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Un papier peint historique : À la découverte de sa face cachée

Détails de la reproduction du papier peint du hall central de la Maison George Brown

L'archéologie, Les bâtiments et l'architecture, Les objets culturels, Les outils pour la conservation

Date de publication : févr. 16, 2006

Photo : Détails de la reproduction du papier peint du hall central de la Maison George Brown

Les papiers peints ont fait leur apparition au Canada dès le milieu du 17e siècle. Ces plus vieux papiers étaient peints à la planche, à la main ou au pochoir. Le motif et la couleur étaient appliqués à des carrés de papier fabriqués à la main qui étaient rassemblés par collage pour former une plus grande couverture murale.

À partir de 1840, les machines à cylindre graveur ont permis aux classes moyenne et supérieure de disposer de plus en plus de papiers peints en rouleau. Le papier peint devint rapidement une finition murale standard, partie intégrante de la décoration intérieure d’une habitation ontarienne. Le papier peint a permis aux propriétaires de logements de diviser les murs en sections basses, moyennes et supérieures aux couleurs et aux motifs variés. Les bordures et les champs étaient utilisés en combinaison dans une même pièce pour accentuer les effets architecturaux. Les styles des papiers peints évoluaient et il n’était pas rare de changer le papier peint d’une pièce tous les cinq ou dix ans, en utilisant des papiers à la dernière mode en matière de couleur, de motif, de matériau de support ou de thèmes allégoriques.

Bien que des murs couverts de papiers peints intacts du 19e siècle ne soient pas fréquents en Ontario, on peut souvent trouver des échantillons de papier peint d’époque dans les bâtiments historiques – à condition de savoir où chercher. On en trouve généralement dans des endroits cachés et là où un papier peint ancien a été recouvert par des ajouts ultérieurs : derrière des plaques d’interrupteur, des moulures appliquées ou des placards encastrés.

Comme dans tous les bâtiments historiques, ce que l’on y trouve cause souvent des surprises. Lors de la restauration de la Maison BethuneThompson à Williamstown, des recherches exploratoires ont révélé que les murs originaux de « Bethune », datant d’environ 1804, de la salle à manger et du petit salon, avec leur papier peint à la planche datant d’environ 1825, avaient été recouverts par d’autres murs construits par leur propriétaire ultérieur, David Thompson. Les murs supplémentaires étaient trop importants pour être enlevés, mais on pouvait apercevoir le vieux papier survivant grâce aux portes d’un placard dans le mur qui s’ouvraient pour révéler les surfaces en papier peint d’origine, offrant ainsi une fenêtre sur le passé.

Cependant, dans la plupart des cas, les fragments survivants du papier peint original sont petits et principalement utilisés pour guider les décisions concernant la restauration d’époque. Les options sont la reproduction unique personnalisée de papiers ou la sélection de papiers peints historiquement appropriés aux motifs standard d’époque disponibles chez les fabricants. À la Maison George Brown de Toronto, un fragment du papier peint original datant d’environ 1880 utilisé par G. Brown a été trouvé sur un mur du hall central, derrière un manteau de cheminée décoratif plus récent. Le dessin original représentait un motif empanaché de couleurs vives dans un style d’inspiration Rococo, exécuté à l’encre de bronze métal sur un épais papier gaufré, vraisemblablement sensé imiter le cuir. Avec l’aide d’un fabricant professionnel, ce motif historique a été minutieusement transféré et adapté aux techniques d’impression modernes.

Pour la salle à manger plus récente d’inspiration Art Nouveau de la même maison, une vieille photographie en noir et blanc a fourni suffisamment de détails pour permettre de redessiner le motif, alors qu’un petit fragment du papier peint original, découvert sous une baguette en acajou, a servi de guide pour la couleur. Ces papiers peints reproduits de façon personnalisée pour la Maison George Brown ont aussi été mis à la disposition du marché général de la restauration en tant que nouvelle ligne de papiers peints « du patrimoine » à motifs d’époque.

Lorsque vous avez à faire à des papiers peints historiques, que l’approche vise à conserver, exposer et interpréter des échantillons de matériau historique ou à reproduire et restaurer une apparence d’époque, le point de départ consiste toujours à découvrir ce qui est caché.