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Améliorer la biodiversité urbaine

Colibri à gorge rubis sur un gloxinia écarlate dans le jardin de plantes indigènes (Native Plants Garden) (Photo de Jon Brierley).

Par

Chris Earley et Brad Bass

Le patrimoine naturel

Date de publication :07 oct. 2010

Photo : Colibri à gorge rubis sur un gloxinia écarlate dans le jardin de plantes indigènes (Native Plants Garden) (Photo de Jon Brierley).

À la découverte du jardin Gosling (Gosling Wildlife Gardens)

Par Chris Earley

La plupart des jardiniers sont des accros de la biodiversité. « Quelle petite plante est-ce que je pourrais installer ici? Quelle fleur de printemps se plairait bien là? » Dans le jardin Gosling de l’Université de Guelph, nous sommes encore plus accros.Voici le genre de questions que nous nous posons : « Quels papillons cette fleur attirera-t-elle? » et « Les colibris aimeront-ils cela? » Et, à la différence de la plupart des jardiniers, nous espérons que les oiseaux mangeront les baies et que les chenilles mangeront les feuilles. En effet, notre objectif est d’attirer autant d’espèces que possible dans nos jardins afin de donner envie aux visiteurs de créer leurs propres jardins de la biodiversité en fournissant de la nourriture, de l’eau, de l’espace et un abri à la faune.

Créé en 1987, le jardin Gosling comporte cinq jardins différents :

  • Le jardin des papillons, des papillons nocturnes et des colibris (Butterfly, Moth and Hummingbird Garden) fournit du nectar aux colibris, aux papillons nocturnes, aux papillons, aux abeilles, aux guêpes, aux coccinelles, aux mouches et autres pollinisateurs. On y trouve un grand étang pour le stade aquatique de nombreux insectes, ainsi que pour les grenouilles et les crapauds, et un lit de développement larvaire destiné à encourager les papillons à y déposer leurs œufs. Ces deux caractéristiques font du jardin un site important pour toutes les étapes du cycle de vie d’une créature.
  • La pelouse (The Lawn) contraste avec les autres jardins en ce qu’elle correspond à ce que la plupart des gens ont dans leur jardin : une grande pelouse. Mais cette pelouse-ci est respectueuse de l’environnement car d’autres espèces de plantes peuvent y pousser et ses bordures constituées d’amélanchiers et de cornouillers permettent aux oiseaux et aux petits mammifères de se nourrir de baies.
  • Le jardin de plantes indigènes (Native Plants Garden), plus formel, montre aux visiteurs comment utiliser dans leur jardin les plantes indigènes, qui ont tendance à être plus favorables à la faune, et obtenir des résultats magnifiques. Il comporte également un ruisseau de recirculation, lieu de prédilection des loriots, passerins indigo, jaseurs d’Amérique et merlebleux qui viennent y boire et s’y baigner à l’instar d’au moins quinze autres espèces d’oiseaux.
  • Le jardin suburbain (Suburban Garden) montre aux jardiniers comment faire pousser et récolter des légumes tout en continuant à attirer la faune.
  • Le jardin des petites villes (Small City Garden) combine les caractéristiques des quatre autres jardins dans un espace de petite taille, pour montrer que tout jardin peut être respectueux de la faune, quelle que soit sa taille.

Dans cet extraordinaire site de la biodiversité, plus de 70 espèces d’oiseaux, six espèces de grenouilles, cinq espèces de reptiles, 22 espèces de mammifères et 35 espèces de papillons ont été recensées à ce jour. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les espèces visibles ici et sur la façon de les attirer dans votre jardin, visitez le jardin Gosling. Ou mieux encore, venez nous rendre visite!

Pour encourager les visiteurs à en savoir plus sur la faune dans leur voisinage, l’Arboretum de l’Université de Guelph a publié de petits guides remplis de photos et de renseignements.

Paroi respirante construite par Genetron Systems of Toronto dans le spa Bodystream de Barrie.

Étendre la biodiversité urbaine

Par Brad Bass

Pour le célèbre biologiste Edward O. Wilson, la biodiversité est définie par la myriade complexe de créatures vivantes sur la terre, depuis les plus petits organismes moléculaires vivant dans les sols jusqu’aux écosystèmes tout entiers. La biodiversité contribue aux cycles de vie hydrologiques et biogéochimiques qui recyclent l’air, l’eau, les éléments vivants et morts et les substances nutritives que l’on trouve sur la planète.

La biodiversité est mise en péril par trois processus permanents : la déforestation, la désertification et l’urbanisation. Ces trois processus combinés représentent la perte globale de près de 800 kilomètres carrés de sites de biodiversité par jour. Pourtant, malgré ces pertes, les villes offrent les meilleures perspectives d’expansion de la biodiversité, mais pas forcément là où l’on s’y attend.

Les zones de préservation du patrimoine naturel de Toronto, les plus riches en biodiversité indigène, occupent seulement 14 pour cent de la ville; à Mississauga, le chiffre atteint moins de 7 pour cent. La méthode actuelle d’expansion des sites de biodiversité des administrations municipales consiste à acquérir de nouveaux terrains, en général des terrains boisés ou des fermes. Ces types de terrains se font rares. Mais, contre toute attente, des pionniers des toits verts en Suisse et au Royaume-Uni ont découvert que d’autres zones urbaines peuvent générer des niveaux élevés de biodiversité. Ils ont découvert des espèces rares d’araignées et de coccinelles sur les toits verts, des espèces rares d’araignées dans les friches industrielles et même des écosystèmes de biodiversité qui s’épanouissent dans des espaces urbains hostiles ou inhabituels.

Certains de ces écosystèmes inhabituels ou inutilisés (les toits et les murs, à l’intérieur comme à l’extérieur) doivent être conçus pour constituer des espaces sophistiqués, un peu comme les jardins de pluie. Il suffit de quelques modifications bien connues pour faire d’un toit vert un habitat propice à la biodiversité. Un écosystème vertical doit pouvoir accueillir une diversité de plantes, pour permettre à celles-ci de fonctionner ensemble. Robert Cameron, étudiant en doctorat à la Penn State University, a conçu un système vertical d’épuration des eaux usées pour un mur. Il a également intégré ce design dans une douche, ce qui lui permet d’utiliser les eaux ménagères pour arroser les plantes vivant sur les murs. Certains des concepts de murs vivants utilisés pour servir de mur antibruit à l’extérieur contiennent une quantité suffisante de terre pour offrir des possibilités de diversification. Une paroi intérieure peut également être transformée en forêt tropicale verticale, avec rivière et écosystèmes satellites dans d’autres pièces, pour permettre la purification de l’air et l’absorption du dioxyde de carbone à l’échelle du bâtiment tout entier.

L’expansion de la biodiversité dans les villes nécessite de mettre en œuvre un certain nombre d’activités interdisciplinaires situées entre l’ingénierie et l’écologie et inspirées par une vision renouvelée de l’infrastructure urbaine. Mais c’est loin d’être impossible!

Chenille vanesse virginiensis se nourrissant d’immortelle blanche dans le jardin des papillons, des papillons nocturnes et des colibris (Butterfly, Moth and Hummingbird Garden) (Photo de Chris Earley).

Chenille vanesse virginiensis se nourrissant d’immortelle blanche dans le jardin des papillons, des papillons nocturnes et des colibris (Butterfly, Moth and Hummingbird Garden) (Photo de Chris Earley).