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Les verbes de la conservation

Restauration de 29 millions de dollars du Centre des salles de théâtre Elgin et Winter Garden par la Fiducie en 1987-1989 (Photo : George Pelekis)

"« . . . ce n’est pas une question d’opportunité ou de savoir si nous protégerons ou non les bâtiments du passé. Nous n’avons aucun droit d’y toucher. Ils ne nous appartiennent pas. Ils appartiennent en partie à ceux qui les ont construits, et en partie à toutes les générations de l’humanité qui nous succéderont »."

John Ruskin, The Seven Lamps of Architecture, 1849

Par

Beth Hanna

Les bâtiments et l'architecture, La communauté, Les outils pour la conservation

Date de publication :10 mai 2007

Photo : Restauration de 29 millions de dollars du Centre des salles de théâtre Elgin et Winter Garden par la Fiducie en 1987-1989 (Photo : George Pelekis)

Une génération précédente a parlé de la règle des trois verbes « Lire », « Écrire » et « Compter ». Ils constituaient la base de l’éducation au 19e siècle et étaient censés procurer l’accès à une vie meilleure.

En 1984, le ministère de l’Environnement et de l’Énergie a introduit sa Règle des trois verbes et peu après, les boîtes bleues ont commencé à faire leur apparition dans les foyers et les lieux de travail de l’Ontario. Aujourd’hui, la phrase « réduire, réutiliser et recycler » fait partie du langage de tous les jours et le recyclage est devenu une seconde nature pour une nouvelle génération.

À l’image de la philosophie des écopoubelles bleues, la conservation doit devenir un réflexe naturel si nous voulons réussir à protéger les ressources du patrimoine architectural, culturel et naturel de nos collectivités. Une approche de planification des collectivités axée sur la conservation tient compte des besoins à long terme d’un lieu et de ses habitants, en gardant à l’esprit qu’elle doit être porteuse de valeurs – pas seulement de nos jours, mais aussi pour les générations à venir. Cette prise de conscience des besoins futurs doit être reliée aux valeurs défendues par la communauté et constitue une célébration d’un sentiment exceptionnel d’appartenance à la collectivité. Ces valeurs doivent être intégrées aux politiques locales, aux plans officiels et aux plans directeurs. Ce sens des responsabilités et ces liens conduisent à une administration efficace.

Nous devons ajouter plus de verbes aux trois que nous connaissons si bien, afin d’aider à créer cette philosophie de la conservation.

Faire des recherches et enregistrer. Pour protéger les ressources du patrimoine architectural et naturel de nos collectivités, nous devons d’abord les comprendre. Des inventaires complets sont indispensables à une planification municipale efficace. Ils comprennent les inventaires de bâtiments et de structures du patrimoine, de zones et de hauts-lieux du patrimoine naturel, et de plans directeurs. Par ailleurs, nous devons consigner l’histoire de nos collectivités, comprendre l’histoire culturelle et rendre hommage aux personnes, aux lieux et aux événements qui nous ont menés là où nous sommes aujourd’hui.

Pour le patrimoine architectural – Conserver, réhabiliter, réutiliser et faire preuve de retenue. Faire preuve de retenue est l’art de maîtriser et d’exploiter notre créativité, en la réorientant pour conserver la valeur d’une expression créative existante. Au lieu de démolir les bâtiments existants pour les remplacer par de nouvelles structures, nous devons concentrer notre attention sur leur adaptation en vue de leur réutilisation. La province a récemment fourni de nouveaux outils législatifs pour soutenir ces approches de conservation : la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, la Loi sur l’aménagement du territoire et la Déclaration de politiques provinciale. Cependant, bien que les lois procurent d’importants pouvoirs, une conservation ne peut réussir qu’avec le soutien des individus et de la collectivité.

En tant qu’individus, nous pouvons comprendre et célébrer les ressources spéciales de nos collectivités. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste pour apprécier les bâtiments et les structures qui nous entourent. Regardez de près les bâtiments industriels, les lieux de culte, les théâtres, les hôtels de ville, les bureaux de poste, les gares, les maisons historiques et les musées de votre collectivité. Comment ont-ils été construits? Quand et par qui? Quels matériaux ont été utilisés et pour quel usage? Est-ce qu’ils expriment la simplicité des formes, la spiritualité, la joie ou l’audace? Comment sont-ils reliés aux structures environnantes? Est-ce qu’ils ajoutent de la profondeur et du sens à votre collectivité? S’ils sont importants pour vous, vous avez la responsabilité de garantir qu’ils ont été planifiés et protégés.

Pour le patrimoine naturel – Reconquérir, restaurer, reboiser et – pour les rares zones qui ne sont pas encore touchées – « les laisser simplement en l’état ». Nous ne pouvons pas continuer à traiter ces précieuses ressources comme des biens jetables. Les discussions récentes concernant le réchauffement de la planète ont augmenté la prise de conscience du lien direct entre la protection de l’environnement et notre santé. La terre, l’habitat de la faune, l’air et l’eau sont des ressources menacées, qui disparaissent rapidement et qui sont nécessaires à notre bien-être. La planification, à tous les niveaux, doit refléter les fonctions et les rôles vitaux des espaces naturels, des parcs et des zones protégées, le tout étant intégré à une approche durable du développement, afin de soutenir la vie elle-même.

Assumer la responsabilité. Il ne fait aucun doute que le gouvernement a une responsabilité essentielle en matière de conservation des ressources naturelles et culturelles, d’adoption de lois et de règlements et d’éducation du public. Nous avons aussi, en tant qu’individus, notre propre responsabilité en matière d’administration. Il nous faut tout d’abord regarder de près notre environnement, prendre des décisions en « pensant à l’avenir » et agir de façon responsable. Certains peuples des Premières nations expriment leur responsabilité dans ce domaine à l’égard des générations futures, en déterminant leurs actions en fonction de leur influence sur la septième génération à venir. Cette approche pourrait être riche d’enseignements.

Alors, ajoutons quelques nouveaux verbes à notre vocabulaire afin de promouvoir une certaine façon de concevoir la conservation. Faire des recherches, enregistrer, conserver, réhabiliter, réutiliser, reconquérir, restaurer, reboiser, c’est ce que nous pratiquons avec retenue et « laissons simplement en l’état ». Un dernier verbe – Respecter. Respecter ceux qui sont passés avant nous et les générations à venir.

La propriété Clarke

Photo: La propriété Clarke

Dévoilement d’une plaque en 2003 pour célébrer le 200e anniversaire du marché St. Lawrence de Toronto

Photo: Dévoilement d’une plaque en 2003 pour célébrer le 200e anniversaire du marché St. Lawrence de Toronto