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Aventures en lumière et en couleur

Ce vitrail, ornant St. John the Evangelist à South Cayuga, est une reproduction du tableau Light of the World

Photo : Ce vitrail, ornant St. John the Evangelist à South Cayuga, est une reproduction du tableau Light of the World

Par

John Wilcox

Les bâtiments et l'architecture, Les arts et la créativité, Les objets culturels

Published Date: sept. 10, 2009

La lumière est un aspect fondamental de toute l’architecture, surtout dans les lieux de culte. La lumière a toujours été considérée comme une manifestation de l’esprit, apportant conseil, confort, nourriture et clarté. De toutes les réalisations de la civilisation en matière de vitrage, il n’existe nul environnement plus inspirant que celui créé par les rayons du soleil filtrant à travers la brillance polychromatique du vitrail.

La magnificence du vitrail est la réponse apportée par le maître-verrier et l’artiste médiéval aux ouvertures toujours plus larges créées par les réalisations architecturales du Gothique français du début du XIIe siècle. Les vitraux d’art, qui continuent à d’être façonnés aujourd’hui, sont la culmination de siècles entiers d’expérimentation. Et pourtant, nous fabriquons toujours les vitres des lieux de culte peu ou prou comme le faisaient nos ancêtres jadis, en soufflant sur le bout d’une canne. Différents oxydes métalliques réagissent avec un mélange vitrifiable en fusion pour créer plusieurs couleurs. L’ajout de sélénium permet d’obtenir du jaune et de l’or, un rouge rubis brillant, le cobalt étant, quant à lui, le principal ingrédient du célèbre bleu de Chartres si lumineux. On peut ajouter du manganèse et, contre toute attente, du plomb pour clarifier le mélange vitrifiable et fabriquer du verre transparent. Le fer donne la nuance vert turquoise du verre flotté moderne.

Les feuilles de verre coloré sont découpées à la bonne taille et la bonne forme avant d’être peintes et cuites pour obtenir un effet permanent. La peinture intensifie la couleur et la forme du verre, modelant sa forme et créant des scènes figuratives. Les petits morceaux de verre multicolore peint sont ensuite assemblés dans des verges (languettes), soudés et rendus étanches. Le processus a également peu évolué au fil des siècles.

Les tout premiers vitraux ecclésiastiques de l’Ontario sont en verre transparent, probablement du verre soufflé en couronne anglais, comme celui que l’on trouve à Sharon Temple (1825-1831) et à Old Stone Church (1840-1853) à Thorah, près de Beaverton. Ce verre, déjà découpé à la bonne dimension, était expédié par bateau depuis l’Angleterre dans des barils de mélasse afin qu’il arrive à destination intact. Le verre coloré commença à arriver peu de temps après. À l’aide des matériaux sous la main, les premiers vitraux furent assemblés dans des petits-bois (languettes). Entre autres exemples, citons les magnifiques vitraux de la chapelle du couvent Our Lady of the Sacred Heart Convent, à Ottawa (1887), conçus par Georges Bouillon et érigés de nouveau au Musée des beaux-arts du Canada en 1988.

La plupart des vitraux ecclésiastiques de l’Ontario du XIXe et du début du XXe siècle ne sont pas des œuvres originales, mais, pour beaucoup, des répliques de tableaux célèbres. L’un des tableaux le plus souvent reproduit en vitrail est le chef-d’œuvre préraphaélite Light of the World, de Holman Hunt (1851) – un thème approprié pour un médium si dépendant de la lumière. Le tableau originel a récemment été exposé au Musée des beaux-arts de l’Ontario.