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Églises du « Nouvel-Ontario »

Ste-Anne-des-Pins, Sudbury

Photo : Ste-Anne-des-Pins, Sudbury

Par

Yves Frenette2

Le patrimoine autochtone, Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Published Date: sept. 10, 2009

Au milieu du XIXe siècle, le Nord de l’Ontario est resté très semblable à ce qu’il était sous le régime français – une région de missions catholiques au service des Premières nations et un lieu de ravitaillement en fourrures. Ces missions ont été plus ou moins abandonnées après le décès des Jésuites qui occupaient déjà ce territoire avant la conquête anglaise, mais elles ont réapparu pendant les années 1840. Les Oblats ont élu le Nord-Est comme territoire privilégié pour leur travail de mission et leurs collègues jésuites ont choisi le Nord-Ouest.

Par la suite, le développement de la foresterie, de l’exploitation minière puis de l’agriculture a favorisé le peuplement de ce « Nouvel-Ontario » par les Canadiens français, en raison de la construction de chemins de fer reliant cette région à la partie sud de la province et au Québec. Le peuplement a commencé dans les années 1860 près de Mattawa, s’est étendu vers l’ouest jusqu’à la région de Sudbury, puis il a atteint la rive nord du lac Huron quelque temps plus tard. Parallèlement, les Canadiens français ont migré vers Timiskaming et la Grande Clay Belt (qui s’étend de Kapuskasing jusqu’à la frontière du Québec). Partout où les Canadiens français se sont établis, ils ont apporté leurs fortes convictions religieuses avec eux.

Plus qu’un organisme religieux, la paroisse était le lien social majeur des colons, ainsi que leur point de référence principal. Les institutions établies autour de la paroisse incluaient l’école, l’hôpital et la caisse populaire. De plus, une myriade d’activités avaient lieu à l’église – récitals, ventes de charité et discours patriotiques. Ce cadre a fourni aux Canadiens français une identité et un sentiment de sécurité. Selon les dirigeants religieux et politiques, il garantissait la « survie de la race ». De nombreuses personnes de l’époque auraient été d’accord avec un député de Nipissing, Dr Raoul Hurtubise, qui, en 1939, a décrit la paroisse de Verner et son prêtre en ces termes : « Nous arrivons à Verner, une paroisse entièrement canadiennefrançaise et catholique. On se croirait dans la province du Québec. Cette paroisse est dirigée par mon bon ami le père O. Racette, qui est plein d’idéaux, mais qui a également l’esprit pratique et qui satisfait ses ouailles à tout point de vue. »

Pas moins de 67 paroisses de langue française ou bilingues ont été fondées par les autorités ecclésiastiques dans le Nord de l’Ontario avant 1930. Certaines de ces paroisses avaient été précédées d’une mission. On trouve encore dans la région certaines des premières chapelles en bois, qui ont également servi de presbytères et d’écoles. Cependant, dès qu’il y avait suffisamment de membres, une véritable église en pierre ou en brique a été construite – que ce soit un petit bâtiment dans la campagne ou un édifice monumental dans un centre urbain.

De nos jours, le rôle social des paroisses a évolué dans le « NouvelOntario » tout comme ailleurs dans la province, mais les clochers d’église s’élèvent toujours dans le ciel au-dessus des villes et villages franco-ontariens.