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Exploration de la péninsule méridionale de l’Ontario

Lieu historique national du Fort-Malden à Windsor (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Date de publication : févr. 11, 2010

Photo : Lieu historique national du Fort-Malden à Windsor (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

Lorsqu’on se promène le long des routes et des cours d’eau de la péninsule méridionale de l’Ontario, c’est toute une mosaïque d’histoires qui s’offre à nos yeux. Ces histoires évoquent les peuplements et la croissance, un hommage aux individus et aux événements qui ont contribué à façonner cette partie de la province.

En commençant au-dessus du lac Érié, la région est inextricablement liée à l’industrie du tabac, comme en témoignent les nombreux séchoirs à tabac qui parsèment le paysage pour une grande part agricole. Les peuples autochtones furent les premiers à cultiver le tabac à la fois à des fins spirituelles et commerciales. Cependant, au début du XIXe siècle, la culture commerciale de la plante fut également adoptée par les colons installés dans la région. Ce n’est toutefois qu’après la Première Guerre mondiale que l’industrie commença à prospérer dans le Sud-Ouest de l’Ontario. Au milieu des années 1920, de grandes quantités de terres furent converties en plantations de tabac prospères, en particulier dans la région située aux alentours de Tillsonburg et de Delhi. L’Ontario Tobacco Museum and Heritage Centre à Delhi retrace l’histoire de l’industrie du tabac de la province, une industrie qui a décliné au cours de la période récente, obligeant les exploitants de la région à diversifier leurs récoltes et à faire preuve de créativité pour trouver de nouvelles solutions leur permettant d’assurer leur subsistance.

En se déplaçant vers le nord-ouest, on atteint la ville d’Ingersoll, une autre collectivité au patrimoine agricole riche. Une visite du Cheese and Agricultural Museum permet de se faire une idée du développement de l’industrie laitière dans la région. Le fromage géant fabriqué en 1866 (« Big Cheese of 1866 ») produit par la James Harris Cheese Company, pesait le poids incroyable de 7 300 livres. Cette roue de fromage a permis de faire la promotion du cheddar canadien comme produit d’exportation tout au long de son exposition à Londres, en Angleterre.

Au sud-ouest d’Ingersoll se trouve la ville de London. Situé aux « fourches de la rivière Thames », le site fut sélectionné en 1793 par le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe comme étant l’emplacement idéal pour la capitale du Haut-Canada, mais les plans visant à y établir la capitale furent abandonnés lorsque Simcoe quitta le Haut-Canada en 1796.

En 1826, London devint la nouvelle ville du district et les fonctionnaires du district de London commencèrent à quitter leurs maisons confortables du comté de Norfolk pour emménager dans le nouveau centre. En 1860, London était un centre administratif et commercial prospère. Aujourd’hui, la population métropolitaine de la ville dépasse les 400 000 habitants. Les fourches de la rivière Thames consistent désormais en une série de parcs communicants situés à quelques minutes de marche de nombre des attractions du secteur architectural de la ville, notamment la maison Eldon, la plus ancienne résidence de London encore visible.

En 2000, la rivière Thames, qui traverse London et plusieurs collectivités, notamment Chatham, avant de se jeter dans le lac Sainte-Claire, fut désignée rivière du patrimoine canadien. Historiquement la rivière servit de voie d’accès pour le peuplement; nombre de scieries et de moulins à blé furent établis le long de ses rives. Aujourd’hui, la rivière abrite l’une des communautés halieutiques les plus diversifiées au Canada, servant d’habitat à 88 espèces. Le bassin versant représente une intersection tangible du patrimoine culturel et du patrimoine naturel dans le Sud-Ouest de l’Ontario.

À 30 km au sud de London se trouve St. Thomas, une collectivité qui célèbre son patrimoine ferroviaire. En 1856, la London and Port Stanley Railway débuta ses activités avec une ligne circulant vers le sud entre London et St. Thomas avant de rejoindre Port Stanley sur la rive du lac Érié. La décision de faire passer la ligne par St. Thomas eut d’importantes répercussions sur la croissance et le développement de l’industrie ferroviaire de cette collectivité. En 1914, huit lignes de chemin de fer étaient en service à St. Thomas et ce sont plus de 100 trains qui traversaient la collectivité chaque jour. L’industrie a constitué le principal employeur à St. Thomas jusqu’aux années 1950.

Maison Eldon à London (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

St. Thomas est également un lieu privilégié pour découvrir l’impact du colonel Thomas Talbot sur la croissance et le développement de cette région. Figure essentielle de la colonisation de la péninsule méridionale de l’Ontario, il avait établi des milliers de colons sur ses terres en 1828. Il supervisa également la construction d’une route de 483 kilomètres/300 milles le long d’une grande partie de la rive nord du lac Érié.

Au sud de St. Thomas, à Sparta, une plaque provinciale de la Fiducie du patrimoine ontarien commémore l’« établissement de Sparta », communauté Quaker fondée en 1815 sur une concession de 3 000 acres/1 214 hectares de terres obtenue par Jonathan Doan. En 1821, cet établissement était un centre agricole prospère.

Plus au sud se trouve Port Stanley, une collectivité en bordure du lac. Village ouvrier de pêche pendant plus d’un siècle, Port Stanley devint également une importante attraction touristique au début des années 1900 grâce à ses plages de sable, son casino et son club pour orchestres de Big Band, le Stork Club. De nos jours, on trouve encore nombre de rappels tangibles de l’identité de Port Stanley dans toute la collectivité, laquelle reste une importante destination touristique estivale. Pour commémorer le patrimoine ferroviaire de la région, la Port Stanley Terminal Rail continue d’exploiter des trains d’excursions touristiques sur certains tronçons de l’ancienne ligne de la London and Port Stanley Railway.

Si l’on se dirige maintenant vers l’ouest, le magnifique parc Rondeau ne demande qu’à être découvert. Situé à environ 85 kilomètres/53 milles à l’ouest de Port Stanley, le long de la ligne/du sentier Talbot, le parc Rondeau est le deuxième plus vieux parc provincial de l’Ontario et abrite un habitat carolinien important et rare. Dans le même ordre d’idées, plus à l’ouest, la pointe Pelée et l’île Pelée offrent d’étonnantes occasions d’observation d’oiseaux. Créé en 1918, le parc national du Canada de la Pointe-Pelée comprend 20 kilomètres carrés/7,7 milles carrés de paysages variés, notamment : marais, forêt carolinienne, prairies typiques de la savane, et, bien entendu, la pointe elle-même, une langue de sable de 10 kilomètres/6,2 milles surplombant le lac Érié. L’île Pelée forme la partie la plus méridionale du Canada et est également connue pour la culture du raisin et les possibilités de pêche récréative.

L’appellation Pelée renvoie au patrimoine culturel de la région et est dérivée du français « pointe pelée ». La péninsule doit son nom à des explorateurs français qui suivirent l’itinéraire de portage qu’empruntaient les Autochtones à travers le marais pour éviter les courants dangereux à la pointe de la péninsule.

Au nord-ouest de la pointe Pelée se trouve la capitale canadienne autoproclamée de la tomate, Leamington. En 1899, dans le but d’attirer de nouvelles industries, le conseil municipal de Leamington prit un arrêté municipal incitant les industriels à s’installer dans cette collectivité. La décision paya lorsque, en 1908, H.J. Heinz Company of Canada choisit d’implanter ses activités à Leamington. En 1910, la compagnie produisit sa première bouteille de ketchup et l’identité de la collectivité est liée à la tomate depuis lors.

En partant de Leamington en direction de l’ouest vers la lisière de la péninsule, à Amherstburg, on peut se renseigner sur le patrimoine militaire du Haut-Canada grâce à une visite du Lieu historique national du Fort-Malden. Le premier poste du site, Fort Amherstburg, fut construit en 1796 et fit office de quartier général des forces britanniques durant la guerre de 1812. Il fut détruit par les Britanniques lorsque ceux-ci furent contraints de se replier en 1813. Fort Malden fut construit après la guerre de 1812 et reconstruit en 1838-1840 lorsqu’il servit de centre pour la défense britannique durant la Rébellion du Haut-Canada de 1837-1839.

Amherstburg abrite également le Musée historique des Noirs d’Amérique du Nord et un centre culturel. Le lieu permet aux visiteurs d’en savoir plus sur le chemin de fer clandestin et sur l’expérience vécue par les Noirs en quête de liberté qui fuirent l’esclavage aux États-Unis pour s’établir dans cette partie de l’Ontario. C’est l’un des nombreux sites dans la région qui préservent et mettent en avant une vision commune du patrimoine noir unique de la province.

L’identité de Port Stanley est largement enracinée dans son passé de centre pour la pêche commerciale et le tourisme (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

L’identité de Port Stanley est largement enracinée dans son passé de centre pour la pêche commerciale et le tourisme (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

En suivant la rivière Détroit au nord d’Amherstburg, le long de la lisière de la péninsule, on arrive à Windsor, une ville au patrimoine culturel et industriel très riche. Connue comme étant le plus ancien site identifié de peuplement continu en Ontario, Windsor possède un patrimoine français dynamique qui remonte au XVIIIe siècle et continue de se refléter dans l’organisation et le nom de ses rues.

Au milieu du XVIIIe siècle, le gouvernement de la Nouvelle-France avait réalisé l’importance stratégique d’une présence accrue sur la rivière Détroit. En 1749, il offrit des terres afin de créer une colonie agricole sur la rive sud de la rivière. En compagnie de civils et de soldats de Fort Pontchartrain (Détroit) rendus à la vie civile, des familles ayant quitté le Bas Saint-Laurent formèrent l’établissement de La Petite Côte. À la fin du régime français en 1760, ce sont près de 300 colons qui vivaient dans la collectivité.

Windsor est également une ville au patrimoine industriel fascinant, lequel continue de marquer son passé et son présent et influencera son avenir. En 1854, la Compagnie du grand Chemin de fer Occidental choisit Windsor comme terminus. Cette décision marqua le début d’une bonne partie du développement industriel de Windsor et influença notamment la décision de Hiram Walker d’établir sa distillerie en 1857 sur un site situé à l’est du centre-ville (Walkerville), lieu où la ligne de chemin de fer rencontrait pour la première fois le secteur riverain.

Une grande partie du patrimoine industriel de Windsor au XXe siècle est liée à l’industrie automobile. Pendant et après la Première Guerre mondiale, une région connue sous le nom de « ville de Ford » (Ford City) se développa autour du complexe industriel de la compagnie. Une visite guidée de la ville de Ford conçue par le Windsor Architectural Conservation Advisory Committee permet de bien se rendre compte du patrimoine industriel de Windsor, lequel continue d’influencer le fonctionnement de cette ville riveraine.

En quittant Windsor vers l’est, en direction de Chatham, on trouve un certain nombre de sites racontant l’histoire du patrimoine noir de l’Ontario. Le Lieu historique national et musée de l’Établissement-Buxton à North Buxton retrace l’histoire de l’établissement Elgin, fondé en 1849 par William King, comme un lieu où les esclaves en fuite et les Noirs libres cherchant à échapper à l’oppression régnant aux États-Unis pouvaient commencer une nouvelle vie au Canada. Plus au nord, la First Baptist Church à Chatham et le Site historique de la Case de l’oncle Tom (propriété de la Fiducie du patrimoine ontarien qui eu assure aussi l’exploitation), à Dresden, permettent de poursuivre le récit du passé complexe du patrimoine noir de l’Ontario.

À l’est de Dresden sur la rivière Sainte-Claire, la Première nation de Walpole Island travaille activement à la préservation de son patrimoine culturel et de son savoir traditionnel. Au nord-est de Walpole Island, les occasions d’explorer le patrimoine pétrolier de l’Ontario ne manquent pas. Les collectivités d’Oil Springs, de Petrolia et Sarnia jouent toutes un rôle dans l’histoire du patrimoine pétrolier de la province. Une visite du Musée canadien du pétrole à Oil Springs, où est conservé le site du premier puits de pétrole commercial d’Amérique du Nord creusé par James Miller Williams en 1958, est un point de départ parfait pour une visite du district du patrimoine pétrolier de l’Ontario (Ontario Oil Heritage District).

En rassemblant tous les récits sur le patrimoine de la péninsule méridionale de l’Ontario, on constate que le tissu du patrimoine culturel et naturel est riche et diversifié. En s’intéressant à ce patrimoine, on réalise à quel point le passé a marqué la croissance et le développement de cette partie de l’Ontario, et continuera de le faire dans les années à venir.

Leamington est la capitale canadienne autoproclamée de la tomate (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

Photo: Leamington est la capitale canadienne autoproclamée de la tomate (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

Les collectivités d’Oil Springs, de Petrolia et Sarnia jouent toutes un rôle dans l’histoire du patrimoine pétrolier de la province (Photo © Tourisme Ontario, 2010)

Photo: Les collectivités d’Oil Springs, de Petrolia et Sarnia jouent toutes un rôle dans l’histoire du patrimoine pétrolier de la province (Photo © Tourisme Ontario, 2010)