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Plus qu’une inauguration ordinaire

À l’extérieur du théâtre Loew de la rue Yonge dans les années 1920 (Photo : Toronto Transit Commission)

"Pour connaître d’autres anecdotes sur le dernier théâtre à salles superposées encore en exploitation au monde et voir des exemples de la collection de décors de vaudeville de la Fiducie, vous pouvez vous joindre à notre visite ouverte au public."

Par

Ellen Flowers

Les arts et la créativité

Date de publication :17 févr. 2012

Photo : À l’extérieur du théâtre Loew de la rue Yonge dans les années 1920 (Photo : Toronto Transit Commission)

Nous sommes le lundi 15 décembre 1913 et Toronto est en pleine effervescence en raison de l’ouverture d’un nouveau théâtre. Le théâtre Loew de la rue Yonge (propriété de Marcus Loew, conçue par Thomas Lamb) va accueillir deux grandes salles de théâtre superposées. Même s’il faudra encore attendre deux mois pour l’ouverture du théâtre Winter Garden au niveau supérieur, nous allons assister ce soir à la grande inauguration du fleuron de l’empire des salles de vaudeville que possède Marcus Loew au Canada.

Il ne s’agit pourtant pas du seul endroit où l’on peut voir jouer du vaudeville à Toronto. Au bas de la rue, on trouve le théâtre Shea’s Victoria sur la rue Richmond ainsi que le Grand Opera House et le Majestic, tous deux sur la rue Adelaide. Mais le théâtre Loew est différent – ici, on peut s’asseoir au milieu d’un décor extravagant pour seulement 10 cents.

La troupe de comédiens, de danseurs, de jongleurs et de chanteurs emprunte l’entrée des artistes qui donne sur la rue Victoria. Un jeune artiste peut trouver un logement pour seulement 10 cents par semaine dans l’une des nombreuses pensions à proximité.

En entrant, les artistes traversent la scène à l’endroit où les machinistes se préparent pour la représentation inaugurale de ce soir. Le cintrier est à la perche – accessoire moderne pour le théâtre – et s’assure que le décor est bien aligné pour apparaître en temps voulu. Le théâtre dispose de divers décors comme un jardin, un palais, un paysage de rue, pour les différentes scènes des spectacles de vaudeville.

Dans cette nuit glaciale, le tramway qui gronde en descendant la rue Yonge amène le public jusqu’au théâtre. Les clients achètent leurs billets au kiosque extérieur qui se situe dans le vestibule extérieur, à hauteur du trottoir. Des membres de l’élite de Toronto – médecins, banquiers, éditeurs – traversent le couloir richement décoré. Parmi les dignitaires figurent le lieutenantgouverneur, Sir John Gibson et le maire de Toronto, Horatio C. Hocken. Un jeune compositeur du nom d’Irving Berlin est également présent. Ce soir, les têtes d’affiche sont Weber et Fields, deux des plus grands comédiens de l’époque, connus partout dans le monde.

Descendant les escaliers en courant depuis les loges bondées, les artistes prennent leur place dans les coulisses, attendant leur tour. L’orchestre fait retentir la première note et le rideau se lève. Sur scène, la lumière éblouissante des nouvelles rampes électriques permet difficilement de distinguer le public, mais les rires et des applaudissements garantissent que tous partagent un bon moment.

Qui pouvait savoir que, près d’un siècle plus tard, cet ancien théâtre grandiose serait toujours un lieu historique de la ville de Toronto et une destination prisée de tous les amateurs de théâtre du monde entier?