Partager:

Le défi du changement dans le diocèse catholique de Pembroke

Ste Bernadette Church à Bonfield

Photo : Ste Bernadette Church à Bonfield

Par

Bruce Pappin

Les bâtiments et l'architecture

Published Date: sept. 10, 2009

En mai 2006, la paroisse catholique de Ste Bernadette, dans la petite collectivité du Nord de l’Ontario de Bonfield, a célébré le 100e anniversaire de son église. L’achèvement d’un projet de rénovation intérieure de cinq ans qui aura permis l’installation d’un magnifique autel, réplique quasi identique de l’original enlevé pendant les années 1960, figure au chapitre des faits marquants. Le diacre Albert Benoît affirma que la restauration avait « ramené l’église à la vie ». L’autel provient de St.-Louis-de-France Church, près de Chiswick, qui avait été démolie. La réutilisation de cet autel constitua une excellente nouvelle dans une période par ailleurs difficile pour le diocèse de Pembroke et ses fidèles.

En 2006, l’évêque de Pembroke a annoncé la fermeture de 10 églises dans le diocèse, qui couvre une vaste région comprenant principalement des collectivités rurales et des petites villes. Le diocèse s’étend depuis Arnprior jusqu’à la périphérie de North Bay, incluant un certain nombre de collectivités du Québec, et se prolonge vers l’ouest jusqu’à Haliburton et vers le sud au-delà de Bancroft.

À l’inverse de certaines collectivités où la fréquentation des églises est en baisse, les problèmes qui touchent le diocèse de Pembroke s’articulent autour de l’évolution démographique et de la pénurie de prêtres. Il n’est pas évident de nommer un prêtre à une collectivité éloignée qui ne compte qu’une poignée de paroissiens.

Un comité diocésain composé de laïcs et d’ecclésiastiques fit le tour du diocèse, consulta les collectivités au sujet de l’élimination des églises inutilisées, et en rendit compte à l’évêque. Si la décision finale en la matière demeure entre les mains de l’évêque, les vœux des paroissiens locaux revêtent une importance capitale.

St. Gabriel Church à Springtown

Il arrive que les paroissiens eux-mêmes soient les plus fervents partisans d’une démolition. Souvent, la crainte de voir leur église utilisée à des fins inappropriées ne leur laisse pas d’autre choix. Toutefois, le comité a constaté que les opinions varient grandement selon les endroits. Certaines collectivités ne voyaient par exemple aucun problème à ce que leur ancienne église soit utilisée comme garage.

D’autres défis voient le jour. Ainsi, lorsqu’une église doit fermer, la collectivité concernée est souvent devenue trop peu peuplée et économiquement défavorisée pour trouver une utilité à un ancien bâtiment religieux. Il n’existe pas de possibilités de réutilisation comme dans les centres urbains, et laisser un bâtiment abandonné tomber en ruine n’est pas une solution. En règle générale, lorsqu’une église ferme ses portes, la pénurie de ressources se fait sentir depuis déjà plusieurs années et le bâtiment s’est largement détérioré.

Dans certains cas, la valeur patrimoniale évidente d’un bâtiment lui vaut une recommandation en faveur d’efforts énergiques de conservation. Un comité a récemment été constitué pour répondre aux besoins de St. Gabriel Church à Springtown (Greater Madawaska). Bien patrimonial unique, St. Gabriel a fermé ses portes dans les années 1950, et le bâtiment datant de 1854 n’a pas été modifié depuis sa dernière rénovation en 1906.

Toutefois, lorsque la valeur patrimoniale est limitée, qu’il n’existe aucune possibilité de réutilisation viable et que la collectivité s’inquiète de la dégradation du bâtiment et de son histoire dans le cadre d’une utilisation profane, la seule solution réaliste est souvent celle mise en œuvre à Bonfield et à Chiswick, qui consiste à donner une nouvelle vie aux biens mobiliers existants et à disposer respectueusement de l’édifice qui les abrite.