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Dans la Case de l’oncle Tom

Le Site historique de la Case de l’oncle Tom

"En février 2005, un accord fut trouvé entre la St. Clair Parks Commission et le gouvernement de lʼOntario pour transférer la propriété et la gestion du Site historique de la Case de lʼoncle Tom à la Fondation du patrimoine ontarien."

Par

Wayne Kelly

Le patrimoine Noir, Les bâtiments et l'architecture

Date de publication :12 févr. 2005

Photo : Le Site historique de la Case de l’oncle Tom

Dans un coude de la rivière Sydenham, près de la ville de Dresden, se dresse le Site historique de la Case de l’oncleTom. Le musée – construit sur le site de la colonie noire fondée en 1841 par le révérend Josiah Henson – veille sur l’établissement où ont vécu Josiah Henson et sa femme Nancy. De nos jours, des milliers de personnes se rendent en pèlerinage sur le Site historique de la Case de l’oncle Tom pour se renseigner sur notre passé.

Le Site historique de la Case de l’oncle Tom tire son nom du roman à succès écrit en 1852 par Harriet Beecher Stowe pour dénoncer l’esclavage; ce roman intitulé La Case de l’oncle Tom, met en scène un personnage du nom de Tom (et s’inspire librement de la vie de Josiah Henson). Josiah Henson raconte sa propre histoire dans son autobiographie, publiée pour la première fois en 1849.

Josiah Henson est né esclave le 15 juin 1789 près de Port Tobacco dans le comté de Charles, dans le Maryland. En tant qu’esclave, Josiah Henson a connu des épreuves terrifiantes. Il a été séparé de ses parents, vendu deux fois et mutilé à vie après avoir été battu. En 1829, Josiah Henson avait organisé le rachat de sa liberté avec de l’argent gagné en prêchant dans des congrégations méthodistes. Trahi par son maître, Josiah Henson fut emmené à la Nouvelle-Orléans pour y être vendu. Josiah Henson a échappé à l’esclavage en fuyant vers le Nord avec sa femme et ses quatre enfants en empruntant le chemin de fer clandestin, et finalement en traversant, le 28 octobre 1830, la rivière Niagara en direction du Haut-Canada (devenu entre-temps l’Ontario).

Le Haut-Canada était devenu un refuge pour les Noirs fuyant les États–Unis depuis que le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe avait fait voter en 1793 « une loi empêchant qu’on amène d’autres esclaves sur son territoire et limitant la durée des contrats de servitude, dans cette province ». Bien que cette législation n’ait pas libéré les esclaves habitant le Canada, elle interdit l’importation d’esclaves dans cette province. Cela signifiait que les personnes fuyant l’esclavage devenaient libres dès qu’elles avaient posé le pied en Ontario. Lorsque Josiah Henson arriva, en 1830, la communauté noire du Haut-Canada était constituée, entre autres, de Loyalistes noirs qui s’étaient battus aux côtés des Britanniques pendant la Révolution américaine et de réfugiés afro-américains de la guerre de 1812.

Josiah Henson a commencé sa vie au Canada en travaillant comme ouvrier agricole et comme prêcheur laïque dans la région de Waterloo. En 1834, il déménagea à Colchester avec 12 amis et créa une colonie noire sur des terres louées au gouvernement. C’est là que, en 1836, Josiah Henson rencontra Hiram Wilson, un missionnaire de la société antiesclavagiste américaine (American Anti-Slavery Society) qui exerçait son ministère parmi les Canadiens noirs. Hiram Wilson présenta Josiah Henson à l’un de ses amis, James Canning Fuller, un Quaker de New York. Avec le soutien financier de Hiram Wilson et d’un associé anonyme (probablement James Fuller), Josiah Henson acheta 200 acres dans le canton de Dawn pour y construire une communauté autonome pour les réfugiés fuyant l’esclavage.

L’établissement Dawn, comme il fut nommé, utilisait le British-American Institute – un manuel scolaire utilisé pour tous les âges par les professeurs pour se former et dispenser un enseignement général. L’école fut inaugurée en 1842 pour « développer l’être tout entier, et assurer le développement optimal des capacités physiques, intellectuelles et morales » et offrir aux Noirs canadiens la possibilité de prospérer et de réfuter les théories des partisans de l’esclavage qui prétendaient que les Noirs étaient incapables de vivre de façon indépendante.

L’établissement Dawn se développa et inclut des moulins et une briqueterie. Des colons débroussaillèrent leurs terres pour les cultiver – principalement en blé, en maïs et en tabac – et exportèrent vers l’Angleterre et les États-Unis du bois de noyer noir cultivé localement. L’établissement Dawn accueillit jusqu’à 500 habitants. Josiah Henson acheta 200 acres de terres jouxtant la collectivité, où vécut sa famille (il en revendit 100 acres à la colonie, à prix réduit). Il prêcha à l’église communautaire de l’établissement Dawn et siégea au comité exécutif de l’Institut.

L’établissement Dawn connut des problèmes administratifs et en 1849 la British and Foreign Anti-Slavery Society en prit la direction. Après la fermeture de l’école en 1868, l’établissement Dawn commença à décliner. La plupart de ses habitants, soit retournèrent aux États-Unis, où l’esclavage avait finalement été aboli, soit déménagèrent dans d’autres collectivités de l’Ontario. Josiah et Nancy Henson continuèrent cependant à habiter à Dawn jusqu’à la fin de leur vie.

Tout au long de sa vie, Josiah Henson fut un important leader de la communauté noire qui se développait au Canada. Il dirigea une unité noire de la milice durant la rébellion de 1837, plaida en faveur de l’alphabétisation et de l’éducation des Noirs, et parcourut une grande partie des États-Unis et de l’Angleterre pour lever des fonds pour soutenir ses activités; il aida les Canadiens noirs à rejoindre l’armée de l’Union pour combattre l’esclavage pendant la guerre civile américaine. De nos jours, des plaques de la Fondation du patrimoine ontarien et de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada commémorent les remarquables contributions de cet homme.

À l'intérieur du Site historique de la Case de l'oncle Tom (Photo : Tourisme Ontario 2006)

Photo: À l'intérieur du Site historique de la Case de l'oncle Tom (Photo : Tourisme Ontario 2006)

Josiah Henson (Photo : Bibliothèque Schlesinger à Harvard)

Photo: Josiah Henson (Photo : Bibliothèque Schlesinger à Harvard)