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Le patrimoine dans le domaine public : L’ancien fait peau neuve

Hôtel de ville de Cambridge

Par

Thomas Wicks

Les bâtiments et l'architecture, Réutilisation adaptative

Date de publication :31 mai 2011

Photo : Hôtel de ville de Cambridge

L’Ontario est en pleine croissance démographique. Les municipalités de la province ne cessent de croître, tout comme le besoin de revitaliser les installations municipales existantes pour qu’elles puissent abriter de nouveaux services et s’y adapter. Des exemples récents montrent que grâce à une conception avisée et à des investissements appropriés, les structures patrimoniales peuvent être adaptées et préservées, tout en répondant aux besoins des collectivités en pleine expansion qu’elles desservent.

Intégrer une structure patrimoniale et un établissement institutionnel moderne présente certaines difficultés, mais s’avère aussi très gratifiant. C’est l’occasion d’allier conception moderne et conservation de structures existantes au sein d’un projet unique et multidimensionnel. La Fiducie du patrimoine ontarien est en mesure de participer directement à ces projets et de donner des renseignements sur les pratiques exemplaires en matière de conservation quand les propriétés sous servitude patrimoniale font l’objet de dépenses en immobilisations de grande ampleur, de façon à garantir que la conservation patrimoniale reste au cœur du projet de revitalisation.

Certaines propriétés essentielles pour le patrimoine provincial ont récemment reçu des fonds pour leur restructuration. Ces projets démontrent que les édifices patrimoniaux peuvent être adaptés grâce à une conception soigneuse et à des interventions pertinentes. Ils révèlent également la nature cyclique de la préservation architecturale, qui nécessite de nouvelles dépenses d’investissement tous les 20 à 30 ans.

Palais de justice du comté de Milton

Le palais de justice du comté de Milton a pu intégrer des constructions patrimoniales (palais de justice et murs de la prison) au sein d’un complexe municipal moderne dont l’architecture s’inspire de la structure en calcaire de 1855. Le résultat est un site proposant des services améliorés et une nouvelle structure qui se distingue de l’édifice patrimonial d’origine tout en lui restant fidèle. Relié à l’ancien bâtiment par une passerelle de verre, le nouvel édifice présente des volumes qui font écho à ceux du bâtiment du XIXe siècle.

À Guelph, l’hôtel de ville conçu par l’architecte William Thomas et construit en 1856 a été restructuré selon des principes similaires. Alliance d’architecture moderne et ancienne, il comporte une extension reposant sur des murs datant du XIXe siècle, intégrés à une structure considérablement modifiée au niveau de l’aile ouest de l’hôtel de ville. Reliés par des passages ménagés dans les murs de pierre existants, les volumes du nouvel édifice reprennent la « griffe architecturale » de la structure au style italianisant de William Thomas, et s’y intègrent harmonieusement tout en lui conférant un cachet contemporain.

L’agrandissement de l’hôtel de ville de Cambridge correspond aux besoins d’une municipalité en pleine expansion, tout en s’ingéniant à faire le lien entre l’époque moderne et la structure de 1858, qui a fait l’objet de nombreux travaux de conservation. Situé en retrait pour ménager davantage d’espace public autour du nouveau bâtiment et conserver le caractère « autonome » de la structure patrimoniale, le nouvel hôtel de ville montre de nouveau qu’il est possible de respecter le schéma du bâtiment d’origine en ce qui concerne les lignes, les volumes et les matières sans pour autant étouffer l’expressivité de l’architecture moderne.

Ces projets ne se contentent pas de prouver que les édifices patrimoniaux ont besoin d’être adaptés à un contexte en pleine évolution : ils démontrent qu’ils n’attendent que cela. Si l’on prête une attention soutenue aux détails tout en adoptant une approche holistique en matière de contexte, il est possible de faire des investissements en immobilisations qui ne sont pas uniquement l’occasion de bâtir de nouveaux édifices, mais qui permettent aussi de réhabiliter les ressources patrimoniales locales et d’instiller un sentiment d’appartenance locale.