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Université Trent – sous le microscope moderniste

Université Trent, Peterborough

Photo : Université Trent, Peterborough

Par

Larry Wayne Richards

Les bâtiments et l'architecture

Published Date: mai 19, 2005

Dans tout le monde développé, on prête attention au patrimoine architectural de l’ère moderne. Des organismes comme le Centre pour le patrimoine mondial de l’UNESCO, le Conseil international des monuments et des sites (CIMS) et le groupe de travail du Documentation and Conservation of buildings, sites and neighbourhoods of the Modern Movement (DOCOMOMO) sont en train de cerner les problèmes vitaux et de concevoir des cadres conceptuels pour le patrimoine moderne. Par ailleurs, que ce soit au niveau national ou international, des bases de données, des programmes de sensibilisation du public et des dossiers de candidature sont organisés. Dans ce contexte, des défis complexes voient le jour en Ontario.

Pour de nombreuses personnes, le Mouvement moderniste, qui est issu du mouvement de modernisation massive de la vie au 20e siècle et qui l’illustre, est toujours tellement nouveau qu’on manque de perspective à propos des grandes réalisations de la période et qu’on ne réalise pas leur importance. Pour juger de l’importance, il faut avoir assez de recul. Même les organismes les plus sophistiqués ont du mal à tenir compte du 20e siècle. En mai 2003, la Liste du patrimoine mondial incluait 730 propriétés et sites, mais seulement 12 à caractère moderne.

L’intérêt pour la préservation et la célébration du patrimoine architectural de la période moderne en Ontario s’est aussi manifesté lentement. Cependant, on est finalement en train de reconnaître des projets importants à Toronto comme l’hôtel de ville et le Centre Toronto-Dominion. À l’extérieur de Toronto, il existe néanmoins des bâtiments modernistes exceptionnels qui attendent qu’on leur accorde la reconnaissance, la documentation et la préservation qu’ils méritent, y compris l’Université Trent, une combinaison remarquable d’architecture et d’aménagement paysager à Peterborough.

Conçus par Ron Thom, en 1964, les bâtiments d’époque de l’Université Trent représentent une des grandes œuvres architecturales au Canada, un trésor national et provincial qui mérite d’être pleinement reconnu pour son importance artistique et culturelle.

M. Thom était aussi connu sous le nom de « Frank Lloyd Thom » (comme dans Frank Lloyd Wright). Il est devenu célèbre dans les années 1960 lorsqu’il a conçu le collège Massey de l’Université de Toronto. La critique Adele Freedman explique dans son ouvrage intitulé Sight Lines que M. Thom avait un sens intuitif de l’ancrage d’une structure sur son site et que, selon lui, « le bâtiment doit faire l’amour au site ». Cependant, à Trent, cet amour n'a pas toujours perduré au cours des décennies d’expansion du campus qui suivirent l’ère Thom. Sans désignation appropriée, le patrimoine architectural de l’Université Trent continue de ne pas être vraiment protégé et de ne pas disposer de lignes directrices strictes de préservation ou d’aménagement futur.

La présidente de l’Université Trent, Bonnie Patterson, reconnaît la valeur culturelle et institutionnelle exceptionnelle de l’architecture moderniste unique de l’université. Par ailleurs, les études de marché révèlent que l’ensemble caractéristique de bâtiments de l’université et son aménagement paysager sont les aspects qui entrent en troisième place dans la décision des étudiants de s’inscrire dans cette université. « Nous sommes arrivés au stade où l’on va commencer à s’intéresser à la désignation », a déclaré Mme Patterson. « Il est souhaitable que nous préservions notre patrimoine. »

Elle veut examiner les modèles de préservation des universités qui existent ailleurs et a demandé l’aide de toute une série d’organismes externes. La conférence de DOCOMOMO, intitulée : « Conserving the Modern in Canada: Buildings, Ensembles and Sites, 1945-2005 » (Conservation du moderne au Canada : bâtiments, ensembles et sites, 1945-2005), qui a eu lieu du 5 au 8 mai 2005, a suscité son enthousiasme.

On a l’impression que Mme Patterson est heureuse que l’Université Trent soit examinée sous le microscope moderniste. Récemment, cet établissement s’est posé la question suivante : « Qu’est-ce qui devrait caractériser l’université en 2010? ». Il va sans dire qu’une des réponses devrait être la protection énergique et la célébration de l’étonnant patrimoine moderniste de l’Université Trent.