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Préservons les métiers, et le patrimoine bâti suivra
"Tout comme pour les bâtiments, les compétences et les connaissances des métiers traditionnels doivent être préservées afin de maintenir la culture qui soutient nos collectivités."
Andrew Pamenter et Christopher Hahn
Les lecteurs de cette revue conviendront certainement que les édifices patrimoniaux occupent une place importante dans le paysage d’une collectivité. Apprécier ces bâtiments, par contre, ne suffit pas. Il nous faut des artisans du patrimoine pour qu’ils demeurent viables.
L’application raisonnée des techniques et une véritable connaissance des matériaux sont nécessaires pour entretenir, restaurer ou remettre en état des édifices. Ce savoir immatériel, que possèdent les artisans d’expérience, est un aspect intégral aussi bien qu’indissociable du patrimoine matériel de nos immeubles.
Dans les programmes des métiers patrimoniaux au campus de Perth du Collège Algonquin, on s’efforce de nourrir cette connaissance et de perfectionner ces compétences. Le programme de charpenterie et de menuiserie patrimoniales permet aux étudiants, au cours de quatre semestres, d’acquérir de l’expérience en travaillant dans la construction contemporaine et traditionnelle, ainsi que dans la création, la reproduction et la restauration d’oeuvres de menuiserie artisanale – notamment escaliers, portes et fenêtres – par des travaux sur le campus et sur des chantiers. Le programme de maçonnerie traditionnelle et patrimoniale couvre, en trois semestres, les principes fondamentaux de construction, de réparation et de restauration des bâtiments en blocs, en briques et en pierre, tant en atelier que sur le terrain, dans des projets dans l’ensemble de la région.
L’accent que nous mettons sur le patrimoine profite aux édifices eux-mêmes et à la collectivité du patrimoine, tout en appuyant l’artisanat et des solutions originales à des problèmes dans l’industrie en général. Nos diplômés oeuvrent de façon créative et ont un rendement élevé dans une industrie de plus en plus dominée par l’installation de produits préfabriqués au prix le plus bas. Il faut espérer, par contre, que nos étudiants construiront aujourd’hui ce qui deviendra demain des ouvrages patrimoniaux.
Les étudiants d’Algonquin arrivent à Perth de diverses régions du Canada, des États-Unis et même d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Sud. Ils ont en moyenne 28 ans et apportent avec eux un éventail étonnant d’expériences de vie. Explorant tant les métiers que les matériaux, ils apprennent les principes fondamentaux de la construction, de l’installation et de la conservation des bâtiments. Après l’obtention de leur diplôme, qui ne porte pas uniquement sur les vieux bâtiments, nos diplômés exercent comme artisans du cuir, enseignants, charpentiers, constructeurs en ballots de paille, transformateurs dans des ateliers d’escaliers personnalisés, poseurs de murs de pierre à sec, sculpteurs de pierre dans l’enceinte parlementaire, constructeurs de fours à pizza, inspecteurs résidentiels et fabricants d’instruments. Le fil commun est la culture, et les techniques des métiers traditionnels s’intègrent à cette trame.
Collège Algonquin, campus de Perth (Marketing), programme en charpenterie et menuiserie patrimoniales
Il est possible d’accomplir beaucoup grâce à l’interaction entre l’outil et les matériaux, s’ils sont guidés par la main et l’oeil. Nous voyons à quel point ces étudiants sont fiers de travailler avec leurs mains et leur esprit. Ces artisans bien formés créent des emplois, élèvent leur famille dans les collectivités où ils travaillent, utilisant de façon créative leurs connaissances et leurs ressources pour apporter leur contribution au monde qui les entoure.
Le problème des fenêtres de remplacement offre un excellent exemple de l’effet qu’a, sur une collectivité, une main-d’oeuvre de gens de métier sérieux et qualifiés. Les fenêtres de remplacement sont construites à l’aide de produits pétroliers dans une usine éloignée, où les travailleurs ont des salaires très bas, et ensuite, ces fenêtres sont installées. Puisqu’il est impossible de les réparer, elles sont jetées en moins de 25 ans. Songeons plutôt aux artisans locaux, recrutés à des salaires adéquats, qui rajeunissent, intempérisent et réparent les fenêtres en place, pour un coût analogue ou moindre et avec un rendement comparable ou meilleur. L’entretien et le soin judicieux des bâtiments offrent de bons emplois, font appel aux matériaux locaux et, finalement, ont beaucoup plus de retombées que l’installation de produits « sans entretien ».
Tout comme pour les bâtiments, les compétences et les connaissances des métiers traditionnels doivent être préservées afin de maintenir la culture qui soutient nos collectivités.
Lentement, mais de plus en plus, les collectivités, les régions et même les pays reconnaissent l’importance des connaissances propres aux métiers traditionnels. Le Japon protège ces connaissances et la formation appropriée par ses lois, tandis que la Grande-Bretagne se dote de centres de formation aux métiers traditionnels. L’Alberta et la Saskatchewan offrent des bourses d’études aux étudiants qui s’orientent vers les métiers traditionnels, tout comme les sections de Port Hope et de London de l’Architectural Conservancy of Ontario. Imaginez ce qui arriverait si chaque collectivité appuyait financièrement un étudiant ou deux par année pour suivre un de nos programmes ou une formation comparable dans un établissement comme le nôtre. En à peine quelques années, ces collectivités disposeraient de personnes capables, prêtes à commencer à travailler dans leurs propres projets locaux de conservation du patrimoine.
Le patrimoine immatériel, manifeste dans l’entretien des vieux bâtiments, a des répercussions profondes sur la qualité, la durabilité et l’utilité de notre patrimoine matériel. Par conséquent, ces connaissances et compétences doivent bénéficier du soutien de ceux qui en ont besoin. Si la réflexion, les techniques et la qualité des métiers patrimoniaux sont reconnues, la sauvegarde de nos récits par l’intermédiaire du patrimoine construit sera beaucoup plus proche de la réalité. Préservons les métiers, et le patrimoine bâti suivra.