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Les trésors de l’Est de l’Ontario

Statue de Samuel de Champlain, Ottawa (Photo © Tourisme Ontario, 2009)

Les bâtiments et l'architecture, La communauté

Date de publication : févr. 12, 2009

Photo : Statue de Samuel de Champlain, Ottawa (Photo © Tourisme Ontario, 2009)

Territoire élu des peuples autochtones depuis 7 000 ans, l’Est ontarien recèle aujourd’hui un riche patrimoine. La région s’est transformée graduellement, sous l’influence des Français d’abord, puis des Loyalistes de l’Empire-Uni. De ces premiers peuplements sont issus quelques-uns des grands centres commerciaux et culturels de l’Ontario reliés par un réseau de transport et de communications, d’installations militaires et d’institutions politiques. Aujourd’hui encore, le passé unique de la province se révèle ici et là dans les collectivités de l’Est de l’Ontario, leurs traditions et leurs habitants.

L’Est ontarien comprend les terres situées à l’est du comté de Frontenac, y compris les comtés de Hastings, Lanark, Leeds et Grenville, Lennox et Addington, Prescott et Russell, Prince Edward, Renfrew, Stormont, Dundas et Glengarry, ainsi qu’Ottawa. La géographie de la région a joué un rôle important dans le déroulement de son histoire. Au nord, la rivière des Outaouais délimite l’Ontario et le Québec et au sud, le Saint-Laurent forme la frontière naturelle entre le Canada et les États-Unis et, reliant les deux cours d’eau de Kingston à Ottawa, le canal Rideau forme avec eux un réseau de transport et de communications qui a influencé les déplacements et les agglomérations, l’industrie et le commerce, les politiques et la défense de toute la région. Enfin, à l’ouest, la voie navigable Trent-Severn relie la ville de Trenton à la Baie Georgienne. Construite sur une période de 80 ans et destinée à l’origine au transport commercial, la voie navigable est aujourd’hui un des principaux couloirs de plaisance de la province.

Des fouilles archéologiques menées ici et là dans la région révèlent que des peuples autochtones y vivaient de chasse et de pêche, au sein de collectivités complexes établies de longue date. Aujourd’hui encore, les Mohawks d’Akwesasne sont présents de part et d’autre du Saint-Laurent. Leurs ancêtres habitaient ce coin de l’Ontario longtemps avant la colonisation du Canada ou des États-Unis.

Les liens qui unissent les peuples autochtones à l’Est ontarien croisent aussi le patrimoine loyaliste de la province. En effet, lors de la révolution américaine, les Mohawks étaient alliés aux Britanniques. Chassés de leurs territoires ancestraux, ils se réfugièrent alors dans ce qui est aujourd’hui l’État de New York. En compensation de cette perte, la Couronne accorda des terres aux Mohawks et à d’autres peuples déplacés par la révolution. En tant qu’allié mohawk au service de l’armée britannique, le capitaine John Deserontyon choisit des terres situées en bordure de la baie de Quinte. L’arrivée en 1784 d’une vingtaine de familles marque le début de la présence mohawk dans cette région, soit les terres connues aujourd’hui en tant que territoire Tyendinaga Mohawk. La venue des Mohawks dans la baie de Quinte représente un événement historique d’importance nationale.

Dans le comté de Renfrew, des immigrants venus d’Irlande d’abord, puis d’Allemagne et de Pologne, se heurtaient à de nombreuses difficultés, mais leurs efforts ont fait d’un paysage sauvage les terres arables qui forment l’assise de collectivités comme Wilno. © Tourisme Ontario, 2009.

C’est au XVIIe siècle que les Européens commencèrent à explorer la région. En 1610, l’explorateur français Samuel de Champlain envoya son collaborateur Étienne Brûlé vivre parmi les Algonquins ou les Anishinabegs pour en apprendre la langue et en tirer des renseignements. En 1613, Champlain remonta la rivière des Outaouais et d’autres cours d’eau jusqu’aux alentours de Pembroke. Pratiquant la diplomatie auprès des peuples algonquins, il deviendrait plus tard le premier Européen à rédiger une description de la région. Il revint sur la rivière des Outaouais en 1615 et quelque temps après, à la tête d’un groupe de Français et avec l’appui d’un contingent important de Hurons et d’Algonquins, il descendit la rivière Trent pour attaquer un village onondaga situé près de ce qui est aujourd’hui Syracuse.

La présence française en Ontario allait croître jusqu’à la fin du XVIIe siècle, époque à laquelle postes de traite de fourrures et missions se construisaient dans les alentours de Kingston et ailleurs. La chute de la Nouvelle-France marque le déclin de l’influence française, mais la migration de travailleurs québécois dans l’Est ontarien a contribué à la fondation de collectivités francophones dynamiques le long du Saint-Laurent et ailleurs.

Plusieurs plaques provinciales érigées à Kingston et dans les alentours font état du commerce et des colonies établies sous le régime français dans ce qui est aujourd’hui l’Est ontarien. On note particulièrement les plaques du parc de la ville de Kingston et du parc de la Confédération, qui commémorent la fondation du Fort Frontenac et du village de Cataraqui sur l’emplacement de la ville actuelle. À Cornwall, une plaque relate le patrimoine français plus récent en commémorant les nombreux ouvriers et commerçants qui sont à l’origine d’une communauté industrieuse et tenace dans cette ville.

Les premières collectivités des rives du lac Ontario et du Saint-Laurent ont vu le jour à la suite de la révolution américaine de 1783, tandis que les loyalistes britanniques s’établissaient sur l’ensemble de l’Est ontarien. Beaucoup étaient des soldats venus au Canada accompagnés de leur famille, privés maintenant d’un foyer et d’une carrière en temps de paix. Ils vinrent avec le désir de vivre en tant que sujets loyaux, respectueux des lois et institutions de l’Empire britannique.

On trouve dans la région quelques-uns des plus anciens bâtiments de l’Ontario comme, par exemple, la maison Hawley construite à Bath vers 1785 par le capitaine Jeptha Hawley, loyaliste du Vermont; ou la maison Homewood, à Maitland, construite en 1799 pour le docteur Solomon Jones. Une forte influence britannique est également en évidence dans l’architecture et les traditions des collectivités établies par les loyalistes et, plus tard, par les immigrants britanniques. Ainsi, des maçons écossais ont bâti des maisons solides en pierre extraite de carrières de calcaire locales. Des noms de lieux tels que Cornwall, Williamstown, Glengarry, Brockville, Kingston et Bath évoquent le patrimoine britannique de la région.

À mesure que se multipliaient les habitations, il en allait de même d’édifices officiels, parmi lesquels quelques-uns des bâtiments les plus remarquables de l’Ontario. Les églises, telles que la « Blue Church » de Prescott, l’église de Hay Bay au nord d’Adolphustown et, St. Raphaels dans le village du même nom, au nord-est de Cornwall, sont autant de souvenirs tangibles du patrimoine religieux de la province. Les hôtels de ville, comme ceux de Kingston, Smiths Falls et Perth, témoignent de traditions démocratiques et communautaires. Les cours et les prisons des comtés de Brockville, Kingston, Perth et Picton symbolisent la présence de la loi et de la justice. Quant aux édifices et boulevards commerciaux, tels que ceux de Kingston, Perth, Carleton Place, Brockville, Picton et Prescott, ils illustrent la vitalité économique de l’Ontario. Et les centres culturels comme, par exemple, le théâtre Regent de Picton, le grand théâtre et le pavillon Newlands de Kingston, font foi de la richesse du patrimoine artistique de la province.

Un réseau d’installations militaires s’étend tout le long de la frontière, témoin de la défense du Canada pendant la guerre de 1812 et la rébellion de 1837. Aujourd’hui, le fort Wellington de Prescott, les tours Martello et les forts Henry et Frederick de Kingston, ainsi que d’autres structures militaires, évoquent à la fois la guerre et la paix.

Un des ouvrages les plus imposants de la région est certainement le canal Rideau, qui relie Kingston à Ottawa. Cette voie navigable pittoresque traverse de nombreuses localités historiques telles que Smiths Falls, Merrickville, Burritt’s Rapids et Manotick.

Le canal est un produit de la guerre de 1812, époque à laquelle les forces américaines menaçaient de couper l’accès au Saint-Laurent, principale voie de transport et de communications de la province. Le canal fut mis en chantier en 1826 sous la direction de John By, lieutenantcolonel du génie militaire royal. Le gros œuvre reposait sur les efforts de milliers de soldats et d’ouvriers, dont la plupart étaient des immigrants irlandais et écossais. À coups de hache, de pioche et de pelle, ils abattirent les arbres, percèrent la roche et creusèrent la terre pour ouvrir le passage des eaux. C’était un travail pénible, ponctué d’accidents, de conditions effroyables, de conflits collectifs et d’épidémies de choléra et de malaria. On estime qu’un millier d’ouvriers perdirent la vie sur ce chantier. Mais six ans plus tard, le canal déboucha enfin sur Bytown, soit Ottawa, ayant coûté 800 000 livres.

Aujourd’hui, le canal Rideau est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, un lieu historique national et une rivière du patrimoine canadien, sujet de plaques commémoratives provinciales. © Tourisme Ontario, 2009.

Aujourd’hui, le canal Rideau est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, un lieu historique national et une rivière du patrimoine canadien, sujet de plaques commémoratives provinciales. © Tourisme Ontario, 2009.

Au fil des ans, le canal Rideau a joué un rôle important dans l’économie de l’Ontario en facilitant le transport de marchandises et de passagers et, de nos jours, comme destination touristique. L’exploitation forestière, secteur vital de l’économie locale, a été un facteur considérable dans la croissance de la province. Au XIXe siècle, la présence du canal Rideau a permis l’essor de nombreuses entreprises forestières et de scieries, dont les recettes ont contribué à la prospérité et à l’aménagement de cette partie de l’Est de l’Ontario.

De nos jours, le canal Rideau est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, un lieu historique national et une rivière du patrimoine canadien. Plus d’un million de touristes et de plaisanciers s’y rendent chaque année et des plaques commémorent son histoire à Kingston Mills et à Smiths Falls. Divers sites en bordure du Circuit patrimonial du canal Rideau permettent d’explorer tous les aspects de son évolution comme, par exemple, plusieurs écluses historiques et le Musée du canal Rideau, à Smiths Falls.

Vers le milieu du XIXe siècle, une population en pleine croissance commença à coloniser l’intérieur de l’Est ontarien. Pour encourager l’immigration et le peuplement, le gouvernement offrait aux immigrants européens des concessions de terre et des primes. Les terres offertes se répartissaient le long d’un réseau de routes de colonisation telles que la route d’Opeongo dans le comté de Renfrew. Les immigrants dans cette région, d’Irlande d’abord, puis d’Allemagne et de Pologne, se heurtaient à de nombreuses difficultés, mais leurs efforts finirent par faire d’un paysage sauvage les terres arables qui forment l’assise de collectivités comme Wilno, Brudnell et Barry’s Bay. On remarque leur influence dans les maisons et les granges en billots à queue d’aronde et dans les églises et les crucifix en bois qui parsèment le paysage, ainsi que les traces de coutumes traditionnelles de l’Europe de l’Est qui s’observent encore dans certaines localités.

L’Est ontarien est renommé pour ses espaces verts et son patrimoine naturel de grande beauté. On note en particulier le Saint-Laurent, les Mille-Îles et le Circuit patrimonial du canal Rideau, qui s’explorent en canoë, en kayak, à vélo ou à pied, dans un paysage où se succèdent terres agricoles, forêts et lacs. Une des caractéristiques les plus impressionnantes de la région est l’arche de Frontenac, qui appartient à la Réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO. Cette ancienne formation granitique, qui recouvre quelque 2 700 kilomètres carrés (1 042 milles carrés) est située principalement au nord et à l’est de Kingston.

L’Est de l’Ontario est riche d’un patrimoine architectural, culturel et naturel imposant. Ses nombreux sites et plaques historiques relatent l’histoire notable des institutions juridiques, militaires, politiques, sociales et religieuses de cette partie de la province. Grâce aux efforts des organisations patrimoniales et au dévouement de leurs membres à l’échelon local, le passé de la région s’offre à l’observation et à l’interprétation des Ontariens et Ontariennes et de tous ceux et celles qui visitent la province.

Mille-Îlles © Tourisme Ontario, 2009

Photo: Mille-Îlles © Tourisme Ontario, 2009

Le fort Wellington, Prescott. © Tourisme Ontario, 2009

Photo: Le fort Wellington, Prescott. © Tourisme Ontario, 2009