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L’évolution de la comédie de style «pantomime »

Robin des bois – avec Karen Kain et Frank Augustyn – est la première « panto » de Ross Petty au théâtre Elgin à Toronto.

Par

Ellen Flowers et Gordon Pim

Les arts et la créativité

Date de publication :06 sept. 2013

Photo : Robin des bois – avec Karen Kain et Frank Augustyn – est la première « panto » de Ross Petty au théâtre Elgin à Toronto.

Observer une troupe d’acteurs en train de chanter, de danser ou de faire hurler de rire le public est toujours très divertissant. C’est ce qui se passe tous les ans au théâtre Elgin lorsque Ross Petty Productions revisite un conte classique pour offrir au public hilare une comédie que les anglophones appellent « pantomime ».

La comédie de style « pantomime » (ou « panto », comme on l’appelle familièrement aujourd’hui) fait rire le grand public depuis de nombreuses générations. Il s’agit d’une forme théâtrale qui jouit d’une longue tradition en matière de comédie « tarte à la crème », d’humour grivois, de personnages travestis, et souvent d’une forte participation sonore du public. Ancrée dans le théâtre classique, la « panto » existe de toute évidence depuis le monde hellénique et l’époque romaine. Aujourd’hui, ce style emprunte des éléments à la commedia dell’arte italienne (comme une grande partie de ses personnages, tels Arlequin et Colombine, ainsi que les traditionnels synopsis tragi-comiques toujours d’actualité dans les « pantos » modernes), aux mimes du Moyen Âge (les pièces britanniques populaires jouées pendant les vacances mêlant connotations religieuses, humour grossier et batailles sur scène; un ensemble qu’on associe aujourd’hui aux « pantos »), ainsi qu’aux formes théâtrales des XVIe et XVIIe siècles. On peut également dire que Shakespeare lui-même – qui aimait tant donner à ses personnages des rôles androgynes, créant ainsi des intrigues ahurissantes – a esquissé les traditions de la pantomime britannique.

La comédie de style « pantomime » telle qu’elle est jouée aujourd’hui sur les scènes du monde entier a été adaptée principalement par les Britanniques, qui, au XIXe siècle, ont remplacé certains contes classiques par des histoires européennes à la popularité grandissante. David Garrick et Joseph Grimaldi, célèbres acteurs de l’époque, ont transformé la « panto » en un ensemble de pitreries burlesques. Avec ses ressorts comiques qui divertissent un public de tous âges – et un parler inconvenant pour faire rire en douce les adultes – la « panto » devient une tradition annuelle, qui, au fil des ans, a contribué à définir le sens britannique de l’humour. Les événements les plus captivants de la presse quotidienne – tels que la conspiration des Poudres de 1605 (tentative d’attentat contre le roi Jacques Ier d’Angleterre) – ont donné naissance à des « pantos » qui ont ancré l’histoire de Guy Fawkes dans la conscience nationale.

Les « pantos » ont contribué à façonner le paysage théâtral de l’Ontario. Le Royal Alexandra Theatre de Toronto ouvre ses portes en 1907; sans surprise, la pièce inaugurale est une comédie de style « pantomime ». La reconstruction et la réouverture en 1917 de l’Orillia Opera House, presque entièrement détruit par un incendie en 1915, sont elles aussi marquées par une « panto ». Et aujourd’hui, depuis 1996, la « panto » annuelle de Ross Petty au théâtre Elgin est, pour un grand nombre, un avant-goût des fêtes de fin d’année à venir.

Selon Ross Petty, « la popularité de la “panto” relève de l’unicité de l’interaction entre le public et les acteurs ainsi que des improvisations sur des événements d’actualité. Les adultes s’amusent autant que les enfants ».

La « panto » moderne constitue toujours une part importante de notre répertoire théâtral. Étant donné la popularité de ces productions annuelles auprès des célébrités qui réclament à cor et à cri la possibilité de rejouer sur scène de telles pièces, la comédie de style « pantomime » ne risque pas de disparaître, en dépit des « sifflements » et des « huées ».