécial. Nos récits et leur sens sont propres à nous, même lorsqu’ils sont partagés. Mais le partage qui s’opère nous permet d’accroître notre compréhension, d’exprimer des points de vue différents, d’édifier la collectivité. Nous récits nous relient. Ils nous mettent en contact avec une dimension plus grande, qui englobe. Ils sont ce qui restera après nous. Mais il y a encore tant de récits inconnus à transmettre, le moment venu.
Nous avons demandé à 47 personnalités éminentes de l’Ontario, à des hommes et à des femmes accomplis qui représentent un vaste éventail de perspectives, de donner le coup d’envoi, d’écrire et d’envoyer des photos sur ce qui les inspire et contribue à les définir.
Nous espérons que vous raconterez aussi votre Ontario. Peut-être avez-vous une expérience personnelle, un lieu particulier, une chanson, une recette, une tradition, une œuvre d’art, un artefact ou un simple objet en tête, en ce moment, quand vous pensez à l’Ontario.
Profitons de 2017 pour échanger nos récits, écouter l’histoire d’autrui, explorer ensemble les thèmes qui revêtent un sens, ont de la valeur et sont une source de beauté, et appliquer cette compréhension commune pour mieux discerner l’avenir. Avez-vous une histoire spéciale à raconter? Et qu’en est-il de l’avenir? Qu’aimeriez-vous voir dans l’Ontario de demain?