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Sur les traces des Olmsted en Ontario

La Place Fulford vue des jardins Olmsted. Photo : George Fischer

Photo : La Place Fulford vue des jardins Olmsted. Photo : George Fischer

Par

Romas Bubelis

Les bâtiments et l'architecture

Published Date: mai 06, 2010

Un patrimoine d’une richesse insoupçonnée, laissé par les architectes paysagistes Charles et Frederick Olmsted Jr, se manifeste à travers des fragments de paysage dans l’ensemble de l’Ontario. Leur père, Fredrick Law Olmsted Sr, fut le père fondateur de l’architecture paysagère américaine. Il fut le créateur de Central Park à New York, des réseaux de parcs à Chicago et Boston, ainsi que de nombreuses demeures privées. En 1900, ses fils héritèrent de la société et poursuivirent sa prestigieuse expansion aux États-unis et ailleurs. Dans le pays où elle a vu le jour, la société demeure célèbre et on la commémore encore aujourd’hui. Néanmoins, son influence sur l’architecture paysagère ontarienne reste pratiquement inconnue.

L’une des premières réalisations d’Olmsted Sr en Ontario fut le parc Montebello de St. Catharines (1870). Trente ans plus tard, son beau-fils, Charles Olmsted, réalisa l’aménagement paysager de la Place Fulford de Brockville, en créant le jardin de style italien, qui fit l’objet d’un projet de restauration en 2004 par la Fiducie. Les recherches sur le projet Fulford aux archives Olmsted, dans le Massachusetts, ont apporté les premiers indices qui allaient mener à la découverte de 27 autres projets Olmsted en Ontario. Jennifer McGowan, stagiaire en recherche auprès de la Fiducie, a entrepris de rassembler la correspondance et les dessins de conception signés Olmsted, qui mettent en valeur un ensemble de projets d’aménagement pour des parcs, des aires de loisirs, différentes villes et régions, y compris des propositions pour les secteurs riverains de Toronto et de Hamilton, et des plans pour le parc Queen Victoria de Niagara Falls.

Grâce aux adresses originales de clients obtenues à partir de la correspondance des Olmsted, McGowan est partie à la recherche de lieux ontariens dans l’espoir de trouver des caractéristiques paysagères distinctives de ces projets qui remontent au début du XXe siècle. Le feuillet de J.W. Favelle (1901) comprend, par exemple, des plans d’aménagement pour le drainage, les arbustes, les arbres et les portails. La maison Favelle fait désormais partie de la bibliothèque de droit de l’Université de Toronto. Ses colonnes en pierre taillée, construites à partir de grandes briques, munies de grilles en fer forgé, franchissent l’épreuve du temps, de même que les arbres qui sont arrivés à maturité.

On peut aussi explorer les plans détaillés des fondations de Benvenuto Place à Toronto, cette somptueuse résidence qui fut bâtie en 1890 pour S.H. Janes. Bien que la bâtisse ait été démolie il y a longtemps et la propriété sous-divisée, la structure en pierre massive qui maintient les murs le long d’Avenue Road a su résister à l’épreuve du temps. Il en va de même des diverses caractéristiques paysagères intégrées au lotissement environnant. La société Olmsted réalisa un travail majeur pour J.B. McLean, d’une part, pour sa résidence torontoise et, d’autre part, pour l’église familiale, le presbytère et la ferme situés dans le hameau de Crieff, à proximité de la municipalité actuelle de Cambridge. Les traits caractéristiques des plans de 1928, qui allaient des plantations du cimetière au reboisement, en passant par l’aménagement du parc, sont encore visibles dans le paysage forestier d’aujourd’hui.

On peut soutenir que la plus grande influence des Olmsted était la formation offerte aux jeunes professionnels chargés de la supervision de projets locaux. D’anciens associés des Olmsted, comme, notamment, Frederick G. Todd, Gordon Culham et Thomas Adams, ont posé les fondements de l’architecture paysagère au Canada, en mettant au point des pratiques pionnières lors de l’émergence de la profession en Ontario.

À l’aide d’une recherche archivistique qui s’appuie sur un travail d’investigation sur le terrain et sur une documentation minutieuse, on a franchi une première étape dont le but n’est autre que d’identifier cet aspect important et fort méconnu du patrimoine ontarien.