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Un héritage humanitaire : les groupes confessionnels, acteurs sociaux en Ontario

Toronto Jewish Old Folks’ Home (1918), à Toronto

Par

Alison Little

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Date de publication :10 sept. 2009

Photo : Toronto Jewish Old Folks’ Home (1918), à Toronto

Porter assistance aux personnes dans le besoin fait depuis longtemps partie de la tradition religieuse en Ontario. Des groupes d’origine confessionnelle offrant une aide médicale et sociale sont arrivés avec les premiers missionnaires européens et se sont établis à travers toute la province. Des institutions spirituelles ont fourni les premières formes d’aide sociale, offrant une assistance médicale et sociale aux Ontariens et Ontariennes les moins fortunés plus d’un siècle avant l’apparition des premiers services bénéficiant du soutien gouvernemental.

Les congrégations locales sont à l’origine de l’action sociale basée sur la religion. En 1854, l’évêque ArmandFrançois-Marie de Charbonnel (1802- 1891) a construit, près de St. Paul’s Roman Catholic Church à Toronto, la House of Providence, qui abritait un hôpital, un orphelinat et une maison d’accueil pour les personnes âgées. Dans l’ensemble de la province, des institutions semblables, telles la Sisters of St. Joseph House of Providence à Peterborough, hébergeaient des orphelinats et fournissaient des soins médicaux accessibles aux résidents ne pouvant pas payer le médecin. La naissance de ces organisations s’expliquait par un retour en force de la morale et de la religion de l’ère victorienne chez les riches citoyens d’Angleterre et d’Amérique du Nord, qui voulaient améliorer la vie des moins fortunés grâce à des œuvres caritatives et à un soutien spirituel. Concentrées dans les zones urbaines, leurs actions sociales procuraient aux pauvres de la nourriture, un abri, des vêtements, un enseignement, des soins médicaux et une sépulture.

Alors que de plus en plus de personnes s’inquiétaient du sort des défavorisés, des sociétés ont été créées pour gérer des programmes d’action sociale. Fondée par Frédéric Ozanam (1813-1853), la Société catholique de Saint-Vincent-de-Paul a inauguré la Conference of Charity of Our Lady of Toronto en 1850. Ses membres ont créé la Bona Mors Society, qui permettait aux pauvres de Toronto d’avoir une sépulture, ainsi que la Catholic Children’s Aid Society of Metropolitan Toronto, la Night School for Boys et la Toronto Savings Bank. Les membres de la Société visitaient aussi régulièrement les malades et les personnes âgées à leur domicile et à l’hôpital.

L’immigration qui a suivi la Confédération a commencé à diversifier la population de l’Ontario et le nombre de sociétés religieuses menant des actions sociales a continué de croître. En 1870, la Deborah Ladies’ Aid Society (aujourd’hui dénommée Deborah Sisterhood) a été créée par des femmes juives d’Anshe Sholom à Hamilton, afin de fournir des services sociaux aux pauvres de cette ville. Premier groupe philanthropique de femmes juives au Canada, il offrait de la nourriture et des vêtements aux résidents et aux immigrants. Ces organisations religieuses étaient les précurseurs de l’assurance-emploi, des banques alimentaires, des maisons de retraite et des services d’établissement des immigrants actuels.

Des fidèles du BAPS Shri Swaminarayan Mandir, à Toronto, participent à une marche annuelle pour recueillir des fonds destinés aux hôpitaux locaux en 2007. (Photographie gracieusement fournie par le BAPS Shri Swaminarayan Mandir, Toronto).

Si de nombreuses organisations caritatives étaient des antennes de groupes religieux, l’Armée du Salut était, quant à elle, un groupe chrétien organisé spécialement pour mener des actions de bienfaisance et apporter un soutien spirituel. L’Armée a implanté des congrégations à travers tout l’Ontario à partir de 1882 et y a introduit ses désormais célèbres magasins d’occasion, ses banques alimentaires, ses soupes populaires et ses refuges. La Woodstock Salvation Army, qui fête son 125e anniversaire, est restée fidèle à sa philosophie d’origine (« soupe, savon et salut ») tout au long de son histoire, en apportant une nourriture physique, une aide sociale et un soutien spirituel à ses ouailles. Pendant la grande crise de 1929, la Woodstock Army a subvenu aux besoins des membres de la communauté se débattant dans la pauvreté et la dépendance. Les activités de l’Armée du Salut mettaient l’accent sur le salut spirituel à travers la santé physique, mais ce rôle a évolué avec la laïcisation et la diversification de la société. Les sociétés religieuses d’aide sociale telles que l’Armée du Salut ont dû modifier leurs programmes d’action sociale pour tenir compte de la pluralité de religions et de valeurs au sein des communautés qu’elles servent.

Les initiatives sociales d’origine religieuse ont continué de croître au cours du XXe siècle, nouant souvent des liens avec des services laïques de plus grande ampleur. Avec l’apparition de l’aide sociale d’État après la crise de 1929 et l’arrivée des programmes de soins de santé universels en 1962, les sociétés religieuses d’assistance sociale ont continué de pourvoir aux besoins des communautés locales tout en apportant une aide grandissante aux programmes caritatifs mondiaux. Fondée en 1951, BAPS Charities, qui envoie une aide médicale, éducative et environnementale à des communautés hindoues en Inde, illustre ces partenariats entre de grandes institutions d’aide sociale et des groupes confessionnels locaux. À Toronto, le BAPS Shri Swaminarayan Mandir fournit également des services d’action sociale aux habitants de la ville. Le travail de bienfaisance de la congrégation du mandir de Toronto est associé à celui de l’institution caritative internationale à laquelle le mandir est lié, élargissant ainsi les efforts des services sociaux religieux locaux pour englober toute la communauté mondiale.

Aujourd’hui, les services communautaires religieux travaillent aux côtés des institutions caritatives laïques et des fournisseurs publics de soins de santé et d’aide sociale. Pratiquement tous les groupes confessionnels et toutes les traditions religieuses de la province contribuent au mieux-être social et physique des personnes dans le besoin, les actions charitables étant un des principes de leurs croyances. Les institutions caritatives d’origine religieuse représentent un pan important de la société ontarienne et sont un outil inestimable dans la lutte contre l’ignorance, la pauvreté, la maladie, la dépendance et l’isolement.

La fanfare de la Woodstock Salvation Army recueillait des fonds pour des activités de bienfaisance grâce à ses représentations locales. (Photographie gracieusement fournie par la Citadelle de l’Armée du Salut à Woodstock).

Photo: La fanfare de la Woodstock Salvation Army recueillait des fonds pour des activités de bienfaisance grâce à ses représentations locales. (Photographie gracieusement fournie par la Citadelle de l’Armée du Salut à Woodstock).

Un membre de la Salvation Army’s League of Mercy rend visite à une patiente âgée dans un hôpital local de Woodstock. (Photographie gracieusement fournie par la Citadelle de l’Armée du Salut à Woodstock).

Photo: Un membre de la Salvation Army’s League of Mercy rend visite à une patiente âgée dans un hôpital local de Woodstock. (Photographie gracieusement fournie par la Citadelle de l’Armée du Salut à Woodstock).