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Là où est né le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures

Défilé de la fête du Travail, 1946 (Photo : Université McMaster, Études sociales, avec le soutien archivistique du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)

Par

Allison Ward

Le patrimoine immatériel

Date de publication :08 sept. 2017

Photo : Défilé de la fête du Travail, 1946 (Photo : Université McMaster, Études sociales, avec le soutien archivistique du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)

La Révolution industrielle a démarré rapidement à Hamilton, en Ontario. Comme partout ailleurs au XIXe siècle, les industriels s’enrichissaient aux dépens des ouvriers de la ville. Mais ces derniers étaient conscients, sachant qu’il n’y a pas que le profit qui compte dans la vie. Une profonde solidarité est née des relations formées aux portes des usines et une culture ouvrière a émergé. En 1872, 1 500 travailleurs de Hamilton ont défilé dans les rues de la ville, appuyés par une foule gagnée à leur cause, et revendiquant une journée de travail de neuf heures. S’il n’a pas obtenu gain de cause, le mouvement a tout de même abouti à la fondation de l’Union ouvrière canadienne, une force unifiée au sein de laquelle les travailleurs pouvaient militer contre les lois du travail injustes et les employeurs intransigeants. Le premier défilé de la fête du Travail a eu lieu à New York, en 1882. Cette célébration a gagné le Canada en 1883, devenant une tradition à Hamilton. Manifestation structurée et solennelle au début, le défilé sera suivi d’un pique-nique familial dès les années 1890.

La culture du syndicalisme s’est enracinée à Hamilton au cours du siècle qui a suivi. En 1946, 12 000 travailleurs étaient sur les lignes de piquetage tout l’été devant la Steel Company of Canada et Westinghouse Canada, cimentant ainsi les droits à la négociation collective au Canada au lendemain de la guerre. Les lignes de piquetage donnaient lieu à des réjouissances collectives. Les femmes y emmenaient leurs enfants et des plats cuisinés. Les hommes se divertissaient avec divers jeux, comme le fer à cheval, les dames et les échecs, le boulingrin, la lutte amateur, la boxe, ou organisaient des concerts. Ce sentiment d’appartenance a débordé les lignes de piquetage et contribué à laisser des souvenirs chers à des générations de citoyens de Hamilton, nourris par un cycle annuel de pique-niques, ligues sportives et activités fériées que commanditaient des syndicats, offrant ainsi aux travailleurs et à leur famille la chance de jouir de la vie à l’extérieur de l’usine.

Le travail des citoyens de Hamilton s’est transformé ces vingt dernières années et, désormais, rares sont ceux qui travaillent dans les secteurs de l’acier ou de la fabrication. Toutefois, l’essence de la culture syndicaliste perdure dans l’élan progressiste de ces mouvements et meneurs sociaux. Hamilton est le foyer de militants qui s’activent pour que chacun, dans la ville, ait voix au chapitre. Reconnue pour ses militants contre la pauvreté, Hamilton expérimentera le programme pilote portant sur le revenu de base. Ce projet provincial rouvre la discussion sur le travail et le salaire. Hamilton n’a rien perdu de sa solidarité à l’égard des travailleurs. Nombre de ses habitants sont prêts à défendre avec ferveur quiconque risque d’être traité injustement ou d’être laissé pour compte.

Ouvrier (polisseur) de Dofasco près d’une pièce de fonte (Photo : Université McMaster, Études sociales, avec le soutien archivistique du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)

Photo: Ouvrier (polisseur) de Dofasco près d’une pièce de fonte (Photo : Université McMaster, Études sociales, avec le soutien archivistique du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)

Repas servis à des grévistes affamés, 1946 (Photo : Collection du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)

Photo: Repas servis à des grévistes affamés, 1946 (Photo : Collection du Centre des arts et du patrimoine des travailleurs et travailleuses)