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Sculpter sa place dans notre histoire

Né esclave au Maryland en 1789, Josiah Henson s’enfuit au Canada en empruntant le chemin de fer clandestin. Après s’être établi dans le Sud-Ouest de l’Ontario, il s’efforça d’améliorer les conditions de vie de la communauté noire et contribua à la création de l’Établissement de Dawn. Il devint un abolitionniste célèbre dans le monde entier, un évangéliste et un conducteur du chemin de fer clandestin. Son ancienne maison fait désormais partie du site historique de la Case de l’oncle Tom, à Dresden.

Photo : Né esclave au Maryland en 1789, Josiah Henson s’enfuit au Canada en empruntant le chemin de fer clandestin. Après s’être établi dans le Sud-Ouest de l’Ontario, il s’efforça d’améliorer les conditions de vie de la communauté noire et contribua à la création de l’Établissement de Dawn. Il devint un abolitionniste célèbre dans le monde entier, un évangéliste et un conducteur du chemin de fer clandestin. Son ancienne maison fait désormais partie du site historique de la Case de l’oncle Tom, à Dresden.

Par

Wayne Kelly and Steven Cook

Le patrimoine Noir, Les objets culturels

Published Date: févr. 15, 2007

Josiah Henson se rendit à Londres (Angleterre) en 1851 afin d’assister à la première Exposition universelle – également connue sous le nom de Great Exhibition ou de Crystal Palace Exhibition. Là-bas, il exposa de superbes panneaux en noyer poli de couleur noire produits dans la scierie du British American Institute (BAI), située dans ce qui est devenu depuis la ville de Dresden, en Ontario. Henson a évoqué cette expérience dans son autobiographie datée de 1876 :

« La reine d’Angleterre, Victoria, précédée de sa guide et suivie de son cortège, s’est, entre autres, arrêtée pour me rencontrer et inspecter mes objets. Je me suis découvert et l’ai saluée aussi respectueusement que possible, salut qu’elle m’a retourné, visiblement satisfaite, avec une grâce exceptionnelle. « S’agit-il vraiment d’un esclave en fuite? » l’ai-je entendue demander; « Tout à fait, et voici ses travaux » lui a-t-on répondu. » 1

Les panneaux que Henson présenta en 1851 lors de l’Exposition universelle étaient produits à partir de noyers poussant sur place, sur les terres du BAI. Les élèves de l’institut récupéraient le bois, à la fois riche et sombre, le transformaient en planches et passaient des heures à le raboter et à le polir, jusqu’à ce qu’il soit d’un lustre éclatant. Henson utilisa ces panneaux de sept pieds par quatre à la finition superbe pour faire la preuve, devant le monde entier, du talent et du savoir-faire des élèves du BAI. Henson fut convaincant et revint avec la médaille de bronze.

Henson fonda le British American Institute avec le révérend Hiram Wilson, un abolitionniste, et James Canning Fuller, un Quaker, afin d’offrir aux colons Noirs du Sud-Ouest de l’Ontario la possibilité de s’éduquer et d’apprendre un métier. La vision révolutionnaire de Henson, il en était persuadé, permettrait à la population Noire de devenir indépendante et autosuffisante. Cela était nécessaire, car les enfants afro-canadiens d’un grand nombre de collectivités à travers la province n’avaient pas le droit de fréquenter l’école publique, en raison de préjugés raciaux.

Le BAI ouvrit ses portes en 1842 avec 12 élèves. Ces derniers faisaient partie d’une petite communauté de colons noirs vivant sur une terre du BAI d’une superficie de 300 acres. En 1847, le BAI accueillait plus de 80 élèves. Ces derniers avaient défriché presque 100 acres, érigé sept bâtiments de l’institut et ouvert une usine de fabrication de briques ainsi qu’une entreprise de fabrication de cordes, qui utilisait le chanvre poussant sur les terres du BAI. Des plans furent également élaborés pour la construction d’un moulin à broyer le grain et de la scierie à vapeur qui allait plus tard produire les panneaux que Henson présenta lors de l’Exposition universelle de 1851 et pour lesquels il remporta un prix.

La collection du musée du site historique de la Case de l’oncle Tom comporte aujourd’hui deux chaises en bois décoratives dont on estime qu’elles sont le fruit du travail d’élèves du BAI et de colons ayant travaillé dans ces entreprises. Bien que l’on sache peu de choses quant à la provenance de ces chaises, on sait que plusieurs chaises similaires existent dans la région de Dresden. L’une d’entre elles est exposée au musée de Chatham-Kent, tandis que d’autres exemplaires sont détenus à titre privé.

Chacune de ces chaises est unique et révèle le talent de l’artisan qui l’a réalisée. Les chaises étaient faites à la main en bois de noyer (lequel poussait peut-être sur le site). L’utilisation d’un tour à bois permettait de le modeler et ainsi de créer des pieds et des moulures décoratives. Ces pièces étaient ensuite assemblées en utilisant des techniques européennes traditionnelles de fabrication de chaises. La décoration de ces chaises est saisissante. Les pieds et le dossier comportent des détails élaborés, souvent exubérants, sculptés à la main.

Un grand nombre de chaises comportent des motifs floraux et feuillus récurrents. Une chaise particulièrement impressionnante était décorée de symboles liés à des sociétés d’aide mutuelle à forte connotation religieuse : un carré et des compas ainsi que la lettre « G », représentatifs de l’ordre de la franc-maçonnerie, et la chaîne à trois maillons, représentative de l’ordre des Odd Fellows. Chose intéressante, Henson était un franc-maçon de deuxième niveau affilié à la Mt. Moriah Lodge N° 4 à Dresden.

Ces superbes chaises décoratives en bois sont des exemples frappants du travail réalisé par les élèves du British American Institute. Ces artéfacts sont des exemples exceptionnels d’un savoir-faire de style vernaculaire issu de la région de Dresden. Les symboles que l’on trouve sur ces chaises permettent d’imaginer la vie que menaient les personnes qui les ont créées et utilisées. Elles sont exposées en permanence au site historique de la Case de l’oncle Tom.

1 Josiah Henson et John Lobb, éd., Uncle Tom’s Story of his Life. From 1789 to 1876. Rév. Josiah Henson (La Case de l’oncle Tom de Mme. Harriet Beecher Stowe), Londres : Christian Age Office, 89, rue Farringdon, 1876, 135.

Ces chaises sculptées sont exposées en permanence au site historique de la Case de l’oncle Tom, à Dresden. Consultez le site www.uncletomscabin.org pour obtenir de plus amples renseignements.

Photo: Ces chaises sculptées sont exposées en permanence au site historique de la Case de l’oncle Tom, à Dresden. Consultez le site www.uncletomscabin.org pour obtenir de plus amples renseignements.

Détail de la chaise

Photo: Détail de la chaise