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Célébration de la Journée de l’émancipation : Le plus grand spectacle de liberté au monde

Défilé de l’émancipation à Windsor, août 1952 (Photo : © Archives publiques de l’Ontario)

Photo : Défilé de l’émancipation à Windsor, août 1952 (Photo : © Archives publiques de l’Ontario)

Par

Steven Cook

Le patrimoine Noir

Published Date: sept. 08, 2005

Il s’appelait Walter Perry mais on le surnommait « Monsieur Émancipation ». Né à Windsor en 1899, cet arrière-petit-fils d’esclaves attira des milliers de spectateurs chaque année dans sa ville natale, des deux côtés de la frontière, pour célébrer, dans les rues, l’abolition de l’esclavage. Cependant, déçu par la tournure négative que cet événement avait prise, M. Perry réorganisa les festivités en 1935.

« J'ai réuni un groupe d’Américains et de Canadiens avant-gardistes et nous avons donné aux célébrations le caractère qui est le leur de nos jours. Certains les ont qualifiées de ’plus grand spectacle de liberté au monde‘ ». Au fil des ans, l’événement a pris de l'ampleur pour inclure des défilés, des manèges et des concours de costumes et de beauté. L’événement a attiré les talents de Motown comme les Supremes et Stevie Wonder.

Le « spectacle de liberté » de M. Perry célébrait la Journée de l’émancipation, soit la fin de l’esclavage au Canada et dans l’Empire britannique. De nombreuses collectivités ontariennes ont commencé à célébrer la Journée de l’émancipation après l’adoption de la Abolition of Slavery Act (loi sur l’abolition de l’esclavage), le 1er août 1834. La journée connaissait surtout un grand succès dans les collectivités où les esclaves qui fuyaient l’esclavage dans les plantations aux États-Unis s'établissaient, soit entre autres à Sandwich (Windsor), Hamilton et Owen Sound. Tel était aussi le cas, il va sans dire, de l’établissement Dawn de Dresden, en Ontario, soit le lieu du Site historique de la Case de l’oncle Tom.

Au 19e siècle, la Journée de l’émancipation représentait une expression majeure de l’identité de la communauté noire et des activistes luttant contre l’esclavage. Elle offrait l’occasion de célébrer la fin de l’esclavage au Canada et dans l’Empire britannique grâce à des défilés, de la musique, de la nourriture et de la danse. La journée permettait également de défendre les droits des Noirs au Canada et d’exercer des pressions en faveur de l’abolition de l’esclavage en Amérique.

L’abolitionniste Frederick Douglass se joignit à Josiah Henson dans l’établissement Dawn, en 1854, pour célébrer le 20e anniversaire de l’émancipation britannique. Voici ce que M. Henson écrivait :

« La journée promettait de se transformer en une célébration joyeuse et positive . . . Les gens commencèrent à arriver des alentours, vêtus de leurs plus beaux atours – ils étaient presque tous Noirs. Ils savaient qui ils étaient. L’expérience amère de l’esclavage aux États-Unis leur avait appris la valeur de la liberté et ils étaient ravis de pouvoir exprimer, grâce à cette célébration, son importance. »

La Journée de l’émancipation se poursuit en Ontario, de nos jours. En 2005, Owen Sound a marqué le 143e anniversaire, alors que Windsor célébrait son 172e anniversaire. Le Site historique de la Case de l’oncle Tom a recréé l’atmosphère qui caractérisait les célébrations, du temps de Josiah Henson et des autres personnes en quête de liberté. Grâce à ces efforts combinés, la philosophie de chefs de file comme Walter Perry, Frederick Douglass et Josiah Henson perdure - un esprit communautaire qui célèbre la liberté et les droits de la personne.