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Images du passé

Maison George Brown

Photo : Maison George Brown

George Brown, fondateur du journal The Globe, militant anti-esclavagiste et l’un des pères de la Confédération

Photo : George Brown, fondateur du journal The Globe, militant anti-esclavagiste et l’un des pères de la Confédération

Par

Gordon Pim

Les bâtiments et l'architecture

Published Date: févr. 16, 2006

Un flash de phosphore. Une odeur de fumée. Et l’image est dans la boîte. Cela fait plus de 150 ans que les photographies relatent nos vies, et recueillent ainsi l’un des témoignages les plus durables de notre passé.

Le fait de regarder une pile de photographies anciennes revêt un caractère incroyablement nostalgique, voire même mélancolique – qu’il s’agisse de photos gondolées ou de portraits encadrés réalisés en studio. Même si les personnes nous sont inconnues, leurs yeux … leur façon de se tenir… leur tenue vestimentaire nous racontent une histoire. Un regard prudent ou hautain, un geste raide ou embarrassé, une pose floue – chaque mouvement met en évidence une facette remarquable de ces personnes qui appartiennent désormais à notre passé.

La Fiducie du patrimoine canadien, à travers ses collections abondantes et variées, nous conte de nombreuses histoires appartenant au passé de la province. Les photographies nous apportent également la preuve de l’existence de certaines personnes qui, dans certains cas, ne nous sont connues que par l’intermédiaire de livres. Tel est le cas de George Brown, fondateur du journal The Globe, militant anti-esclavagiste et l’un des pères de la Confédération.

George Brown (1818-1880) est né et a grandi en Écosse. Malgré de très bons résultats universitaires, il intègre l’entreprise de commerce en gros de son père. Il adopte très rapidement le libéralisme ardent de sa famille et manifeste un penchant réformiste et progressiste. De par son fort passé presbytérien, M. Brown ambitionne également de faire bouger les choses au niveau mondial. Issu d’une famille nombreuse, M. Brown parle rapidement avec autorité et s’intéresse énormément à l’art oratoire. Une crise financière à Londres, conjuguée à des pertes commerciales d’ordre personnel placent la famille Brown en difficulté. Celle-ci décide alors d’émigrer en Amérique.

George et son père débarquent à New York en avril 1837. George vient tout juste d’avoir 18 ans. Sa mère et sa fratrie sont restés à Édimbourg et ne le rejoindront que l’année suivante. C’est à ce moment-là que George et son père commencent à écrire pour un journal local avant de lancerle leur avec succès. Interpellés parla récente unification du Haut et du Bas-Canada et par les événements ayant frappé l’église d’Écosse à Édimbourg, les Brown décident rapidement de venir s’établir au Canada. Ils déménagent donc à Toronto en 1843.

Après avoir fondé The Globe en 1844 grâce au soutien financier d’amis réformateurs, M. Brown se trouve de plus en plus impliqué au niveau politique. Il entre au parlement en 1851 et gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir le leader du puissant parti réformateur – ou libéral – du Haut-Canada. Il joue également un rôle central au sein du mouvement abolitionniste, et cofonde la Société anti-esclavagiste du Canada en 1851.

Durant cette période particulièrement mouvementée, la santé de M. Brown se détériore et il décide, en 1862, de se rendre en Grande-Bretagne afin d’y prendre un repos bien mérité. C’est à cette occasion que M. Brown rencontre Anne Nelson, une femme intelligente et raffinée dont il tombe éperdument amoureux. Le couple se marie en novembre après s’être fréquenté pendant quelque temps.

De retour à Toronto, M. Brown est prêt à affronter les pressions politiques toujours plus fortes et les consultations qui finiront par aboutir à la création de la Confédération canadienne. L’Acte de l’Amérique du Nord britannique est adopté en mars 1867 à Londres (Angleterre), une loi dont M. Brown a lui-même rédigé un grand nombre de résolutions. Une modification de la scène politique et des intérêts commerciaux contradictoires – ainsi qu’une volonté profonde de se dévouer à sa famille grandissante – amènent alors M. Brown à s’éloigner de la scène politique. Il reste cependant actif au sein du parti libéral, aussi bien sur le plan personnel que par le biais de son journal. En 1874, M. Brown est nommé sénateur.

À partir de 1875, M. Brown passe de plus en plus de temps entre sa maison, située sur la rue Baldwin à Toronto, et sa propriété de Bow Park, près de Brantford. C’est là que le fils d’un voisin – Alexander Graham Bell – invite M. Brown à former un partenariat afin de lancer la « télégraphie du son » que M. Bell a mise au point. M. Brown est cependant dissuadé de se joindre à ce projet commercial.

Le 25 mars 1880, dans les locaux du journal The Globe, un employé qui avait été licencié pour ivrognerie tire un coup de feu sur M. Brown et le blesse à la jambe. La blessure s’infecte et M. Brown finit par en mourir le 9 mai, entouré de sa famille, dans sa maison de Toronto (Lambton Lodge). Il avait 61 ans.

En dépit de ses nombreuses réalisations, M. Brown fit toujours preuve de modestie et demeura dévoué envers sa famille. Le fait qu’il ait décliné le poste de lieutenant-gouverneur en 1874 et qu’il ait refusé d’être fait chevalier en 1879 lui ont donné ses lettres de noblesse. Après sa mort, Anne Brown et ses enfants sont retournés en Écosse. Lambton Lodge a été reconverti à plusieurs reprises au fil des ans, devenant successivement une résidence privée puis une école destinée aux aveugles. La bâtisse a été décrétée lieu historique national en 1976. En 1989, la Fiducie du patrimoine ontarien a restauré la maison George Brown et a rouvert ses portes en tant que centre de conférences et de bureaux. Parcs Canada a recréé la bibliothèque victorienne dans la maison. Celle-ci comporte 2 000 livres issus de la collection personnelle de George Brown.

De nombreuses réalisations de George Brown lui ont survécu. Heureusement, nous avons également pu conserver plusieurs clichés de lui. La façon dont il se tient devant la lentille de l’appareil photo vous donne immédiatement une meilleure idée de l’homme qu’il était.

Les collections de la Fiducie du patrimoine canadien comprennent plus de 20 000 artéfacts à caractère culturel, parmi lesquels figurent des photographies, des meubles et de la porcelaine. Ces photographies de George Brown et de sa femme font partie de notre riche patrimoine photographique. Des estampes aux daguerréotypes, en passant par l’albumine et les ferrotypes, c’est toute une période du passé de l’Ontario qui a été photographiée et préservée pour notre plus grand plaisir collectif.
C’est durant des vacances en Angleterre que M. Brown rencontre Anne Nelson, une femme intelligente et raffinée dont il tombe éperdument amoureux. Le couple se marie en novembre après s’être fréquenté pendant quelque temps.

Photo: C’est durant des vacances en Angleterre que M. Brown rencontre Anne Nelson, une femme intelligente et raffinée dont il tombe éperdument amoureux. Le couple se marie en novembre après s’être fréquenté pendant quelque temps.

George Brown (Photo : Bibliothèque de référence du Toronto métropolitain T30672)

Photo: George Brown (Photo : Bibliothèque de référence du Toronto métropolitain T30672)