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Rebâtir sur les fondations du passé

Salle à manger de la Place Fulford, Brockville

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Date de publication : févr. 12, 2009

Photo : Salle à manger de la Place Fulford, Brockville

L’Est de l’Ontario comporte un vaste éventail de maisons historiques toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Certaines de ces maisons – détenues et gérées par la Fiducie du patrimoine ontarien – sont décrites ci-après. Il s’agit des maisons que possédaient certains des citoyens les plus éminents de l’Ontario. Elles illustrent de manière durable la prospérité de la province, qui s’est accrue parallèlement à l’avènement du commerce de fourrures et au développement des villes du XIXe siècle, jusqu’à l’aube du XXe siècle. Plusieurs de ces bâtiments sont également des lieux historiques nationaux. Chacun d’entre eux revêt une importance particulière au niveau provincial, à la fois en termes de style architectural et d’histoire personnelle. Collectivement, ils sont cependant très représentatifs de 200 ans de l’histoire du Sud-Est de l’Ontario.

À la fin du XVIIIe siècle, ce qui allait plus tard devenir le Haut-Canada était habité en grande partie par les Premières nations. Le colon loyaliste Peter Ferguson a reçu un terrain dans le comté éloigné de Charlottenburgh. Il y a construit une cabane en rondins, en 1874, puis a vendu sa propriété à un autre colon, John Bethune. En 1804, Bethune a construit une maison en pierre d’un étage et demi en intégrant la cabane de rondins, qui est devenu une aile de la maison. La demeure a été par la suite transmise à David Thompson, cartographe renommé et partenaire de la North West Company. C’est la lignée de la maison Bethune-Thompson qui se trouve dans le hameau de Williamstown. Elle est remarquable de par les techniques de construction française de ses murs, ainsi que pour sa porte d’entrée, ses escaliers et son manteau de foyer de style géorgien tardif. Mais plus importants encore – et toujours visibles au niveau de l’aile ouest – figurent les murs en rondins vieux de 200 ans de la cabane de Ferguson, un vestige de l’antiquité ontarienne.

Pointe Fortune, sur la rivière des Outaouais, est à cheval sur la frontière entre le Québec et l’Ontario. Sur la rive ouest, au niveau de ce qui était autrefois des rapides, se trouve un imposant manoir en pierre de style géorgien construit par John Macdonell, un partenaire la Compagnie du Nord-Ouest. C’est à partir de cet endroit isolé que Macdonell gérait son service de transbordement pour les voyageurs. Contre toute attente, la maison est particulièrement grande et riche en finitions, avec un plan d’entrée central de style géorgien, 10 cheminées et une salle de bal au deuxième étage dotée de gypserie ornementale de style Adamesque – des caractéristiques qui attestent de la réussite professionnelle de Macdonell. La prospérité était également une caractéristique de la vie conjugale de Macdonell, qui a eu 12 enfants avec sa femme, Magdeleine Poitras. L’étage supérieur comprend toujours les quatre chambres d’origine. Chacune d’entre elles est dotée d’une zone de jeu/d’habillage bordée de 13 lits-placards situés dans les coins de chaque pièce.

Placard de couchage à la maison Macdonell-Williamson

Sur les rives du fleuve Saint-Laurent, près de Maitland, le Dr Solomon Jones, un loyaliste, a bâti en 1800 une grande maison en pierre de style géorgien à deux étages. Pendant de nombreuses années, Jones était le seul médecin résidant entre les villes de Kingston et de Cornwall. La maison a été transmise à son fils, puis est restée dans la famille pendant cinq générations, avant d’être rachetée par la Fiducie. La maison contient une collection magnifique de textiles, de meubles et d’artéfacts agricoles et médicaux amassés au cours des 172 années durant lesquelles la maison a été occupée par la famille Jones.

Plus à l’intérieur des terres, la ville de Perth était un centre commercial et militaire bien établi à partir de la deuxième décennie du XIXe siècle. Deux des plus importants avocats de la ville, Thomas Radenhurst et Daniel McMartin, sont associés à des propriétés détenues par la Fiducie à Perth : Inge-Va (1824) et la maison McMartin (1830).

Ces structures à peu près contemporaines offrent un contraste intéressant en termes de style. Inge-Va a été construite par des maçons écossais à partir de grès brut posé par assise. Tout au long du XIXe siècle, elle a subi des transformations dans des styles géorgien tardif, néoclassique et néogothique. Elle n’en demeure pas moins pittoresque, finement ouvragée et de petite taille, à l’image d’un chalet. La maison McMartin a été bâtie à une échelle beaucoup plus importante, proche de celle d’un bâtiment public – une expression du style fédéral américain – avec une façade à deux étages constituée d’arches semi-elliptiques construites à partir de briques posées par assise comportant des détails précis en marbre et des pierres d’angle. La toiture en étain comporte deux lanternes ainsi qu’une coupole centrale, toutes supportées par des cheminées massives situées à l’extrémité de chaque pignon. C’est dans des villes telles que Perth que la confiance des membres des professions libérales a commencé à prendre racine, au début du XIXe siècle.

Le tournant du siècle a vu la création du summum de la confiance en soi – la Place Fulford – sur les rives du Saint-Laurent, à Brockville. La Place Fulford et son parc ont été terminés en 1900 par George Fulford qui, à une époque où l’impôt sur le revenu n’existait pas, avait amassé une fortune incroyable dans l’industrie du médicament breveté. Il a ainsi bâti son énorme manoir en pierre sur une crête surplombant le fleuve, et l’a embelli en construisant d’énormes vérandas en bois, qui offrent une vue imprenable sur la rivière et le paysage environnant, lequel a été dessiné par Olmsted Brothers, une entreprise particulièrement réputée.

Qu’il s’agisse de simples fermes ou de manoirs resplendissants, ces bâtiments sont représentatifs de tout un éventail de personnes qui ont contribué de manière notable au façonnement du caractère distinctif de la culture de l’Est de l’Ontario. En visitant ces bâtiments aujourd’hui, vous disposez d’un aperçu unique sur le mode de vie et les conditions de travail de nos ancêtres et sur la façon dont ils ont façonné l’Ontario. C’est à la Fiducie que revient la responsabilité de sauvegarder ces trésors pour les générations futures. C’est à vous qu’il appartient de les visiter et de découvrir leur histoire.

Maison McMartin, Perth, 1830

Photo: Maison McMartin, Perth, 1830

Inge-Va, Perth, 1824

Photo: Inge-Va, Perth, 1824