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Construire de la valeur

Matériaux de construction traditionnels (Maison McMartin, Perth)

Photo : Matériaux de construction traditionnels (Maison McMartin, Perth)

Matériaux de construction contemporains (Seagrams)

Photo : Matériaux de construction contemporains (Seagrams)

Par

Romas Bubelis

Les bâtiments et l'architecture, L'environnement

Published Date: nov. 15, 2007

Qu’est-ce qui est le plus viable écologiquement : un arbre de Noël artificiel ou un arbre véritable? C’est la devinette préférée des environnementalistes et elle illustre le paradoxe des matériaux de construction « durables ».

L’utilisation de matériaux de construction naturels amoindrit une ressource tangible. Mais la production de matériaux de substitution synthétiques consomme un éventail encore plus étendu de ressources énergétiques. À une extrémité du spectre se trouvent des matériaux comme le bois. Le bois d’œuvre est une ressource renouvelable, tout comme les matériaux comme la pierre extraite des carrières locales et la brique, qui nécessitent peu d’énergie à produire.

Ce n’est par hasard s’il s’agit des matériaux à faible coût énergétique utilisés dans la construction traditionnelle. Mais leur utilisation dans l’architecture contemporaine est en déclin alors que les matériaux à haut coût énergétique tels que le vinyle, le verre et l’aluminium sont en progression.

La production de nouveaux matériaux de construction innovants au plan technologique nécessite une quantité massive d’énergie. La plupart sont des matériaux composites, souvent transportés sur de longues distances entre le lieu d’extraction du matériau, le lieu de transformation et le lieu d’utilisation. Une unité de brique nécessite deux fois plus d’énergie à produire que l’unité équivalente de pierre naturelle locale. Une unité donnée de verre nécessite six fois la quantité d’énergie nécessaire pour un volume équivalent de brique. La fabrication d’aluminium nécessite un approvisionnement en minerai bauxitique, une fonderie et des quantités phénoménales d’électricité. Au final, la production d’une unité d’aluminium consomme 900 fois l’énergie nécessaire à la production de la quantité équivalente de bois d’œuvre.

À l’ère de la viabilité, on estime que tout matériau a une « énergie intrinsèque ». Ce concept est utilisé pour mesurer la véritable « valeur énergétique » d’un matériau de construction ou d’un assemblage au cours de sa durée de vie.

C’est la somme totale d’énergie nécessaire pour créer et conserver un assemblage et le concept prend en compte un cycle de vie complet d’activités consommatrices d’énergie : l’extraction des matières premières, le transport, la fabrication, l’assemblage et la construction, ce qu’on désigne collectivement par « énergie intrinsèque initiale »; l’entretien cyclique, la restauration et la réparation, que l’on appelle « énergie intrinsèque récurrente »; et, finalement, l’énergie dépensée pour désassembler, démolir et recycler ou détruire les matériaux de construction dont on n’a plus besoin. Le concept d’énergie intrinsèque est aussi complexe que global : il considère l’énergie utilisée pour créer un matériau, mais également l’énergie accumulée qui est perdue lorsque, des années plus tard, ce matériau finit à la décharge.

Les activités d’entretien et de restauration ajoutent une certaine valeur d’énergie intrinsèque sans consommer de ressources naturelles supplémentaires. Elles prolongent la durée de vie des bâtiments et réduisent le volume des décharges ainsi que la consommation de ressources pour la production de matériaux de remplacement. Les matériaux les plus durables sont ceux dont la production a nécessité peu d’énergie et qui, grâce à la maintenance et l’entretien, servent pendant des dizaines d’années. Dans le domaine de la conservation du patrimoine architectural, comme dans celui de la viabilité écologique, il vaut beaucoup mieux conserver et réparer plutôt que de remplacer. Le bâtiment le plus écologique est celui qui existe déjà.