Parcourir par catégorie
- L'alimentation
- L'archéologie
- L'économie du patrimoine
- L'environnement
- La communauté
- La communication
- Le design
- Le patrimoine autochtone
- Le patrimoine des femmes
- Le patrimoine francophone
- Le patrimoine immatériel
- Le patrimoine médical
- Le patrimoine militaire
- Le patrimoine naturel
- Le patrimoine Noir
- Le patrimoine sportif
- Les arts et la créativité
- Les bâtiments et l'architecture
- Les objets culturels
- Les outils pour la conservation
- Les paysages culturels
- MonOntario
- Réutilisation adaptative
- Revoir le point de vue historique
Thonnakona : Le retour à la terre des ancêtres
C’est par un samedi calme et dégagé de septembre 2013 que 1 760 ancêtres hurons-wendats ont été réinhumés dans un pré retiré et paisible.
Avant le XVIIe siècle, les ancêtres des Hurons-Wendats vivaient dans les fertiles vallées fluviales s’étendant au nord du lac Ontario et le long du fleuve Saint-Laurent. Au cours du XVIIe siècle, certains d’entre eux se déplacent vers le nord, jusqu’aux terres situées entre le lac Simcoe et la baie Georgienne.
Ce sont des agriculteurs, chasseurs et pêcheurs émérites, et d’excellents commerçants de fourrures, parcourant de longues distances. Dès 1650, pourtant, les décennies de conflit intense entre les nations iroquoises, alliées aux Européens belligérants, la famine et l’impact des maladies provenant d’Europe les poussent à quitter ce qui actuellement l’Ontario. Certains réinstallent leur communauté au Québec, tandis que d’autre s’établissent dans le Michigan, l’Oklahoma et le Kansas. Aujourd’hui, la Nation Huronne Wendat se trouve à Wendake, au Québec. Il s’agit de la dernière nation Wendat subsistant au Canada.
L’un des villages hurons-wendats se trouvait à l’emplacement de l’actuel Vaughan. Entre 1940 et 1980, l’ossuaire de ce village et 11 autres ossuaires disséminés dans tout l’Ontario sont mis à jour par des archéologues de l’Université de Toronto. Les corps des ancêtres et leurs objets funéraires sont prélevés pour être étudiés et restent sous la garde de l’université jusqu’en 2013.
En 2010, la Nation Huronne Wendat, l’Université de Toronto et la Fiducie du patrimoine ontarien entament un processus coopératif de restitution de ces ossuaires à la faveur de ce qui est devenue la plus grande cérémonie de réinhumation d’ancêtres autochtones jamais organisée en Amérique du Nord. Tout d’abord en tant que partenaires, puis en tant qu’amis, ils finissent tous par être mus par le même désir d’atteindre l’objectif commun : rétablir le lien entre la Nation Huronne Wendat et ses ancêtres, et offrir à ces derniers une dernière demeure respectable. Les ancêtres de 12 communautés seront réinhumés dans un seul grand ossuaire nommé Thonnakona, sur le site duquel 561 d’entre eux avaient été arrachés en 1970. Il s’agit désormais d’une importante réserve du patrimoine naturel et archéologique appartenant à la Fiducie et protégée à perpétuité.
Par ce paisible samedi de septembre, plus de 100 personnes originaires de Wendake sont présentes et des représentants de 15 Premières Nations ont fait le voyage en provenance de toute l’Amérique du Nord pour assister à l’événement et en témoigner. Des leaders de la longue maison d’Akiawenrak Wendake président la cérémonie de réinhumation de 1 760 de leurs ancêtres. Pendant près de 40 ans, ces derniers avaient été entreposés dans des caisses, leurs esprits séparés de leurs terres, de leurs descendants et les uns des autres. En cette journée ensoleillée, les caisses sont ouvertes et les ancêtres sont rendus à la terre où ils reposeront pour l’éternité. La cérémonie est privée, sereine et sacrée.
Un banquet visant à commémorer les ancêtres et festoyer ensemble vient parachever la journée. Des mets sont partagés. Des offrandes de remerciement et d’amitié sont échangées dans l’honneur et le respect.
Les Wendats, la Fiducie et l’Université de Toronto se sont lancés dans cette entreprise dans un esprit de bienveillance, de camaraderie et d’harmonie, afin de permettre une réunion respectueuse avec les ancêtres hurons-wendats et de veiller à ce que leur lieu de sépulture reste à jamais un site naturel et sacré où règne la quiétude.
Nous discutons à présent de la meilleure façon de partager ce que nous avons appris, et publierons des renseignements et analyses supplémentaires concernant cette collaboration. Nous espérons sincèrement que le partenariat forgé incitera d’autres personnes à nous emboîter le pas.