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Impulsion donnée à la conservation du patrimoine

La plus ancienne structure en brique de la ville de Hamilton – la Book House, située à Ancaster, vient d’être l’objet d’un incendie qu’on soupçonne être d’origine criminelle. (Photo : Sharon Vattay, Ville de Hamilton)

Photo : La plus ancienne structure en brique de la ville de Hamilton – la Book House, située à Ancaster, vient d’être l’objet d’un incendie qu’on soupçonne être d’origine criminelle. (Photo : Sharon Vattay, Ville de Hamilton)

Par

David Cuming

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Published Date: sept. 08, 2005

Il y a trente ans, lorsque la Loi sur le patrimoine de l’Ontario était encore nouvelle, j’étais depuis environ un an un jeune planificateur qui travaillait à Londres, en Angleterre, et qui avait acquis une certaine spécialisation en planification du patrimoine.

Depuis 1975, nous sommes nombreux à continuer d’œuvrer dans le secteur du patrimoine en ayant travaillé comme bénévoles, consultants en patrimoine, fonctionnaires provinciaux ou personnel municipal responsable du patrimoine – et nous sommes tous parvenus avec plus ou moins de succès à protéger des propriétés du patrimoine en exerçant des pressions, en publiant des rapports sur le patrimoine présentés devant les conseils municipaux, en effectuant des évaluations archéologiques ou en entreprenant des projets architecturaux portant sur la conservation intégrée des anciens bâtiments. Dans certains cas, la loi nous a permis de gérer et de conserver; dans d’autres cas, elle n’avait qu’un impact insignifiant, voire inexistant. Cependant, au cours des trois dernières décennies, plus de 5 000 propriétés individuelles et 70 districts (contenant environ 12 000 propriétés) ont été désignés en vertu de la loi, ce qui est une réalisation notable pour une loi sans muscle et imparfaite.

Les modifications récentes apportées à la loi sont donc les bienvenues. Les clauses concernant le nouveau rôle du ministre de la Culture, les ordres d’arrêt des travaux et les normes de conservation, la délégation des approbations au personnel municipal et la protection éventuelle des propriétés contre toute démolition éventuelle s’imposent depuis fort longtemps. Les clauses concernant la démolition du patrimoine architectural introduisent, en théorie, des règles du jeu équitables.

Bien qu’elle soit la bienvenue, la nouvelle loi pose plusieurs questions et problèmes fondamentaux. La conservation du patrimoine aux termes de la loi est une activité discrétionnaire, c’est-à-dire que les municipalités ne sont pas tenues d’entreprendre des activités de conservation du patrimoine valables et proactives. Dans le cadre de la « croissance intelligente » et du « développement durable », la conservation du patrimoine est devenue une condition préalable au succès de la planification communautaire.

Dans certaines compétences, la conservation a typiquement tendance à être caractérisée par une approche de la « carotte » (législation) et du « bâton » (encouragements financiers). Outre le nouveau « bâton », une annonce parallèle introduisant un système permanent de subventions provinciales aurait été une mesure extrêmement positive. Plusieurs d’entre nous se souviennent du succès de la Campagne de restauration et d'amélioration des bâtiments lancée par le ministère dans les années 1980, campagne qui a eu un impact positif considérable.

Il va sans dire que certaines municipalités et certains comités du patrimoine municipaux bénéficieront de cette nouvelle loi, alors que d’autres trouveront que rien n’a vraiment changé. Il est clair que certains défis subsistent. Par exemple, après 30 ans de mesures de désignation de propriétés, la ville de Burlington semble avoir suscité le mécontentement des propriétaires de biens et leur désapprobation, alors qu’elle tentait de désigner son premier district de conservation du patrimoine.

À Ancaster, nous venons tout juste de perdre une ferme en brique du 19e siècle lors d’un incendie qu'on soupçonne être de nature criminelle. Le bâtiment, qui était vacant et dont les fenêtres étaient recouvertes de planches, ne semblait pas avoir d’utilisation immédiate. La désignation, qui était en cours, n’aurait pas pu empêcher l'incendie. Cependant, un bâtiment occupé, doté d’une utilisation économique viable et florissante, aurait certainement eu une chance de subsister.

Il va sans dire que la loi offre une meilleure boîte à outils à tous les experts. Cependant, elle ne peut pas, à elle seule, susciter une plus grande prise de conscience. L’éducation continue et une meilleure sensibilisation du public à l’importance du patrimoine pour l’édification de collectivités dynamiques restent les plus grands défis que les intervenants dans le domaine de la conservation du patrimoine devront relever.