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Retour à la ferme
Mes parents (Ken et Martha Laing) ont décidé de se passer des énergies fossiles en guise de protestation contre la première guerre du Golfe – guidés par leur anticonsumérisme et leur pacifisme, mais aussi par leur amour des chevaux.
Pendant mon enfance à la ferme, nous utilisions un véhicule hippomobile pour nous déplacer et nous nous servions surtout des chevaux pour les travaux de la ferme. J’aime toujours divertir les gens en leur racontant ce que c’était que de vivre sur une ferme, avec des chevaux de trait, que ce soit pour conter des histoires d’étalons ou pour parler des fois où je me suis présenté au service au volant d’un Tim Hortons dans une calèche.
Les histoires que je raconte trouvent un écho dans mon travail d’artiste : j’utilise souvent des photographies de la ferme pour m’en inspirer et comme modèles pour mes tableaux, car un tableau reflète mieux les sensations de la ferme que ne le ferait une photographie.
Notre famille est profondément enracinée dans cette terre, et ce, depuis longtemps : ma soeur et moi formons la septième génération et ses deux enfants, la huitième. Le terrain a été déboisé en 1821 par Daniel et James Haight (notre arrière-arrière-arrière-grand-père). Ma soeur est récemment revenue au bercail après avoir passé 12 ans à Portland, en Oregon, où elle a été chef de cuisine. Cette année, elle a pris la direction du secteur des légumes biologiques de nos parents et explore tranquillement l’idée d’exploiter ses talents de cuisinière au profit de l’entreprise. Elle a récemment organisé son premier dîner à la ferme pour poursuivre la tradition des repas servis sur une seule longue table dans le champ pendant les récoltes. Cette coutume était nécessaire lorsque des fermes voisines s’entraidaient pour la récolte abondante à l’automne et qu’une bonne vingtaine de personnes avaient besoin de se sustenter. Notre grand-mère possède encore une nappe de 14 pieds qui recouvrait la table de nos ancêtres lors des récoltes.
Bien que ma carrière soit maintenant axée sur les arts visuels, après avoir vécu de nombreuses années à Guelph puis à Toronto, j’ai choisi de revenir m’installer dans la région de St. Thomas. Je ne participe pas aux activités de la ferme, mais je vais y faire un tour au moins une fois par semaine, et une grande partie de mon travail s’inspire directement de la culture rurale dans laquelle j’ai grandi ou l’évoque concrètement. Certaines des vidéos que j’ai filmées à mon retour mettent en avant l’ingéniosité de mon père pour la conception et la construction d’appareils agricoles tirés par des chevaux, qu’ils aient été construits à partir de rien ou qu’il s’agisse de versions ingénieusement modifiées des machines modernes.
Je me considère incroyablement chanceux d’avoir pu grandir dans un lieu aussi spécial et j’espère que ma soeur et Aaron pourront conserver cette tradition ainsi que le milieu bâti par mes parents. Ellen et moi tentons de faire vivre l’expérience de la ferme au plus grand nombre. Lors du dîner fermier, ma soeur avait cuisiné une panna cotta au foin et au miel qui avait l’odeur enivrante du foin fraîchement coupé au champ; elle avait fait macérer du trèfle, de la luzerne et de la matricaire odorante dans du lait pour concocter un dessert évoquant la période des foins à la ferme.
La ferme de ma famille est pour moi un lieu de ressourcement en tant qu’artiste. J’en tire ma force et mon inspiration (ainsi que ce qui me nourrit). J’espère que mon art et mes photographies inciteront davantage de personnes à découvrir l’agriculture ou à soutenir les agriculteurs et à rechercher leur compagnie.