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Les personnes qui s’investissent dans la conservation du patrimoine

Port Hope a été le lauréat du Prix du lieutenant-gouverneur pour les réalisations communautaires en matière de conservation du patrimoine ontarien. Ce prix a été décerné à la conseillère Karen O’Hara par Lincoln M. Alexander, ancien président de la Fiducie du patrimoine ontarien, et David C. Onley, lieutenant-gouverneur de l’Ontario. (Photo : Tessa J. Buchan)

Photo : Port Hope a été le lauréat du Prix du lieutenant-gouverneur pour les réalisations communautaires en matière de conservation du patrimoine ontarien. Ce prix a été décerné à la conseillère Karen O’Hara par Lincoln M. Alexander, ancien président de la Fiducie du patrimoine ontarien, et David C. Onley, lieutenant-gouverneur de l’Ontario. (Photo : Tessa J. Buchan)

Par

Stephen Ashton

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Published Date: mai 10, 2013

Ayant grandi à Port Hope, j’étais convaincu que toutes les collectivités disposaient d’une fabuleuse rue principale. Ce n’est qu’une fois étudiant à l’université, lors d’un séjour dans ma ville natale au cours duquel un camarade de classe m’avait accompagné, que j’ai découvert que ce n’était pas le cas. En effet, alors que nous empruntions la rue Walton en voiture, ce camarade s’est écrié : « Tu ne m’avais pas dit que le centre-ville était si beau! ». Après cette révélation, j’ai commencé à apprécier encore davantage la beauté du centre-ville de Port Hope. Tant et si bien que ma famille y a créé une entreprise et que j’ai été membre du conseil municipal de 1998 à 2000. À l’époque, des membres de la collectivité consacrent de longues heures aux recherches nécessaires à l’élaboration du rapport d’étude du district de conservation du patrimoine du centre-ville, qui sera approuvé en 1997. Ces efforts garantiront la conservation du caractère de la rue Walton pour les générations à venir.

Toutefois, l’obtention de la désignation de district de conservation du patrimoine n’a marqué ni le commencement ni le dénouement de l’histoire – une histoire qui met en scène les personnes qui œuvrent sans relâche depuis des années pour soutenir les activités de la ville. Prenons par exemple Clay et Carol Benson, qui ont investi dans leur Smith’s Creek Antiques et ont convaincu d’autres antiquaires de venir s’installer à Port Hope. Citons encore les Rumgay, qui ont restauré leur résidence privée, créé une maison d’édition à Port Hope (magazine Century Home) et transformé en hôtel-restaurant l’édifice, alors inoccupé, du numéro 1 de la rue Walton, car, comme ils le disaient si bien, « si nous ne le faisons pas, qui le fera?! ». N’oublions pas non plus notre pharmacien, Dave Watson, fier propriétaire de l’une des pharmacies les plus anciennes du Canada qui a investi énormément de capitaux propres dans la restauration de son édifice de l’ilot Tempest.

C’est aussi l’histoire du Kinsmen Club local, dont les membres se portent chaque année bénévoles pour installer les illuminations de Noël, ou celle des Holton, qui, en plus de diriger leur boutique de fleuriste, avaient pour habitude d’arroser les corbeilles suspendues qui décorent les rues – avant que la ville ne finisse par s’en charger. Ce sont aussi les bénévoles, à l’image de mon instituteur de 4e année, Peter Bolton, qui consacre de son temps et de son énergie à la conservation du théâtre Capitol, lieu culturel du centre-ville d’une valeur inestimable.

La distribution ne serait pas complète sans les bénévoles du comité du patrimoine local, qui se réunissent avec les entrepreneurs afin de discuter en détail du type d’enseigne que ceux-ci souhaitent installer. N’oublions pas non plus les organismes communautaires couronnés d’un incroyable succès, comme l’Architectural Conservancy of Ontario (ACO), en sa filiale de Port Hope, qui reconnaît qu’il est de son devoir de soutenir la conservation du patrimoine en octroyant des subventions aux propriétaires de biens et qui s’est engagée à verser plus de 250 000 dollars ces prochaines années pour financer des projets de restauration dans le cœur du centre-ville de Port Hope – notamment celui de l’ilot Tempest.

Les résidents locaux font aussi le lien entre leurs décisions de consommation et la condition nécessaire à la réussite des entreprises du centre-ville. C’est peut-être ce qui explique que nos commerçants aient opté pour ce style de vie d’entrepreneur du centre-ville, reposant sur des heures et des heures de travail. C’est par exemple le cas de mon épouse, Teri-Jo, qui est désormais seule à la tête de l’entreprise familiale.

À Port Hope, on ne sous-estime pas la contribution des personnes qui sont dévouées à la conservation locale. Ainsi, si le centre-ville de Port Hope a connu cette belle réussite, c’est aussi grâce à feue A.K. Sculthorpe – c’est en son honneur que l’ACO a créé le prix A.K. Sculthorpe pour la défense du patrimoine (A.K. Sculthorpe Award for Advocacy). Elle a en effet versé des dons à la filiale locale de l’ACO ainsi qu’à d’autres organismes locaux afin de soutenir leurs efforts continus.

Ce sont tous ces facteurs réunis (et beaucoup d’autres) qui ont fait la renommée de Port Hope et de son centre-ville à l’échelle nationale. Ainsi, la ville se classe parmi les 10 meilleures collectivités du Canada (Harrowsmith Magazine). Elle est aussi considérée comme la destination par excellence (Reader’s Digest) et sa rue principale a été reconnue par TVOntario comme l’une des mieux préservées de la région.

La conservation du patrimoine concerne tout autant la culture communautaire que les édifices privés. Port Hope jouit d’ailleurs d’une culture communautaire hors du commun. Lors de la conférence nationale sur le patrimoine de 2009, je me rappelle que l’un des participants, originaire de Port Hope, regrettait qu’un groupe communautaire ne soit pas capable d’influer sur la position du conseil en vue de soutenir la conservation d’un autre site patrimonial local, connu sous le nom de « Pier Buildings ». Il avait ajouté que les habitants de Port Hope semblaient accorder plus d’importance aux personnes qu’aux bâtiments. Si cela se vérifie peut-être dans une certaine mesure, comme dans le district de conservation du patrimoine de la rue Walton, notre expérience montre qu’il vaut la peine de miser sur les personnes s’il en découle de tels résultats.

Dave Watson, quatrième génération de pharmaciens, pose devant sa pharmacie, à Port Hope. (Photo : Stephen Ashton)

Photo: Dave Watson, quatrième génération de pharmaciens, pose devant sa pharmacie, à Port Hope. (Photo : Stephen Ashton)

Peter Bolton est bénévole au théâtre Capitol, organisme sans but lucratif et privé qui fonctionne grâce aux dons versés par les entreprises locales, par les particuliers et par la municipalité. (Photo : Stephen Ashton)

Photo: Peter Bolton est bénévole au théâtre Capitol, organisme sans but lucratif et privé qui fonctionne grâce aux dons versés par les entreprises locales, par les particuliers et par la municipalité. (Photo : Stephen Ashton)