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Conservation communautaire : Ingrédients de la recette du succès

SOS-Églises au travail. David Tremblay dirige la discussion pendant que Jérôme Baillargeon prend des notes.

Photo : SOS-Églises au travail. David Tremblay dirige la discussion pendant que Jérôme Baillargeon prend des notes.

Par

David Tremblay

La communauté, Les outils pour la conservation

Published Date: févr. 14, 2008

Depuis sept ans, un groupe appelé SOS-Églises dirige le combat en vue de préserver deux églises centenaires situées dans des villages du comté d’Essex. Dans les localités de Pointe-aux-Roches (Stoney Point) et de Saint Joachim – deux villages canadiens-français du Sud-Ouest de l’Ontario – ces deux bâtiments sont devenus des points d’ancrage culturels communautaires.

Voici, d’expérience, certains des ingrédients de la recette pour faciliter la conservation du patrimoine architectural communautaire.

Le premier ingrédient est un vif attachement de la collectivité à l’architecture locale. Les églises – en particulier les églises villageoises – sont des candidates idéales au soutien communautaire puisque presque tous les résidents de l’endroit entretiennent un lien personnel avec elles.

Citons aussi les ingrédients suivants :

  • La volonté d’une ou de deux personnes de se porter volontaire(s) pour prendre la tête du mouvement. En l’occurrence, les résidents de Saint-Joachim ont été les premiers à s’élever contre la démolition de leur église et à créer un mouvement d’opposition à ce projet. Des résidents de Pointe-aux-Roches leur ont ensuite emboîté le pas, et c’est à partir de ce moment que le mouvement communautaire a pris de l’ampleur.
  • Un solide leadership. La direction de SOS-Églises a été confiée à une personne ayant de l’expérience politique à l’échelon municipal.
  • Information sur la valeur patrimoniale des bâtiments à préserver. La connaissance des politiques et des règlements relatifs à la conservation patrimoniale est essentielle.
  • Un objectif commun. De nombreuses raisons peuvent pousser des villageois à s’opposer à la démolition de leur église : raisons personnelles, raisons commerciales et raisons culturelles. Nous nous sommes donnés un objectif commun auquel tous pouvaient se rallier – le bâtiment ne devait tout simplement pas disparaître.
  • Couverture médiatique. L’opinion publique alertée par les médias est le seul levier d’influence dont disposent les citoyens. Pour que les médias s’y intéressent, il faut qu’une cause suscite l’intérêt du public. Il ne doit pas s’agir simplement d’une divergence d’opinion entre deux groupes de paroissiens.
  • Positions fondées sur le bon sens. Une cause est aussi moins susceptible de se gagner des appuis si elle repose sur des revendications à long terme, à première vue irrationnelles. Il faut veiller à ne pas effrayer les observateurs curieux qui pourraient devenir des partisans, en faisant des demandes qui peuvent leur sembler exagérées.
  • Respect pour la partie adverse. Il vous faudra peut-être compter finalement sur l’appui de l’ensemble de la collectivité pour réaliser un jour votre objectif.
  • Acceptation du « facteur de lassitude ». Si le combat dure plusieurs années, certains de vos partisans cesseront de s’intéresser à votre cause et l’abandonneront. Assurez-vous de continuer de reconnaître leur contribution.
  • Soutien de l’ensemble de la collectivité, en particulier des organismes de protection du patrimoine. Leur soutien public confirme la validité des revendications en matière de conservation du patrimoine.

Redonner vie à deux imposants bâtiments éloignés de quelques kilomètres seulement l’un de l’autre dans un milieu rural constitue un défi de taille. C’est un défi qu’il faut cependant relever si l’on souhaite protéger le patrimoine architectural rural de l’Ontario au même titre que son patrimoine architectural urbain.