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Les musées locaux, clé de la réussite des petites villes

Musée et les Archives du centenaire de Penetanguishene

Photo : Musée et les Archives du centenaire de Penetanguishene

Par

Tim Mallon

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Published Date: févr. 16, 2006

Dix-huit années durant nous avons, ma femme et moi, élevé nos deux fils dans la Ville de Richmond Hill située au Nord de Toronto. Au moment de notre déménagement pour la localité de Penetanguishene, en février 2004, Richmond Hill comptait quelque 160 000 habitants. Comme c’est fréquemment le danger, le charme de cette petite ville a été dénaturé, voire totalement oblitéré par l’extension rapide du périmètre urbain.

Richmond Hill ne possède pas de musée sur son histoire et, en conséquence, elle est dépourvue de ce riche patrimoine culturel dont jouissent de nombreuses autres petites collectivités urbaines. En revanche, Penetanguishene est devenue une petite ville florissante grâce à l’intérêt intense qu’elle témoigne pour son passé. Le Musée et les Archives du centenaire de Penetanguishene sont désormais les foyers d’accueil de nombreuses manifestations qui rallient ses 8 500 habitants.

Les Canadiens sont pour la plupart au fait des grands musées et galeries professionnels où est préservé notre patrimoine national. Toutefois, ce qui fait l’objet des expositions dans ces édifices nous semble peu conforme à nos réalités actuelles. Ce qui n’est pas le cas des musées locaux sis dans des petites villes et qui perpétuent la mémoire collective non pas de tout le pays mais de nos villes. Ces petits musées pérennisent l’histoire personnelle de leurs habitants qui ont eux-mêmes contribué à leurs collections en faisant personnellement don des objets exposés.

Située sur les rives de la baie Georgienne et constituée en personne morale en 1875, Penetanguishene est considérée comme la localité la plus ancienne de l’Ontario. Elle possède une riche histoire, fruit de trois cultures fondatrices : celles des Premières nations, de la France et de l’Angleterre. Ses habitants sont dans leur majorité des descendants des premiers pionniers. Le directeur, Pierre L. Moreau, et la conservatrice du musée, Nicole Jackson, sont de réels ambassadeurs de la ville et veillent à la promotion et à la préservation de son passé, tout en conviant leurs concitoyens à célébrer le présent pour mieux forger l’histoire de demain.

Si le soutien financier en provenance des trois ordres de gouvernement contribue à l’acquisition de certains artefacts, il reste que l’intervention d’autres instances assure le succès des musées locaux en Ontario. Ainsi, celle des familles locales reste immense, en l’occurrence celle des propriétaires de la C. Beck Manufacturing Company qui fonctionna de 1875 à 1969 et exerça une influence considérable sur le secteur local et continental du bois de construction et, par extension, sur toute la localité. La famille et la société Beck ont joué un rôle essentiel dans la préservation de l’histoire unique de Penetanguishene en faisant don de leur ancien magasin principal et de leurs bureaux qui abritent le premier musée de notre ville. (La société Beck a été honorée en septembre 2005 d’une plaque provinciale dévoilée par la Fiducie du patrimoine ontarien.)

Autre clé de la réussite de cette petite ville : son association de bénévoles. Depuis 1991, les « Amis du musée » sont parvenus à collecter des centaines de milliers de dollars au profit de notre musée et ont contribué à l’organisation d’événements communautaires annuels. De même, toujours grâce à nos bénévoles, le centre de généalogie de notre musée est l’un des meilleurs de l’Ontario.

De nombreux clubs et organisations tiennent leurs réunions et leurs manifestations dans notre musée. Des expositions spéciales évoquent notre passé, tandis que des événements courants tels que des expositions d’art et des concerts d’été contribuent à la promotion d’artistes et de musiciens francophones et anglophones.

En apportant votre soutien aux musées locaux, vous agirez personnellement au profit de la préservation et de la promotion du passé. C’est cette touche personnelle qui fait du musée un point de rencontre essentiel de la ville et qui apporte une contribution substantielle à son histoire spécifique.